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Caudebec-lès-Elbeuf : Brice Rascar démissionne du conseil municipal en dénonçant les méthodes du maire

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Brice Rascar est amer mais il a au moins une consolation « Monsieur le maire va pouvoirorganiser l'arrivée d'Alain Chehami au sein du conseil et lui souhaiter la bienvenue ! »

Brice Rascar est amer mais il a au moins une consolation « Monsieur le maire va pouvoirorganiser l’arrivée d’Alain Chehami au sein du conseil et lui souhaiter la bienvenue ! » (©Le Journal d’Elbeuf)

– Comment avez-vous été amené à vous engager au côté de Laurent Bonnaterre sur la liste « Caudebec c’est vous ! » lors des élections municipales 2014 ?

J’étais au PS, et je reste socialiste dans l’âme, même si je n’ai plus ma carte. J’avais de bonnes relations avec les élus socialistes de la région. Laurent Bonnaterre m’a proposé de faire un bout de chemin avec lui et j’ai accepté. Je me suis inscrit dans le projet. Au début, tout s’est bien passé puis j’ai commencé à ouvrir les yeux, à avoir des doutes, à être interpellé par certaines pratiques. Depuis un certain temps, la confiance a fait place à la défiance.

Comment faire confiance à quelqu’un qui, lui-même, ne fait pas confiance à son propre parti politique ! (…) Sur le marché, je suis pris à partie par des Caudebécais qui s’interrogent sur l’étiquette du maire. Les gens commencent à se poser des questions »

– Quand avez-vous commencé à ne plus vous sentir en phase avec Laurent Bonnaterre ?

À mi-mandat, à l’occasion de l’élection présidentielle. Avant le premier tour, il nous a réunis (N.D.L.R. : le groupe majoritaire) pour nous demander de voter Macron. Comment faire confiance à quelqu’un qui, lui-même, ne fait pas confiance à son propre parti politique ! Et puis, pour les législatives, il nous a demandé de voter pour le candidat socialiste (N.D.L.R. : Guillaume Bachelay), contre le candidat de la République en marche (N.D.L.R. : Sira Sylla). Sur le marché, je suis pris à partie par des Caudebécais qui s’interrogent sur l’étiquette du maire. Les gens commencent à se poser des questions. Déjà, lors des Régionales 2015, il nous disait qu’il ne savait pas ce qu’il allait faire, alors que son nom figurait déjà en bonne place sur la liste socialiste ! Ce n’est pas correct.

– Que lui reprochez-vous essentiellement ?

Au niveau de l’action locale, de ce qui est fait pour les Caudebécais, je n’ai rien à lui reprocher. On a fait un bon travail, mais je ne supporte plus le personnage, ses méthodes, sa mauvaise foi. Trop, c’est trop. Il est malin et fin stratège mais ses méthodes sont souvent irrespectueuses et antidémocratiques.

– Dans ces conditions, pourquoi être resté ?

Je songeais depuis un moment à démissionner mais certains collègues élus m’en ont dissuadé, m’ont dit de laisser tomber qu’il est comme ça, et qu’il faut le prendre tel qu’il est. Il tient tout le monde par la crainte, l’intimidation, les menaces. Mais il fait toujours cela avec subtilité. Les gens ont peur des représailles, ce n’est pas normal. Depuis ma démission, j’ai reçu beaucoup de messages de sympathie, car j’ai dit tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas. Certains m’ont dit : « C’est bien, tu as eu le courage de le faire, je te soutiens ». C’est révélateur. Il faut savoir dire stop. Depuis que j’ai écrit au maire pour lui faire part de ma décision et lui dire ce que j’avais sur le cœur, je me sens soulagé.

Vous m’avez donné le pouvoir, c’est moi qui décide. Je peux nommer ou dénommer comme conseiller délégué qui je veux ». Brice Rascar citant Laurent Bonnaterre

– Pourquoi démissionner maintenant ?

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est la décision d’intégrer Estelle Guesrée et Patricia Périca à la majorité municipale, sans aucune concertation avec le groupe (Le Journal d’Elbeuf du jeudi 14 février 2019). Jusqu’à présent, il nous faisait part de ses intentions en réunion de groupe. Et même si cela ne changeait rien puisque bien souvent la décision était déjà prise, au moins étions-nous associés à la démarche en amont et il y avait débat. D’ailleurs, le sujet avait été abordé précédemment et avait fait polémique. Là, cela nous a été imposé. Je me suis ouvert au maire de mes interrogations, concernant à la fois la stratégie et le mode de fonctionnement et il l’a très mal pris. Cela m’a valu une convocation dans son bureau et un recadrage. Je n’ai pas été le seul à déplorer cette attitude mais pour toute réponse nous avons eu : « Vous m’avez donné le pouvoir, c’est moi qui décide. Je peux nommer ou dénommer comme conseiller délégué qui je veux. » (N.D.L.R. : Laurent Bonnaterre a nommé Patricia Périca conseillère déléguée). C’est dire le mépris qu’il a pour les membres de son équipe.

– Dans votre lettre de démission, vous ne mâchez pas vos mots…

Et encore, je suis soft ! Pour moi, la démocratie, c’est discuter, échanger, dialoguer, participer à des décisions qui nous touchent et débattre tout en respectant l’autre. Force est de constater, qu’avec Laurent Bonnaterre, nous n’avons pas la même définition de la démocratie. Dernier exemple en date : il a refusé à un conseiller municipal délégué de me donner procuration, se réfugiant derrière le règlement intérieur. Je l’ai lu et n’ai rien trouvé qui l’interdise. Il a d’ailleurs demandé à ce même conseiller délégué d’intercéder auprès de moi pour me faire revenir sur ma décision. En vain.

Laurent Bonnaterre est uniquement guidé par son intérêt personnel »

– Dans le Journal d’Elbeuf du 21 février 2019, Laurent Bonnaterre niait l’existence de tensions au sein du conseil et disait que l’équipe municipale était rassemblée. Une tribune que trois conseillers majoritaires n’avaient pas signée, au contraire de vous. Finalement, l’équipe serait-elle désunie dans l’union ?

J’avais effectivement signé car le texte n’engageait à rien. Par exemple, il ne niait pas avoir contacté le communiste Alexis Leroux pour le faire revenir au sein de la majorité municipale. Comme pour Périca et Guesrée, nous avions été avertis après coup de la proposition qu’il lui avait faite mais à aucun moment il nous avait dit qu’il lui avait offert un poste d’adjoint. L’ensemble des élus l’a appris en lisant Le Journal d’Elbeuf. Il nous avait vanté les qualités d’Alexis, que c’était quelqu’un de formidable qui pouvait apporter par sa jeunesse. Mais comme Alexis a refusé, le 6 février, le jour du conseil municipal, il l’a descendu. Ç’a été une déferlante, il l’a mis plus bas que terre.

– Les tensions au sein du conseil municipal seraient donc bien réelles…

Bien sûr. Alimentées en partie par le maire dont l’une des stratégies est de diviser pour mieux régner. Le malaise est profond.

– Avez-vous un message à adresser aux Caudebécais ?

Sur le plan municipal, c’est bien mais Laurent Bonnaterre est capable de tout, dans le seul et unique but de satisfaire son ambition. Il est uniquement guidé par son intérêt personnel. De là à mettre les gens plus bas que terre, je ne peux cautionner.

 Je souhaite garder les valeurs inculquées par mes parents, dont la liberté de penser »

– Est-ce pour vous un adieu définitif à la vie publique ?

J’aurais voulu aller jusqu’au terme de mon mandat, que celui-ci se termine autrement. Mais, pour moi, l’heure n’est plus à exécuter des ordres sans discussion. Je souhaite garder les valeurs inculquées par mes parents, dont la liberté de penser. C’est une expérience amère mais je ne tire pas un trait sur la vie publique. Mon cœur bat toujours pour le PS. Avec d’autres engagements, une autre moralité, je serais prêt à repartir.

– Votre décision va faire au moins un heureux…

Oui, Alain Chehami. Monsieur le maire va pouvoir organiser son arrivée au sein du conseil et lui souhaiter la bienvenue !

 

Laurent Bonnaterre : « C’est une décision logique »
La démission soudaine de Brice Rascar n’a pas surpris, semble-t-il, le maire de Caudebec-lès-Elbeuf, Laurent Bonnaterre. « C’est finalement une décision logique », et c’est même, « une bonne nouvelle », pour l’élu.
« Cette démission acte un processus où M. Rascar a toujours été en décalage avec ses collègues. Il n’a jamais su trouver sa place au sein de ce conseil municipal. C’est une anecdote, mais, par exemple, on n’a jamais eu son numéro de téléphone, ni son mail. Ce qui n’est pas pratique pour travailler », ironise-t-il.
Un cas isolé
« Il avait beaucoup d’aspirations personnelles », des aspirations qui n’ont pas abouti dans le cadre de la municipalité et qui seraient à l’origine des différends entre les deux hommes.
Pour le maire, cela ne fait pas de doute : il s’agit bien d’un problème de personne et non un problème politique. « Il ne mentionne que des sujets personnels dans sa lettre. Il ne parle pas de Caudebec. Il n’a pas compris ce qu’était le rôle d’un élu municipal. » « C’est un non-événement », poursuit Laurent Bonnaterre.
Surtout, dans sa lettre de démission, Brice Rascar pointe du doigt une soi-disant ambiance délétère qui régnerait au sein du conseil municipal. Des propos balayés par le maire : « C’est le fait d’un seul homme. C’est un cas isolé. Ça vient de lui. »
Concernant la décision d’avoir fait entrer Patricia Périca et Estelle Guesrée au sein de la majorité (et qui serait, entre autres, à l’origine du malaise entre les deux hommes), le maire assume. « Toutes les décisions sont prises de manière collective à Caudebec. Mais faire entrer ces deux élues, c’était ma volonté. Ce sont des Caudebécaises très impliquées. »
T.R.


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