
L’accès de la station sera autorisé au grand public et l’endiguement permettra de faire baisser la hauteur de la Seine de 18 centimètres à Montereau et 30 cm à Saint-Mammès
C’est un projet qui a démarré il y a plus de 15 ans, avec comme objectif de limiter les effets des crues de la Seine en Ile-de-France. Fin 2023, un premier casier devrait être opérationnel : un espace de 360 hectares qui sera endigué. Cet espace test donnera naissance à 9 autres casiers supplémentaires.
Mardi 26 mars, une réunion publique se déroulait dans la salle de Bray-sur-Seine. Avec d’un côté les habitants et élus du territoire Bassée Montois, et de l’autre les représentants de l’EPTB (Établissement Public Territorial de Bassin) Seine Grands Lacs. Après une présentation du projet et un résumé de son avancement, le public a pu poser des questions. Et celles-ci révèlent de nombreuses inquiétudes.
Sur le terrain
C’est une digue de 2, 5 à 3 mètres de hauteurs dont le périmètre s’étendra sur les communes de Châtenay-sur-Seine, Égligny, Gravon et Balloy, le long de la Seine, la D95 et la voie ferrée. C’est une station de pompage et de vidange qui sera construite au débouché de la darse existante.
« Pourquoi avoir choisi notre territoire ? », s’interroge un habitant. Parce qu’après étude, le territoire Bassée Montois est celui qui permet d’optimiser le fonctionnement hydraulique du site et de minimiser les coûts des travaux. « On a déjà toutes ces exploitations de carrières autour de nous, maintenant on va aussi avoir les déblais du chantier Grand Paris qui seront à n’en pas douter utilisés pour les ouvrages ? », demande cet autre habitant.
Car le Grand Paris va financer le projet à hauteur de 20 %, l’État mettra 50 % sur la table, et Seine Grands Lacs – qui est le maître d’ouvrage – 20 %. La somme restante sera répartie entre l’agence Eau Ile-de-France, le Département et la Région. Concernant les déblais en provenance du Grand Paris, certains devraient être utilisés suivant des protocoles de qualité technique et dans le respect des normes environnementales.
Un habitant de Châtenay-sur-Seine, propriétaire d’un étang s’inquiète de savoir comment seront remis en état les lieux qui seront inondés. Sur son étang, il y a un chalet construit avec du bois de qualité et fierté de la famille, il y a aussi des volailles et des arbres précieux. Autre question : que vont devenir les poissons lors des phases de pompage et de vidange ?
Un travail d’analyse est en cours avec les services de biodiversité et de l’État pour appliquer des normes en usage sur des micro centrales hydroélectriques avec des grillages fins pour empêcher les espèces les plus fragiles comme l’anguille.

Périmètre du casier pilote de la Bassée
Comment retrouver les usages des terrains privés après leur inondation ? Un rendez-vous est fixé le 11 juin pour que chaque propriétaire impacté puisse échanger avec Seine Grands Lacs.
Pour Frédéric Molossi, président de l’EPTB Seine Grands Lacs, il est ici question d’un projet d’utilité publique. S’adressant aux propriétaires :
Vous allez perdre une partie de la jouissance de votre terrain et vous serez indemnisés »
D’autre part, Seine Grands Lacs s’engage à réaliser des investissements d’entretien comme réhabiliter un chemin qui traverse le casier et le rendre praticable. Sur les indemnisations, des propositions concrètes seront faites le 11 juin.
Indemnisation et expropriation
Le projet va entrer dans la phase d’acquisition foncière. Fin juillet 2019 et jusqu’en 2020, les dépôts de dossiers pour obtenir la déclaration d’utilité publique vont être effectués.
Une période de négociation va être enclenchée avec les propriétaires pour acheter leurs biens, ou laisser une servitude – en fonction de l’endroit où se trouvent les parcelles. L’EPTB Seine Grands Lacs a fait le choix de limiter l’acquisition et de ne pas se porter acquéreur des parcelles qui se trouveront à l’intérieur de la zone endiguée.
« L’estimation des Domaines est la base, et une possibilité de négociation est prévue par les textes en vigueur », a indiqué Frédéric Molossi, insistant sur cette règle à respecter dans « tous types d’acquisition à l’amiable entre une collectivité et un propriétaire ».
« Il m’a été donné comme estimation 6000 € l’hectare alors que sa valeur actuelle est de 16 000 € », lâche un habitant.

Modélisation d’une des stations de pompage, point d’entrée de la Seine dans le casier pilote
Une fois la période d’acquisition à l’amiable révolue, après une année d’enquête publique qui devrait aboutir sur une déclaration d’utilité publique, c’est une autre phase qui se met en place : celle de l’expropriation.
Conseil Scientifique
Dans un rapport du Csrpn (Le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel) du 23 janvier dernier, sur lequel s’appuie notamment l’Association de défense des intérêts de la Bassée (ADIB), l’efficacité de la création de 10 casiers pilotes serait mise en doute.
« Je ne peux pas laisser dire ça. Cet avis concerne deux projets de la Bassée, celui de la Seine Grand Gabarit et celui du casier pilote. Cet avis ne remet pas en cause la notion d’utilité publique. En revanche, il nous interroge sur toute une série d’éléments notamment la dimension environnementale sur laquelle des études ont été réalisées », a précisé le président de Seine Grands Lacs qui doit d’ailleurs rencontrer le conseil scientifique dans les prochains jours.
Karine BRIVES