« On est contre.» « Ça, je crois l’avoir déjà compris.». À l’image de ce vif échange entre un Saint-Ouennais et le préfet du Val-d’Oise, la réunion publique organisée jeudi 15 décembre n’a pas permis de dissiper le malaise autour de l’hébergement de 130 migrants dans le quartier de Liesse à compter de début 2017. Entre d’un côté la municipalité Ps de Saint-Ouen-l’Aumône et la préfecture et de l’autre une partie de la population saint-ouennaise, le fossé est immense. Et tous les ponts sont coupés.
« Poudrière »
Hostile à l’installation d’un centre d’hébergement pour migrants en attente d’une réponse à leur demande d’asile et l’octroi d’un statut de réfugiés, l’association des riverains de Liesse a une nouvelle fois martelé son opposition. « On ne gratte pas une allumette sur une poudrière. Parce que la sécurité est en cause, ce projet, nous n’en voulons pas, a lâché Pascal Perrot, porte-parole d’une association qui dit craindre « actes de violence, viols et crimes ». Face à eux, Jean-Yves Latournerie, le préfet du Val-d’Oise, a tenté de rassurer, usant de pédagogie. « C’est un devoir d’organiser la mise à l’abri de ces populations. C’est aussi une obligation morale. On ne peut pas les laisser s’entasser à même le trottoir à La Chapelle ou dans les autres campements parisiens ». Le préfet à l’égalité des chances, Thierry Mosimann, a ensuite assuré que le centre d’hébergement, constitué de modulaires démontables, serait installé pour une durée limitée à un an. Deux ans au maximum. « Pour une raison simple, il doit disparaître lors du lancement de la Zac de Liesse 2 ».
Décision en janvier
Encadrés par l’association Adoma, les migrants, des hommes originaires du Soudan, d’Afghanistan, du Pakistan et d’Érythrée, devront respecter un règlement intérieur strict sous peine d’être reconduits à la frontière. Filtrage des entrées et sorties, carte d’accès, et surveillance permanente par deux agents de sécurité sont annoncés. « Il n’y a jamais eu la moindre difficulté à Saint-Prix où la ville organise des matchs de foot avec les migrants. À Montmorency, un seul incident a été relevé (Ndlr : un migrant aviné s’en était pris à des clients d’un café installés en terrasse). À Gonesse, une femme a été suivie sans qu’on sache s’il s’agissait d’un migrant », a poursuivi Thierry Mosimann. L’accueil de migrants, auquel tous les Saint-Ouennais ne sont pas hostiles, comme certains l’ont souligné jeudi dernier, devrait être soumis au vote lors du conseil municipal du 26 janvier.