Rendre l’entrée d’Argenteuil « plus attractive » et développer l’offre commerciale. Tels sont les objectifs affichés par la municipalité (Lr) avec ce pôle de loisirs prévu pour 2020.
Le groupe Fiminco a proposé d’acheter à la commune, pour 7,5 millions d’euros, une partie de l’Île Héloïse, déclassée du domaine public, pour construire un ensemble immobilier de 40 000 m2. Cette “Île”, proche du pont d’Argenteuil, le long des bords de Seine, accueille un parking, les salles Jean-Vilar et Pierre-Dux, ainsi que le marché Héloïse et un équipement sportif. Mais seules les salles Dux et Vilar seront impactées.
Outre des enseignes alimentaire, d’ameublement et décoration, de bricolage, de jardinage, d’équipement de la personne, etc., le projet comprend une salle de spectacle modulable de 5 000 m2, 150 logements et la réalisation d’un cinéma de neuf salles, qui a déjà reçu l’accord de la commission départementale d’aménagement commercial.
Mais des opposants ont fait un recours.
Une nouvelle étape a été franchie après l’enquête publique, organisée du 27 février au 29 mars. Le commissaire-enquêteur a émis un avis favorable « sans aucune réserve » à la modification du Plan local d’urbanisme sur le secteur, malgré une grande majorité d’avis défavorables sur le fond du projet (87 sur 92 observations).
Le commissaire-enquêteur dit avoir « compris le parti pris de la commune pour développer un pôle qui soit le plus rentable possible, ce qui impose une densification d’occupation certaine ».
Si un certain nombre se demandent si le nouvel apport de voitures « a bien été anticipé », beaucoup expriment leurs craintes quant aux espaces verts. « Le public craint que l’île Héloïse très boisée aujourd’hui ne devienne un espace minéral et certains réclament la création d’une coulée verte », note le commissaire-enquêteur, qui dit avoir « compris le parti pris de la commune pour développer un pôle qui soit le plus rentable possible, ce qui impose une densification d’occupation certaine ».
Mais il estime « préjudiciable à la qualité de vie des Argenteuillais d’abaisser à ce point les règles sur les espaces verts ». Le commissaire recommande donc à la commune de revoir à la hausse la règle minimale d’un arbre pour 1 000 m2.
Des habitants “troublés” par la disparition de la salle Jean-Vilar
Mais ce qui « trouble véritablement la population » est la disparition de la salle Jean-Vilar. Le commissaire-enquêteur dit avoir pris acte que la commune « prendra les dispositions pour le maintien des activités » pendant les travaux, mais il estime que « rien n’indique que le coût de location sera identique ni même que les capacités des salles modulables seront compatibles avec celles des salles existantes. »
Enfin, si un certain nombre de personnes sont « dérangées » par le fait que la ville ait vendu l’espace à un promoteur privé « au lieu d’y faire un projet communal », la question des logements ou encore la hauteur (45 m) n’ont guère fait réagir que 14 personnes.
450 000 visiteurs attendus chaque année
Le projet ambitionne d’attirer quelque 450 000 visiteurs par an. La municipalité espère ainsi contrer « l’évasion commerciale » qui aurait fait perdre 250 millions d’€ à la ville d’Argenteuil en 2015.
L’impact du pôle de loisirs sur le commerce local et les salles de cinéma inquiète la population
Le futur pôle de loisirs, un booster pour le commerce local ou l’inverse ? La crainte de l’impact sur les commerces de centre-ville, le marché, ou encore les salles de cinéma existantes (Figuier Blanc, Jean-Gabin) inquiètent la population. En tout cas celle qui s’est déplacée et s’est exprimée lors de l’enquête publique relative à la modification du Plan local d’urbanisme. « La concurrence d’un tel complexe détruira l’offre culturelle » estiment certains. Le commissaire enquêteur a rappelé que les Chambres de commerce demandent à la commune d’Argenteuil de « respecter un équilibre commercial entre l’existant et les futurs commerces ». Un point qui avait été mis en avant par le député sortant (Ps) Philippe Doucet, lors d’un conseil municipal, estimant qu’il faudra veiller à ce que ce pôle ne vienne pas « fracasser » Côté Seine ou les commerces de l’avenue Gabriel-Péri, déjà « fragiles ». Sur ce sujet, Dominique Mariette, ancien élu (Lo) et candidat aux dernières élections législatives s’inquiète aussi de « l’installation d’une grande surface. Un Leclerc est annoncé. La présence du Géant Casino, de Côté Seine, à quelques centaines de mètres ne poserait pas un petit problème ? », demande-t-il. L’arrivée de Leclerc ? La réponse ne nous a pas été confirmée au cabinet du maire d’Argenteuil, qui n’a pas donné suite à nos demandes.
150 logements dans le projet
L’idée de mettre des logements dans le pôle de loisirs ne plaît pas à Frédéric Lefebvre-Naré. Le conseiller municipal d’opposition (MoDem), président d’ “Engagés pour Argenteuil”, a quant à lui, lors de l’enquête publique, jugé que “la création en zone inondable de plus de 150 logements est une absurdité quand l’espace constructible abonde à Argenteuil. Cela n’a de sens que pour l’équilibre financier du projet pour le promoteur, et démontre, par là-même, que le reste du projet ne tient pas debout”.