
Eric Boisnard, maire de Courtonne-la-Meurdrac (Calvados), devant le chantier du point multi-services. (©Le Pays d’Auge)
Les petites communes n’hésitent plus à mettre la main à la poche pour maintenir un commerce de proximité. A Courtonne-la-Meurdrac (Calvados), près de Lisieux, la mairie aménage un bar-restaurant-point multi-services. Explications avec le maire, Eric Boisnard.
Pourquoi votre commune a-t-elle décidé de construire elle-même son commerce ?
Eric Boisnard : Le point de départ, c’est la fermeture de l’épicerie-bar du village en janvier 2016. Le propriétaire du bâtiment n’étant pas vendeur, nous avons racheté la licence IV pour pouvoir maintenir l’activité.
Le commerce sera implanté dans un local de stockage qui appartenait à la commune. Il sera bien placé, au cœur du bourg, entre l’école et la mairie. Les travaux ont démarré début février pour une ouverture prévue en septembre.
Un sondage auprès des habitants
Que trouvera-t-on dans ce commerce ?
Nous avons réalisé un sondage auprès des habitants pour savoir ce qu’ils voulaient. Les deux-tiers des 380 foyers de Courtonne ont répondu. Cela prouve l’intérêt de ce projet.
Ce sera donc un bar-restaurant-point multiservices avec restauration, épicerie, dépôt de pain, vente de produits du terroir, de carte de pêche, de bouteilles de gaz… Nous avons obtenu une dérogation car un bar ne peut s’installer à moins de 100 mètres d’une école et d’un lieu de culte.
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Avez-vous défini le mode de gestion ?
Oui. Nous allons passer par une délégation de service public. Nous nous appuyons sur l’expérience de la commune de Réville, qui a trois commerces en DSP. L’avantage avec ce mode de gestion, c’est que l’exploitant a des droits et des devoirs.
Un contrat avec l’exploitant
Vous passez donc un contrat avec l’exploitant ?
Oui, c’est ça, pour une durée de 10 ans. La commune s’engage à mettre à disposition de l’exploitant un local équipé d’un bar de 62m2, d’une terrasse en bois de 47m2, d’une cave de 40m2 et d’un lieu de stockage de 4m2.
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Nous avons aussi demandé aux associations du village de faire appel systématiquement à lui lors de chacune de leurs manifestations. En contrepartie, il doit ouvrir à partir de 7h30 le matin, 5 jours et demi par semaine et 47 semaines par an.
Impossible de financer seule
Comment recrutez-vous le futur exploitant ?
Les candidats peuvent télécharger le contrat sur le site de l’union de l’amicale des maires du Calvados. Il fait 20 pages et réunit toutes les conditions pour être retenu.
Ils peuvent nous poser des questions, visiter les locaux. Le dossier est à rendre avant le 5 avril 2019. Notre commission se réunira dix jours plus tard pour l’ouverture des plis. Le choix du délégataire se fera dans le courant du mois de mai.
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Une commune comme Courtonne a-t-elle les moyens de financer un tel projet ?
Toute seule non. Mais nous avons pu compter sur l’aide précieuse des fonds européens Leader, mais aussi de la communauté d’agglomération et de l’ancienne réserve parlementaire.
Les travaux financés par des fonds publics
Le montant des travaux s’élève à 140 000 euros. Les fonds européens Leader apportent 80 000 euros, la communauté d’agglomération 12 000 euros et l’ancienne réserve parlementaire de Nicole Ameline 8000 euros. La commune de Courtonne-la-Meurdrac va emprunter 40 000 euros.
Nous faisons nous-mêmes la charpente, la peinture, la terrasse en bois et le bardage. C’est un atout d’avoir un premier adjoint charpentier et un troisième adjoint maître d’œuvre…
Nous avons lancé un chantier participatif, auquel douze courtonnais ont répondu. Je crois beaucoup en ce projet. Son concept original permettra d’attirer des clients hors des communes de la vallée, Courtonne-la-Meurdrac, Courtonne-les-deux-Eglises et Cordebugle.