Placoplatre explique avoir reçu le vendredi 10 février, des services de la préfecture du Val-d’Oise, l’arrêté préfectoral autorisant l’extension de la carrière de gypse souterraine sous la Butte de Cormeilles-en-Parisis.
Les ressources en gypse de la carrière à ciel ouvert de Cormeilles-en-Parisis étant quasi épuisées, Placoplatre, filiale de Saint-Gobain, avait demandé à l’État à poursuivre son activité. L’autorisation d’exploiter, pour trente ans encore, en souterrain cette fois, avait été déposée en mai dernier. Le dossier de plusieurs tomes, a fait l’objet d’une enquête publique, jusqu’au 2 juin, dans plusieurs mairies.
Entre 40 et 80 mètres de profondeur, sur 160 hectares
L’extension est prévue entre 40 et 80 mètres de profondeur dans les buttes boisées du Parisis, à côté de la carrière à ciel ouvert, sur les communes de Cormeilles, Franconville, Montigny et Argenteuil, sur 160 hectares.
Ces terrains font partie du périmètre régional d’intervention foncière de l’Agence des espaces verts de la Région.
L’extraction se ferait par explosifs (tirs de mines), ou abattage mécanique, selon la proximité des habitations et des équipements de surface (fort de Cormeilles, stade Gaston-Frémont, école, habitations, centre de loisirs ou centre équestre, parc Schlumberger). L’exploitation se fera par la technique dite des chambres et des piliers, pour garantir en surface la sécurité des “vides”.
Le site boisé des Buttes du Parisis,est très fréquenté par le public, comme en forêt de Montmorency, où Placoplatre exploite également en souterrain. Le public pourra naturellement continuer à le fréquenter.
Des riverains très inquiets qui devraient faire un recours
Mais ce projet, qui a désormais le feu vert de l’État, inquiète les riverains, qui avaient créé une association, l’association intercommunale de défense de la butte du Parisis. Plusieurs pétitions avaient été lancées, dont une relative à la protection du fort de Cormeilles-en-Parisis.
Selon les mécontents, l’extraction souterraine risque de provoquer, en raison notamment des tirs de mines, des «affaissements de terrain» et même «l’effondrement de certaines parties de notre fort». Ils évoquent aussi les nuisances sonores liées aux explosions de mines, le trafic augmenté de camions, l’impact sur les habitations environnantes, sur le sous-sol et sur la nappe phréatique…
Mais Placoplatre se veut rassurant. «Il n’y aura aucune exploitation sous les infrastructures et secteurs d’habitation de Cormeilles. Une distance de recul réglementaire est appliquée par rapport à toute habitation», explique Gilles Bouchet, responsable du développement carrières chez Placoplatre, qui assure que «l’exploitation se fera sans aucune interaction avec la surface».
L’Aidp avait annoncé attendre la décision de la préfecture et être prête à exercer un recours en justice en cas de feu vert.
Le dossier prévoit que la roche soit concassée et transportée par camion vers l’usine sur le site de la carrière, et les vides souterrains seront remblayés par des déchets inertes venant du Btp.
Le projet prévoit le remblaiement de la carrière souterraine jusqu’en 2046 et un nouvel accès pour les camions, au nord du site. Placoplatre veut continuer à extraire chaque année la même quantité qu’aujourd’hui, à savoir 350000 tonnes par an.
Cela représente 10% de la production nationale et 60% des exportations de gypse français dans le monde. Sur les 113 hectares de l’emprise actuelle à ciel ouvert, 65 hectares ont été remis en état. 40 hectares d’espaces verts seront ouverts au public en 2017. L’exploitant doit remettre la Butte de Cormeilles «au plus proche de l’état initial». La date prévue au départ à 2029 a été repoussée à 2036.
Concernant le remblaiement, qui est un autre sujet de discorde, l’arrêté préfectoral de 1999 prévoyait le remblaiement de la carrière à ciel ouvert et sa remise en état en 2029. Mais dans le cadre de son nouveau projet, Placoplatre propose de limiter les volumes et donc le nombre de camions et d’étaler dans le temps le remblaiement, qui s’achèverait en 2036 pour la carrière aérienne. Le remblaiement de la carrière souterraine s’achèverait en 2046. Reste la création d’un accès nord à définir pour une sortie par la Rd122 et l’A15.
L’arrêté de 1999 prévoyait une accélération des volumes de remblai jusqu’en 2029. De 124 camions par jour, entrant et sortant, à 325 camions à l’horizon 2020, soit 650 passages aller-retour. L’accès se fait actuellement uniquement par le sud (Cormeilles, Argenteuil). La prorogation de l’arrêté de 1999 “va permettre d’étaler dans le temps le flux des camions”, lit-on dans le dossier. Soit 250 camions par jour. Dont 40% passeront par le nord (Franconville).Cela représentera 100 camions par jour (100 à l’aller, 100 au retour) : la perspective effraie les élus franconvillois, qui craignent pour la circulation sur la RD122. Une nouvelle bretelle doit être créée sur l’A15 pour éviter une traversée urbaine. Ce dossier a longtemps fait du surplace. Aujourd’hui, il serait prêt à voir le jour.