
« Vous signez notre arrêt de mort ! » La réunion publique organisée, samedi 28 janvier à Montigny, par l’association intercommunale de défense de la butte du Parisis (Aidbp), contre l’exploitation souterraine du gypse, était agitée. Elle a attiré quatre-vingts personnes. Et ils n’ont pas manqué d’interpeller les représentants de la société Placoplatre, exploitant de la carrière. À ciel ouvert sur Cormeilles-en-Parisis, celle-ci arrive en fin d’exploitation. Elle va désormais s’étendre en souterrain, dans la butte, sous les communes de Franconville, Sannois, Argenteuil et Montigny.
« Alors que l’exploitation de la carrière devait se terminer en 2022 avec le remblai de la carrière à ciel ouvert de Cormeilles, on en reprend pour 30 ans », s’indigne Myriam Denis-Ledru, présidente d’Aidbp. Mais cette fois-ci en souterrain, avec l’exploitation du gypse sur 160 hectares. Et cela a déjà commencé avec 4 hectares.
Tirs de mines
Pour extraire le gypse, Placoplatre va effectuer des tirs de mines. Cinq par jour, en soirée. « Que va-t-il se passer si les maisons s’effondrent avec leurs propriétaires dedans ? » s’interroge la présidente. « Qui nous assure que vous n’allez pas creuser sous nos maisons ? ». Habitations invendables et fragilisation des fondations, Edmond, résident à Montigny, connaît déjà le problème. En 2011, un fontis de 10 m de profondeur s’est formé dans son jardin.
Plus de camions, plus de pollution !
Certains habitants craignent même « une explosion » du pipeline, dont les canaux d’alimentation de Roissy en kérosène passent au niveau des nouveaux tunnels d’accès à la carrière souterraine. Placoplatre affirme que les normes seront respectées, avec l’arrêt des travaux à 50 mètres des habitations. La société promet également le remblai de la carrière souterraine sur les 12,50m de hauteur, et l’installation de portiques pour détecter des traces de matériaux dangereux. L’information affirmant que ces matériaux proviendraient du site de Vaujours (93), est démentie par Placoplatre.
Remblais
« La carrière à ciel ouvert de Cormeilles-en-Parisis sera progressivement remblayée par l’apport de 13,5 millions de m3 de terres extérieures, issues de chantiers environnants de terrassement ainsi que de celui du futur métro du Grand Paris, assure l’entreprise. Conformément aux procédures propres aux sites industriels, tout remblai arrivant sur la carrière fait l’objet d’un accord préalable, de contrôles de qualité (visuels, olfactifs, chimiques, portiques de détection radiologique) mais également de vérifications en amont sur les chantiers. Placoplatre assure par ailleurs la traçabilité des remblais. Par ailleurs, Placoplatre rappelle, que l’arrêté inter-préfectoral des préfets de Seine-Saint-Denis et de Seine-et-Marne du 22 septembre 2005 interdit strictement toute sortie de terres du site du Fort de Vaujours. Aucune terre n’a par conséquent jamais été transférée du site de Vaujours vers le site de Cormeilles sachant qu’il n’y a aucune carrière en exploitation sur le site du Fort de Vaujours. »
« Sur la butte, il y a des établissements d’accueil d’enfants et de personnes handicapées. Nous sommes dans une zone urbaine habitée, ce n’est pas l’endroit pour un tel projet », s’énerve Myriam Denis-Ledru, pour laquelle le chantage à l’emploi ne passe pas. « Et puis, il y le passage des camions. Le chiffre de 248 poids lourds est sous-évalué. »
En pleine alerte pollution, le projet passe mal. Autre problème : les camions vont emprunter la Rd 122, pour rejoindre l’accès nord de la carrière. Une route étroite et en pente, longeant une maison de retraite. « Nous avons prévu le réaménagement de cette route, en l’élargissant et en créant une voie réservée aux camions », explique Gilles Bouchet, le directeur du développement des carrières au sein de la société Placoplatre. Une bretelle pour rejoindre l’A15 verra le jour, au départ du rond-point de l’Ermitage à Franconville. L’association compte entamer une action en justice pour contrer le projet.
Élodie TAILLADE