
Gilles Vervisch et la pop philosophie sera l’invité d’honneur du salon Édite-le avec des livres, au Mesnil-Esnard (Seine-Maritime), le 31 mars 2019 .
(©Le Bulletin de l’arrondissement de Rouen. )
Gilles Vervisch est originaire de Normandie. Il est l’invité d’honneur du deuxième salon Édite-le avec des livres, qui se tiendra au Mesnil-Esnard, sur le plateau Est de Rouen (Seine-Maritime), dimanche 31 mars 2019. Il présentera son dernier ouvrage Peut-on réussir sans effort, ni aucun talent ?. Interview.
Faire découvrir la philosophie
Est-ce-que votre activité littéraire est la continuité de votre activité professionnelle ?
Gilles Vervisch : Oui. Mon métier de professeur consiste à faire découvrir et comprendre la philosophie aux élèves ; c’est aussi ce que je fais dans mes livres qui tentent, à travers la pop culture, et non sans humour, de rendre la philosophie accessible et ludique pour tout le monde. Y compris dans le roman que j’avais publié l’année dernière, Le secret de Platon : faire découvrir la philosophie antique à travers une intrigue autour du mystère de l’Atlantide.
Qu’avez-vous mis en avant dans votre dernier ouvrage ?
G.V : Les mirages ou l’illusion de l’idée de mérite et surtout, son caractère dangereux ou peu généreux. Dire que « quand on veut, on peut ! » pour suggérer que ceux qui ont « réussi » et se retrouvent dans une situation sociale privilégiée, l’ont bien mérité : on n’a rien volé, on a bossé. C’est un moyen illusoire de justifier les inégalités sociales : ceux qui s’en sortent l’ont mérité, ceux qui sont dans la misère aussi, car ils n’ont pas fait assez d’efforts.
« Remettre en question les fausses évidences »
Pourquoi ce thème du mérite ?
G.V : À force d’entendre ce discours plus ou moins « libéral » et ces petites phrases, « je traverse la rue, je vous en trouve un, de travail ». Aujourd’hui, l’idée de la méritocratie est une évidence pour tout le monde. Et s’il y a un intérêt à faire un peu de philosophie, c’est de changer un peu notre vision du monde ou du moins, nous amener à remettre en question les fausses évidences.
Pourquoi, avoir choisi Einstein et Andy Warhol, pour la couverture du livre ?
G.V : Warhol pour le côté pop art qui illustre l’orientation pop philosophie de mon travail qui consiste à partir de la pop culture, culture populaire et/ou du divertissement. Dans le livre, je pars de contes de fées (Cendrillon), de films (La Vie est belle de Franck Capra), de séries (Game of thrones), etc. Einstein, parce que le quatrième et dernier chapitre sur la méritocratie est largement consacré à Einstein, à la fois dans sa vie, en rappelant qu’il a été plus moins en échec scolaire, que dans ses écrits : « si vous demandez à un poisson de savoir grimper aux arbres, il pensera toute sa vie qu’il est un imbécile. »
Faites-vous dans la vie, ce que vous aviez-rêvé de faire ? À quoi attribuez-vous votre réussite ?
G.V : Oui. Je fais (ou j’ai fait) de la philosophie sous toutes ses formes : cours, radio, livres, conférences. Et si je pensais qu’il y avait quelque chose de mieux ou de supérieur à la philosophie, je ferais autre chose. Pour ce qui est de ma réussite, comme je l’explique un peu dans le livre, je l’attribue en partie à mon travail, certes, mais aussi, à la chance, aux rencontres, en bref, à des circonstances indépendantes de ma volonté.
Rencontrez Gilles Vervisch le 31 mars
Deux dernières questions d’actualité : Est-ce qu’un lycéen de la campagne normande a plus de chance qu’un lycéen de la banlieue parisienne ?
G.V : Il se trouve justement que j’ai enseigné cinq ans à Saint-Valery-en-Caux, typique de la campagne normande, donc ! Et depuis 2007, je suis à Cergy-Pontoise, banlieue parisienne. Donc, j’ai fait les deux ! Après, je ne sais pas ce qui est le plus handicapant. Ce qui est sûr, c’est que même avec Parcoursup, et malgré les dénégations des établissements (notamment de prépa), il semble bien que le lycée d’origine compte dans la sélection, et que l’on sera sans doute moins bien vu en venant d’un lycée de campagne ou d’un lycée de banlieue.
Dans le nouveau bac, la philo sera la seule matière non optionnelle, qu’en pensez-vous ?
G.V : Si je prêche pour ma paroisse, je dirais que je suis content. Mais ce n’est pas l’essentiel. Il y aurait beaucoup à dire sur cette réforme qui voulait désenclaver les filières, mais se retrouve à remettre les mêmes distinctions (discriminations) entre les sciences et le reste. Manifestement, il faudra prendre les options maths et science pour réussir.
Infos pratiques
Salon du livre « Edite-le… avec des livres ».
Dimanche 31 mars 2019 à la salle des fêtes du Mesnil-Esnard rue des Pérets.
Ouverture de 10 h à 18 h.