
L’hiver, le rugby, c’est pas marrant tous les jours. (©Ohvalie – Christophe Georgeval)
Les quatre saisons au rugby, c’est une drôle de symphonie. Aperçu mois par mois.
Août : la reprise des sportifs
On va pas se mentir, tous ceux qui parlent de préparation physique sont timbrés. Courir au soleil alors que la plage vous attend à bras ouvert, c’est pas l’idée de l’année.
Toujours est-il que ceux qui veulent rentrer sur le terrain dès les premiers matchs viendront pour bien se faire voir par les coachs qui puniront les échappés en les laissant se taper la prépa en septembre pendant que les autres pourront jouer à la baballe. Mais si les absents ont toujours tort, la loi du plus fort est la meilleure, donc ils se verront pardonner de leur écart après les deux défaites en match de préparation (voire le match d’ouverture de la saison).
Septembre : le commencement
Le rugby c’est l’école de la vie. Donc la rentrée, c’est en septembre, probablement le meilleur mois de l’année du rugbyman. Parce que c’est le début de saison, les matchs se jouent en début de soirée, le samedi avec une brise légère et le soleil couchant qui réchauffe et apaise juste ce qu’il faut le cœur du rugbyman qui fait le plein en prévision des mois d’hiver à venir. C’est aussi la période du rugby champagne, parce qu’on peut faire des passes mais qu’on ne sait pas encore à qui. Les automatismes commenceront à arriver quand on ne pourra plus en faire.
Octobre : la coupe du monde
La plupart du temps, c’est comme le mois de septembre avec la nuit qui arrive un peu plus tôt. Mais une fois tous les quatre ans il y a la coupe du monde qui pousse le rugbyman moyen à utiliser son quota de vertu pour la décennie quand il s’oblige à se réveiller tôt le matin pour regarder les matchs en direct parce que les matchs se jouent à l’autre bout du monde (pour ceux qui sortent d’une grotte, c’est au Japon cette année alors aux réveils citoyens !). Petite mention aux étudiants qui se rendront en amphi pour gratter le wifi qu’ils n’ont pas chez eux, et qui assisteront à leurs cours seulement sur cette période.
Novembre : l’enfer gelé
Premier mois de la pire saison au monde pour le rugby. Le froid arrive, s’insinue dans les interstices de l’équipement, pénètre jusqu’au plus profond de l’être grâce à l’intermédiaire haï du rugbyman : l’eau, froide et mouillée évidemment, qui prend un malin plaisir à s’accrocher au ballon pour mieux fuir les mains des joueurs. On y redécouvre le plaisir simple mais ô combien appréciable du lycra et du jogging, sauf pour certains spécimens qui continuent à se ramener en short/tee-shirt/tongs comme si c’était normal. Bref, c’est un des pires mois de l’année car il est aussi loin de la trêve hivernale que du beau temps.
Décembre : vive la trêve !
C’est le digne héritier de novembre, mais il a l’avantage non négligeable de durer deux fois moins longtemps que son prédécesseur parce que le 15, on part pour deux semaines de festivités (qui désigne de manière déguisée l’excès réalisé par tout le monde sur cette période).
C’est surtout sur cette période que l’on assiste au traditionnel repas de Noël, un événement qui permet de remercier les bénévoles, toujours présents malgré le froid. Les retardataires du début de saison en profitent pour faire la connaissance des blessés de la préparation qu’ils ont intelligemment évitée. On redécouvre aussi JP, que personne n’avait vu depuis six mois.
Janvier : le pire
Prenez toutes les conditions défavorables de l’hiver, vous les retrouverez en janvier. Le froid, le vent, la pluie… Même le soleil est emmerdant quand il pointe le bout de son nez parce qu’il est tellement bas qu’on le prend dans la gueule. Mais ce n’est pas tout. Parce que c’est le premier mois après les fêtes de fin d’année. Et en bons rugbymen, tous ont fait honneur à la table et aux tonneaux, revenant à l’entrainement avec la condition physique d’un phoque engraissé à la raclette.
Février : froid et tournoi des VI Nations
C’est comme le mois de janvier, avec quelques éclaircies en plus. Il y aussi une petite compétition internationale : le tournoi des VI Nations. Mais comme les rugbymen n »aiment pas perdre (comme tout le monde d’ailleurs), ils jouent leurs match, attendent le résultat final et si la France a gagné, paf deux heures de replay en guise d’échauffement pour la troisième mi-temps, souvent avec l’équipe adverse (parce qu’il n’y a qu’une seule télé fonctionnelle). En plus, les mecs de la réserve sont contents, ils ont pu voir un vrai match en attendant que les défavorisés de la première les rejoignent au club house ou dans le bus.
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Mars : le printemps est là
Le début du printemps et la fin de la saison régulière des niveaux inférieurs (pour les équipes qui n’étaient pas déjà forfait). C’est le retour du dimanche ensoleillé durant lesquels on peut en même temps crever de chaud et de froid suivant l’emplacement où l’on se trouve. Ajoutez à cela les équipes qui commencent à courir et à se faire des passes mais qui, encore habitués aux mois précédents, agrippent trop le ballon et envoient des parpaings, ou des cadeaux, dans les deux cas à destination de leurs adversaires.
Avril : le début de la fin
La saison sèche est quasiment là. Les terrains sont fermes voire poussiéreux, le public commence à s’assembler. Seul problème, c’est que le temps varie suivant l’endroit où on joue. Le sud de la France s’en retrouve indéniablement privilégié car il a s’entraîner et jouer en conditions de phases finales deux mois avant les nordistes. Mais avec le soleil arrive le lot de maladies typiquement stupides, à commencer par le coup de soleil ou l’insolation (généralement pour les gros après une petite séance de physique en préparation des phases finales). Coups du sort auxquels on peut évidemment ajouter les échappés d’un week-end qui préfèrent stratégiquement aller se poser tranquillement à la plage plutôt que d’aller jouer face à des avants dégoulinants de sueur.
Mai / Juin : phases finales ou rien
Rassemblés en un seul gros mois, ce sont les porteurs de festivités, de belles victoires arrachées au mental comme de cruelles défaites. Oui elles sont là, ce sont les phases finales ! Pour la majorité des joueurs, ça veut dire que la saison est déjà finie et qu’on va voir le seul pote qu’on connaisse qui joue un quart de finale quatre divisions plus bas. Evidemment, la saison sèche arrive donc on économise l’eau : on ne la boit pas.
Juillet : vacances pour tout le monde
Le chant des cigales, le bruit de l’océan, la brise de la plage… Prenez tout ce que vous croisez pendant un été normal. Et ben pour les rugbymen, c’est la même chose. On reste des humains qui ont besoin d’un repos bien mérité au rythme de la flemmingite la plus absolue, doublée d’un petit jaune, cela va sans dire.