Les migrants se délesteront de leurs maigres bagages en avril. Jeudi 2 février, le conseil municipal saint-ouennais a adopté à la majorité (six voix contre, deux abstentions) l’aménagement d’un centre d’hébergement d’urgence pour 130 migrants, exclusivement des hommes originaires du Soudan, d’Afghanistan, du Pakistan et d’Érythrée. Un projet qui répond à la demande de la préfecture du Val-d’Oise en quête de structures pour assurer la mise à l’abri des migrants échoués dans les campements de fortune parisiens.
Installé sur un terrain de Liesse II promis à l’urbanisation, le centre d’hébergement devrait être opé- rationnel à la mi-avril. Après dépôt du permis de construire et préparation du site qui sera habillé de modulaires démontables en béton cellulaire posés sur une dalle. Tous les travaux et le fonctionnement du centre seront à la charge de l’État.
« Tout ce vous dites est faux »
En début de séance, l’association des riverains de Liesse est intervenue pour dire tout le mal qu’elle pense de ce projet. Et exiger le report du vote, le temps de mener toutes les études nécessaires « en dehors de toute précipitation ». Pollution des sols et conséquences sanitaires sur les occupants du centre, impact sur le quartier en terme de sécurité, d’activités économiques et de perspective de développement de Liesse II ou encore durée d’hébergement floue, l’association a, par la voix de son porte-parole Pascal Perrot, rué dans les brancards. S’exposant au courroux d’Alain Richard, sénateur-maire Ps de Saint-Ouen-l’Aumône. « Arrê- tez de raconter des histoires, c’est du mensonge volontaire, vous vous comportez comme un escroc. Tout ce que vous dites est faux », a lâché l’élu. Avant de répondre point par point aux attaques de l’association. « La pollution est superficielle comme elle l’était sur les terrains de Liesse I. Les terres polluées ne seront pas excavées, un isolement sera créé avec une couche de grave puis une couche d’enrobé qui permettra d’éviter tout contact entre les terres polluées et les occupants ».
L’élu a ensuite assuré que le projet n’aurait pas « d’effet perturbateur » sur l’urbanisation de Liesse II et que la sécurité des lieux serait assurée. « Lorsque c’est géré de manière soignée, il n’y a pas d’effet négatif sur la sécurité du quartier ». En vertu de la convention tripartite signée entre la Ville, la préfecture du Val-d’Oise et l’association Adoma, qui encadrera sur place les migrants, l’hébergement sera régi par un règlement intérieur strict. Filtrage des entrées et des sorties, carte d’accès et surveillance permanente par deux agents de sécurité sont annoncés.
Mais Alain Richard n’a pas de crainte. « Ce ne sont pas les migrants économiques de Calais. Ce sont des migrants en attente d’un statut de réfugiés (politiques : Ndlr), ils ont tout intérêt à être le plus en conformité avec les règles et à bien se tenir s’ils veulent obtenir le droit d’asile». Sur la durée d’hébergement, le maire a également été clair. La convention adoptée jeudi dernier prévoit une période d’hébergement d’un an, voire de deux ans en cas de prolongation. « Ça devra dans ce cas faire l’objet d’un nouveau vote », a confié l’ancien ministre de la Défense. Enfin, un mur séparera le centre d’hébergement des migrants du camp de gitans voisin. « Ils ont demandé un mur. Il se trouve que j’avais eu l’idée avant, quand j’ai vu leur réaction. Pour que ça se passe correctement, il fallait une vraie séparation ».