Elle est arrivée en 1991 dans ce Pressing de la Gare racheté par sa grande sœur deux ans auparavant. Il est le dernier commerce de nettoyage traditionnel à Pontoise. Le Pressing de la Gare attire une clientèle qui dépasse le territoire de la commune. Les clients adorent le professionnalisme et la gentillesse de Ouardia Ouali.
Confidente
Elle est infatigable. Sa journée commence aux aurores. Résidant à Argenteuil, elle préfère emprunter l’A15 avant les bouchons. Mais le lever du rideau du pressing ne se fait qu’à 8h. Du mardi au samedi, elle réceptionne le linge sale de ses clients ; mais pas seulement. Est-ce son sourire ou sa façon de plaisanter avec tout le monde ? Elle est devenue aussi une confidente. Il est vrai que les vêtements lui parlent… « L’état du vêtement nous renseigne sur la personnalité de celui ou celle qui le porte, dit-elle. La plupart se confient facilement, car on rentre un peu dans leur intimité.»
Brin de causette
Ouardia n’est pas seulement blanchisseuse. Les années passant, son pressing est devenu le rendez-vous de tous les sans-voix du quartier. Elle est l’assistante sociale, l’écrivain public ou la dépanneuse en tous genres. En 1991, elle a mis une chaise pour les personnes âgées, puis deux, puis trois… Et aujourd’hui ce sont sept chaises qui attendent celles et ceux qui cherchent un réconfort. Des personnes seules qui viennent pour trouver à qui parler, comme cette ancienne institutrice de 86 ans. Seule dans son appartement, elle a pris l’habitude de venir faire un brin de causette, mais le brin, c’est le plus souvent une heure ! Il y a des habitués qui ont leurs jours, le mardi et jeudi pour l’ancien prof ou l’ancienne comptable ; le mercredi, c’en est une autre. En réalité, son pressing est devenu un lieu de rencontre, le dernier salon où l’on cause… Elle n’hésite pas à offrir un café ou un thé à tout ce petit monde.
Le cœur sur la main
De l’écoute, elle en accorde à tous, et essaie d’aider au maximum. Certains jours elle devient écrivain public, ou dirige vers les spécialistes voisins (avocats, Pmi…). Sa récompense ? Les remerciements de tous ceux qui ont croisé cette femme au grand cœur. L’autre jour, une jeune fille entre à 8h30 dans le pressing et explique que dans la précipitation elle a quitté son domicile sans un sou. Elle demande si Ouardia peut lui prêter de quoi payer son ticket de train car elle va passer un entretien d’embauche. « Après l’avoir regardée, je lui ai tendu un billet de 10 euros en lui disant qu’elle rembourserait quand elle aurait son travail. C’est son père qui s’est présenté ; il m’a remboursée et m’a offert un bouquet de fleurs », raconte fièrement Ouardia.
Sa publicité se fait de bouche-à-oreille. Mais ne le répétez pas : elle est débordée !
Pressing de la Gare : rue Carnot.