C’est une déception pour les chercheurs et plus particulièrement les amateurs de généalogie. Les tables décennales, qui sont des listes alphabétiques des actes d’état civil, comportant le nom, les prénoms et la date, que ce soit pour une naissance, un mariage, un décès, ont disparu, pour la période de 1903 à 1932. « Chaque commune a obligation, tous les dix ans, de relever les patronymes des personnes concernées par l’acte, de les classer par ordre alphabétique et de « dresser » la table décennale, en double », explique Marie-Hélène Pelletier, directrice des archives départementales du Val-d’Oise, à Pontoise. « Les archives départementales collectent les tables décennales des communes de moins de deux mille habitants et le double versé au greffe du tribunal de grande instance pour les communes au-delà de deux mille habitants. Il y a ainsi deux exemplaires authentiques, l’un en mairie, l’autre au greffe du tribunal. C’est le double du greffe qui est porté manquant. Nous ne pouvons qu’en prendre acte », déclare la responsable.
Montmorency n’est pas la seule commune concernée par cet incident. La table décennale de Seraincourt, village du Vexin, est aussi manquante au service dépendant du Conseil départemental, qui vient d’annoncer la consultation sur Internet des listes d’actes pour les autres communes du département. Cette nouvelle mise en ligne de tables décennales, complète celles, déjà consultables, pour la période de 1792 à 1902. Comme le préconise la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), les tables des mariages sont accessibles sur Internet à compter d’un délai de 75 ans, celles des décès suivant un délai de 25 ans.
Dommageable
Pour les chercheurs et généalogistes, en l’absence de table décennale en ligne, il reste la possibilité de se rendre en mairie, pour consulter le registre complet d’état civil. « C’est tout de même dommageable pour le chercheur qui ne peut pas engager son investigation directement auprès des archives départementales, désormais en ligne. Il doit maintenant se rendre au service état civil pour consulter la liste. La table décennale est une amorce à la recherche généalogique. Elle permet de retrouver plus rapidement un acte », regrette Michel Comby, vice-président de l’Ahgevo (association historique généalogique et héraldique du Val-d’Oise).
« Soit il n’a pas été tenu de double, soit il a été perdu ! »
Si la perte d’archives reste assez fréquente, les raisons sont souvent obscures. Sur l’absence de table décennale de Montmorency aux archives départementales, un défaut de conservation semble le plus probable. « Nous n’avons pas d’élément sur l’absence de ces pièces d’archives. Soit il n’a pas été tenu de double, soit il a été
perdu ! », suggère comme seule hypothèse, Marie-Hélène Pelletier. Hormis un sinistre par incendie, inondation ou bombardement, mais aussi le vol ou la perte, il n’y a pas d’explication à l’absence d’un tel document.
Que s’est-il passé ?
En 2002, le palais de justice de Pontoise avait été victime d’un incendie, mais les archives n’avaient pas été concernées. Du côté du greffe, on explique que la recherche de traces de tels documents au tribunal prend du temps. « Il faut retrouver les bordereaux de remises. » Ce serait là une preuve que les listes d’état civil ont bien été adressées au palais de justice par la Ville de Montmorency. Après maintes relances auprès du cabinet du maire de Montmorency, nous n’avons pas obtenu de réponse de la part de la commune. La disparition des tables décennales reste un mystère.