C’est une simple affiche placardée par la Cgt, en gare de Santeuil-Le Perchay, qui a mis le feu aux poudres. D’ici à la fin de l’année, la Sncf prévoit une refonte de la ligne J, reliant Gisors à Paris. Cette remodélisation prévoit qu’un train sera supprimé en gare de Lavilletertre dans les deux sens ; et deux pour les gares de Santeuil-Le Perchay et Montgeroult-Courcelles-surViosne dans le sens Gisors/ParisSaint-Lazare, le matin aux heures de pointe. Le soir, le dernier train sera enlevé pour ces trois gares, dans les deux sens de circulation. De plus, la Sncf et le Stif envisageraient la fermeture de ces dernières (Ndlr : deux autres sont aussi concernées, celles de Trie-Château et Liancourt, dans l’Oise). C’est pour cette raison que Gabrielle Lévy et Julie Konieczny, deux Santeuillaises, ont mis sur les rails le collectif, J’aime ma gare. Leur objectif est d’informer au maximum usagers, habitants, mais également les élus de la région, que leur cadre de vie pourrait être sérieusement impacté.
La pétition recueille 1 450 signatures
« Notre mouvement est pacifique, assurent-elles. Il y a deux ans, nous avons décidé de partir de Paris pour emmé- nager à la campagne. Nous n’avons pas choisi ce lieu par hasard… » Pour l’instant, aucun document officiel n’a confirmé la fermeture définitive de ces gares. « La menace est réelle. Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard, insiste Julie. Certes, peu de trains desservent la gare de Santeuil, mais il y en a assez pour que la gare vive ! » Le collectif s’active plus que jamais : distribution de tracts et collage d’affiches dans les gares, création d’une page Facebook ou encore mise en ligne d’une pétition. À ce jour (Ndlr : mardi 23 mai), la pétition a recueilli plus de 1 450 signatures. « Cela prouve à quel point les gens sont attachés au service public », constate Gabrielle. Du côté de la mairie de Santeuil, qui a appris la décision il y a un mois, il est hors de question de laisser faire sans réagir. « Nous allons tout mettre en œuvre pour conserver la gare. C’est elle qui fait vivre le village, explique Marie-Anne Cussot, maire (Div) de Santeuil. Il y a tout d’abord le volet pratique, puisque les habitants qui partent travailler sur Paris privilégient le train. Les lycéens aussi sont concernés, notamment ceux du lycée professionnel du Vexin (Ndlr : situé à Chars). Sans oublier le volet immobilier : si la gare disparaît, la valeur foncière des maisons chutera inexorablement. » Autre point important : si ces gares venaient à fermer, les habitants se rabattraient sur les gares avoisinantes. Mais le risque est que les parkings soient rapidement engorgés. « Ils veulent nous déshériter », souligne Marie-Anne Cussot. Outre ces deux volets, l’aspect écologique est également pris en compte. « On nous dit de privilégier les transports en commun, et, à côté de ça, ils veulent fermer nos gares… », déplore Didier Dutat, 2e adjoint à la mairie de Santeuil.
Pécresse en ligne de mire
Samedi 20 mai, une réunion de crise s’est déroulée à la mairie de Santeuil. Objectif : mettre en place des actions concrètes permettant d’enrayer le processus. Les communes de Brignancourt, Chars, Us, Courcelles-sur-Viosne, Lavilletertre, Le Perchay et Montgeroult étaient représentées, ainsi que l’association Voies et Voix en Vexin. « Tous s’accordent à reconnaître qu’une fermeture de gare signifie rapidement la mort sociale d’un village », précise-t-on du côté de Voies et Voix en Vexin. Les maires présents envisagent une série de mesures pour faire bouger les choses. « Il revient aux élus d’agir, à titre personnel, auprès de toutes les instances où ils siègent, en alertant les responsables départementaux et régionaux ; d’adresser un courrier commun à Mme Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et du Stif, tout en regrettant que, la lettre, concernant les nouveaux horaires, qui lui a été adressée, en février, par les maires de Courcellessur-Viosne, du Perchay, de Montgeroult et de Santeuil, n’ait reçu, à ce jour, aucune réponse ; et d’organiser des manifestions devant les gares impactées. » Les solutions alternatives proposées, tel que le minibus, ne serviraient pas à grand chose selon les élus. « Pourquoi nous proposer cela alors que nous avons déjà une infrastructure ? D’autant que nous avons payé des impôts pour ça », s’indigne Laurence Manoff, première adjointe à la mairie de Courcelles-sur-Viosne.