Le Val-d’Oise laissé pour compte du Grand Paris ? Francis Delattre fait part de son mécontentement.
«L’audition le 10 février dernier au Sénat, dans le cadre de la Commission des finances, de Jean-Yves Le Bouillonnec, président du conseil de surveillance et Philippe Yvin président du directoire de la Société du Grand Paris a été édifiante à plus d’un titre.
Les deux auditionnés qui vont tout de même dépenser 25 milliards d’euros dans les années à venir ont expliqué avec conviction que les projets d’infrastructures composant le réseau de transports publics du Grand Paris baptisé Grand Paris Express sont destinés à réduire les inégalités urbaines : le projet est en effet excellent pour 6,5 millions d’habitants de la région Ile-de-France et déplorable pour les autres 5,5 millions. Nous payons des taxes et ne bénéficions pratiquement d’aucun service !
Je citerai simplement les discussions que nous avons eues sur les lignes 14, 15 et 17 qui constituent la liaison La Défense-Roissy. Sur un pareil trajet, on peut estimer que le Val-d’Oise compterait des gares permettant des interconnexions intelligentes. Mais nous n’en avons aucune ! On nous a expliqué que l’intérêt résidait dans le fait que La Défense soit à moins de trente minutes de Roissy. C’est défendable mais pour un territoire comme le nôtre, cela ne l’est pas !
Les représentants de la Société du Grand Paris nous on dit que des interconnexions sont possibles. Dans le département du Val-d’Oise, toutes les villes de la Vallée de Montmorency leur ont écrit pour que le Transilien H soit au moins intégré dans la gare stratégique de Saint-Denis-Pleyel : aucun maire n’a jamais eu une seule réponse !
Que devons-nous dire à nos populations ? Nous payons pourtant la taxe spéciale en question ! Ce projet est très beau pour ceux qui en bénéficient mais ce sont les territoires les plus en difficulté qui restent à l’écart. C’est là qu’il y a plus de ghettos, c’est là que l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) va devoir dépenser dans les années qui viennent des sommes incroyables. Ce n’est pas une politique équilibrée.
Pour en revenir à la ligne 14 Saint-Lazare-Saint-Denis-Pleyel, on nous dit que le projet sera achevé dans 2, 3 ans. Mais pour l’instant, prendre les transports en commun entre Pleyel et Roissy reste un véritable parcours du combattant !
La rocade formée par les lignes 15 et 16 quant à elle est exemplaire : comme on aimerait y être ! Nous sommes un département qui reste en dehors de toutes les rocades. Nous sommes de facto interdits de toute possibilité de développement ! Par ailleurs, je pense que tout mettre à La Défense est dangereux : la région parisienne a besoin d’aménagements et ce projet qui recentralise tout ne va pas dans ce sens.
Un dernier exemple qui nous préoccupe : nous avons deux universités, Villetaneuse et Cergy qui sont deux pôles parmi les meilleurs mondiaux pour les mathématiques. Pourquoi ne leur donne-t-on pas la possibilité de travailler ensemble, de mutualiser leurs moyens ? On n’a pas de transports pour cela. Les enfants du nord doivent bénéficier des mêmes opportunités que ceux de l’Ouest et les territoires relégués finiront par en payer lourdement les conséquences.»