![Philippe Evrard, tête de liste]()
Philippe Evrard, tête de liste au Crotoy (Baie de Somme) « Agir ensemble » pour les élections municipales des 15 et 22 mars 2020 (©Johann Rauch / Journal d’Abbeville)
Rencontre avec Philippe Evrard, tête de liste au Crotoy (baie de Somme) « Agir ensemble ». Le candidat répond à nos questions, et livre les priorités de la mandature qu’il souhaite conduire à l’issue des prochaines élections municipales des 15 et 22 mars prochains.
Journal d’Abbeville (JdA) : Les listes sont visiblement compliquées à boucler, où en êtes-vous de la vôtre ?
Philippe Evrard (P.E.) : Nous sommes en cours de dépôt de notre liste auprès de la préfecture. Je suis très content du groupe que nous formons. Il y a des personnes d’expérience et de sensibilité différentes, on a essayé d’être le plus représentatifs possible. Il faut du sang neuf autant que des gens qui connaissent l’investissement municipal et associatif, ça permet d’être efficaces d’emblée. Et de savoir aussi quoi promettre en toute connaissance de cause, et ce sur quoi il faudra avoir du poids dans d’autres instances que notre conseil pour les domaines qui ne sont plus de son ressort…
JdA : Au sujet de l’intercommunalité justement, comment comptez-vous vous y investir ?
P.E. : ça fait longtemps que la commune n’y a plus la place qu’elle mérite. Il ne s’agit pas de dire amen à tout, mais il est temps de renouer un dialogue serein avec l’intercommunalité. Pour ce qui me concerne, dès lors que nous aurons la majorité, nos délégués communautaires s’investiront dans un maximum de commissions. Il s’agit de s’intéresser à des compétences qui vont au-delà des seules problématiques de la ville. Pour ma part, c’est la vice-présidence à l’environnement que je souhaite briguer. Mon expérience professionnelle depuis plus vingt ans m’amène à avoir une certaine expérience en la matière. Il y a deux priorités : servir de trait d’union entre la protection de l’environnement et tous les usagers locaux, chasseurs, pêcheurs, touristes… Ce n’est pas incompatible pour autant qu’on soit sur le terrain et que l’équilibre des libertés et des impératifs de chacun soit respecté. Et comme sur tous les littoraux du monde on est concernés par l’érosion du trait de côte, la hausse du niveau de la mer… Nos ports, la digue et les dunes l’illustrent bien. Il ne faut pas se mentir, on ne décidera et on ne financera rien seuls. Il faut qu’on pèse et qu’on soit représentatifs pour faire avancer les choses pour la ville et pour tout le territoire. Avant d’aménager, il faut savoir à quels programmes de travaux et de subventions on est éligibles et leurs délais… Il y a des plans d’aides publics qui sont déployés dans le cadre de la gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI) et le programme d’actions de prévention des inondations (PAPI), les enjeux sont énormes pour l’urbanisme, la protection des biens et des personnes… Il y a aussi à travailler avec toutes les collectivités pour la lutte contre les plantes invasives en baie, les travaux du bassin des chasses et des ports… Et puis, il y a la question des eaux de baignade. Là, il va falloir poursuivre nos efforts en matière d’assainissement, et monter au créneau des pollutions émanant des environs et que chacun prenne ses responsabilités. Je serai vraiment sur ce terrain-là, c’est une vraie question d’avenir pour les cultures marines, le tourisme et notre environnement.
JdA : Dans vos priorités municipales, il est beaucoup question du cadre de vie. Concrètement, que souhaitez-vous faire ?
P.E. : Tout d’abord, on propose de poursuivre le plan de restauration de la voirie, l’effacement des réseaux et le renouvellement de l’éclairage public et petit à petit couvrir tous les quartiers de Crotoy et Saint-Firmin. D’ailleurs, à Saint-Firmin nous avons aussi inscrit le réaménagement et l’agrandissement de la salle des fêtes, et la création d’un city-stade. Pérenniser les efforts sur le fleurissement, apporter de la verdure partout où c’est possible avec des plantations d’arbres et des haies, veiller à la propreté de la ville… On veut aussi lutter contre les propriétés en déshérence, mais nous sommes opposés à la récente obligation de réfection décennale des façades. Nous préférons la mise en place d’un service d’aide administrative pour accompagner les habitants dans leurs démarches pour la rénovation extérieure et intérieure des habitations. Il y a aussi à s’assurer du maintien de la Poste…
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JdA : L’enjeu démographique est primordial pour la ville, les leviers d’actions sont aussi d’ordre économiques et sociaux. Quelles sont vos propositions ?
P.E. : Avant tout, je tiens à préciser qu’il n’y a pas les résidents secondaires d’un côté et les résidents à l’année de l’autre. On partage la même ville. Après, il est évident qu’on a besoin de tout faire pour conserver nos habitants à l’année, et en attirer de nouveaux. Pour ça, on ne peut pas faire grand chose quant au prix de l’immobilier qui reste notre handicap majeur, mais on peut aider les jeunes foyers avec par exemple une maison d’assistantes maternelles qui s’ajouterait aux solutions de garde pour enfants, préserver le projet de construction de logements pour les primo-accédants rue de Mayocq actuellement remis en question. Et puis, il y a les seniors auprès de qui on proposera un service communal de transport pour ceux qui sont les plus isolés ou dépendants, un accompagnement au plus près lors d’épisodes climatiques intenses… Nous réviserons l’offre culturelle et d’animations pour ce public, et on fera le maximum pour rebooster le club du troisième âge. Nous veillerons à l’attribution des logements du centre de béguinage en priorité aux Crotellois et Saint-Firminois qui en feront la demande, au même titre qu’un conseil municipal pour les jeunes nous proposerons un conseil pour les « toujours jeunes ». On pense aussi au soutien scolaire et professionnel, à une permanence de service public et un accès informatique pour tous… Enfin, pour l’activité économique, la ville doit rester au plus près de ses filières mytilicoles, conchylicoles et de végétaux marins, et si on peut aider aussi la pêche en mer à revenir plus souvent au port en faisant des aménagements sur le port on le fera, comme on restera mobilisé dans la lutte contre l’éolien en mer… Mais surtout, la ville est recevable au plan national de revitalisation des zones rurales. Cela permet entre autres des avantages fiscaux pour aider les entreprises et en attirer d’autres, et créer des emplois. Il faut aussi travailler au renouvellement de l’offre touristique, et trouver des solutions d’hébergement pour les travailleurs saisonniers. La loi nous y oblige, et c’est aussi une vraie problématique économique et sociale…
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JdA : Justement quelles sont vos propositions pour le tourisme ?
P.E. : Il faut trouver des alternatives au tourisme actuel, c’est notre ressource majeure mais l’aspect « balnéaire » ne se suffit plus. Le travail avec les carriers pour l’avenir du plan d’eau est primordial à long terme, mais les tractations sont longues et d’ici là il faut penser aussi à court et moyen terme le tourisme vert, sportif ou historique… On a les potentiels, à commencer par notre patrimoine comme les églises et l’histoire de notre ville… Sur Saint-Firmin, nous comptons ouvrir un « Bistrot de pays » dans la ferme Poidevin. Grâce au petit train et aux pistes cyclables nous avons des liens pour nous allier à Noyelles-sur-Mer, Favières et Ponthoile ou encore Saint-Quentin. Locaux, touristes et collectivités, tout le monde à tout à gagner à ce qu’on travaille ensemble pour proposer du neuf, et mettre en avant des richesses toutes proches et pas assez mises en valeur. Pour ce qui concerne la base nautique, on veut lui redonner vie dès que possible en attendant la mise en œuvre des projets à plus grande échelle autour du plan d’eau. Et puis, il y a l’animation dont le budget doit être préservé pour le dynamisme de la ville et ses traditions, mais le calendrier et son contenu sont à revoir en créant un événement annuel emblématique fort. Il y a des initiatives à encourager comme « Lire en baie » ou « Rock en baie », et les manifestations des associations à épauler. Enfin, un système de communication et d’information est à mettre en place pour mieux rayonner, il en va d’ailleurs de l’image de la ville…
« Une consultation populaire pour l’école du Port et revendre la propriété Dufossé »
La liste de Philippe Evrard propose la création d’une médiathèque dans la propriété du « 8 rue Jules-Verne », et d’une « halle polyvalente » du côté de l’îlot Jules-Verne « afin d’y mettre en scène des événements, un lieu modulable et convivial ». « Quant à l’avenir de l’ancienne école du Port les projets ne manquent pas, c’est à la fois une chance et un gros investissement. Je suis partisan d’une consultation populaire. C’est vraiment un principe qui me tient à cœur pour que tout le monde puisse faire son choix ». « D’ailleurs, au sujet du patrimoine communal il y a beaucoup à faire, mais une chose est claire : nous ne souhaitons pas conserver la propriété « Dufossé » acquise à Rue ». « On proposera à la municipalité de Rue de la racheter, mais dans tous les cas nous veillerons à ce que l’antenne des Restos du Cœur qui y est installée ait la garantie de rester logée là-bas, ou de lui trouver un autre site pérenne et adapté. Mais dans tous les cas, nous remettrons à vendre ce site ».
À propos du stationnement payant
Pour le groupe « Agir ensemble » le plan de circulation est à revoir, au même titre que la signalisation en ville. Pour ce qui concerne le stationnement payant, Philippe Evrard préconise l’arrêt du stationnement payant entre midi et 14h30, « il faut aussi revoir les dates d’application du stationnement payant dont la période nous apparaît trop longue ». « On compte aussi créer du stationnement en ville, il y a matière à trouver des places pour faciliter la vie des locaux et des visiteurs notamment en période de piétonnisation de la rue principale dont on rediscutera avec les principaux concernés : riverains, commerçants, artisans… D’ailleurs, les forfaits de stationnements sont à revoir, surtout pour les artisans, les professionnels de santé, livreurs… ou autre à qui on proposera une carte de stationnement annuelle à prix préférentiels pour leurs véhicules professionnels ».