Armer la police municipale, le choix de plus en plus de maires. Après les attentats, entre l’état d’urgence et Vigipirate, la sécurité est devenue une priorité. «Il y a une très forte demande des habitants», avoue un élu.
Longtemps, les préfets se sont opposés à l’armement dans notre département. Les choses ont changé. En 2014, le député-maire d’Argenteuil, Philippe Doucet (PS), reçevait l’autorisation d’armer sa Pm de flash-balls. Depuis, les demandes se succèdent.
À Argenteuil, il y a un mois, son successeur, Georges Mothron (LR), a fait la demande pour équiper sa police municipale – déjà dotée de flash-balls donc-, d’armes à feu. «Les événements du 14 juillet notamment, où les policiers municipaux ont subi des tirs de mortiers, ont montré la nécessité de les armer», explique-t-on en mairie. La ville de 106 000 habitants, qui n’a “que” 25 agents en bleu, est en phase de recrutement. Elle espère doubler les effectifs d’ici la fin du mandat, mais avoue avoir une politique salariale contrainte…
À Sannois, Bernard Jamet (LR) l’a annoncé il y a quelques jours. Il a fait la demande au préfet pour des flash-balls. «Il n’est pas question de doter la police municipale d’armes létales», prévient le maire, hostile pour diverses raisons aux armes à feu… pourtant réclamées par ses policiers. Il se dit toutefois «ouvert au débat avec la majorité» à ce sujet.
Pour l’instant, ils devront se contenter de cette «arme de défense, de protection». Un «besoin» depuis les changements d’horaire des patrouilles, qui depuis le 1er septembre circulent jusqu’à 1h du matin. «Il peut leur être nécessaire de pouvoir se dégager de situations difficiles face à un grand nombre de personnes», dit Bernard Jamet, qui veut toutefois que sa Pm reste «une police de proximité».
À Sannois, la police municipale n’intervient le soir que pour régler des «problèmes de voisinage, type tapage nocturne, car la police nationale ne se déplace plus pour ça». Mais le maire ne veut pas que sa Pm «ressemble trop à la police nationale. Si elle se substitue à la police nationale, je crains que l’État ne se désengage. Pour l’instant ça va, on garde nos douze policiers au commissariat de Sannois».
Grégoire Dublineau : «Pas question d’exposer la nuit, sur la voie publique, des agents désarmés»
À Eaubonne, le maire, Grégoire Dublineau (LR), a fait la demande au préfet pour des armes à feu et des armes non létales, type Taser®. «Si nous voulons que notre police municipale puisse être opérationnelle 24h/24 et 7j/7, il faut qu’elle puisse être armée. Il n’est pas question d’exposer la nuit, sur la voie publique, pour des missions qui peuvent être compliquées, des agents désarmés. C’est pour ça que je souhaite récupérer la compétence de la police municipale.»
À l’heure actuelle, sa police municipale, comme celles des quatre communes entrantes dans la nouvelle agglo Val Parisis (Ermont, Eaubonne, Saint-Leu, Le Plessis-Bouchard), est gérée de façon intercommunale. Mais ce n’est pas le cas des dix autres communes, dont la compétence concernant la sécurité reste aux maires… L’accord n’a pas été trouvé à ce sujet entre les maires.
À Franconville, après plusieurs demandes restées vaines, le sénateur-maire (LR), Francis Delattre, a enfin obtenu, l’automne dernier, le feu vert préfectoral, pour des armes à feu. Les policiers sont en formation.
À Herblay et Cormeilles-en-Parisis, les maires (LR) ont annoncé aussi vouloir armer leur police municipale. À Herblay, l’annonce de Philippe Rouleau (pistolets à impulsion électrique dans un premier temps, puis des armes à feu dans un second temps) a suscité les réserves de l’opposition herblaysienne, Olivier Dalmont (PS) jugeant en effet qu’une police «de proximité» n’a pas à être armée. Une «vision angélique», selon Philippe Rouleau, pour qui «la violence et les risques sont partout.»
À Bezons, mairie communiste, où on a toujours rejeté l’idée d’une police municipale, le sujet fait à présent son chemin. Une adjointe (PS), Nessrine Menhaouara, souhaite même son armement. Mais l’option aura sûrement du mal à passer dans la majorité.
«En matière de sécurité, l’État se défausse sur les communes»
Sébastien Meurant, maire (LR) de Saint-Leu-la-Forêt et conseiller départemental, l’a annoncé : «Après une formation, nous allons armer nos agents de police municipale (Ndlr, d’armes à feu), qui doivent eux aussi être protégés pour mieux nous protéger!». L’élu va même plus loin. «Ne serait-il pas souhaitable que les policiers municipaux, de plus en plus exposés, de la même manière que les policiers nationaux, aient les mêmes droits ? Car ils prennent les mêmes risques !»
Selon lui, en matière de sécurité, «l’État se défausse et transfère cette charge de plus en plus vers les collectivités. Nous avions un poste de police nationale à Saint-Leu, il a fermé et le commissariat de Taverny n’a plus de commissaire depuis juin dernier. Il y a 30 ans, il y avait un garde champêtre dans notre ville et cela suffisait. Maintenant, nous sommes contraints d’installer des caméras de vidéoprotection et de recruter à nos frais, à vos frais, une police municipale ou intercommunale».