La semaine dernière, la direction du centre hospitalier René-Dubos a dévoilé son plan de retour à l’équilibre (Pre) lors du comité technique d’Établissement (Cte). Ce dernier est une instance représentative du personnel dotée de compétences consultatives sur les sujets ayant une incidence sur le fonctionnement et l’organisation de l’établissement.
17 M € à « gratter »
Et si les finances à l’issue de l’année 2016 sont assez bonnes, avec un déficit passé de 15 à 8 millions d’euros, le Pre « qui n’a aucun rapport avec la réforme de la Santé de Marisol Touraine, mais qui est demandé à chaque établissement depuis 20 ans », précise Alexandre Aubert, le directeur de l’hôpital René-Dubos, prévoit une nouvelle économie de 17 millions d’euros sur 5 ans. Un chiffre qui a fait bondir la section syndicale Cgt du centre hospitalier, dont les membres ont distribué un tract plutôt véhément au personnel hospitalier.
120 agents « de trop »
« Il ne s’agit pas de ne plus rien dépenser du tout. Le budget de l’hôpital continuera de croître. Ces 17 millions d’euros représentent le différentiel qu’il nous faut atteindre par rapport aux perspectives actuelles. Pour cela, il nous faut à la fois freiner l’accélération des dépenses, mais aussi repenser et développer les recettes, un gros chantier que nous avons déjà entamé », explique Alexandre Aubert.
La Cgt craint avant tout des réductions d’effectif : « D’ici à 3 ans, 20 postes administratifs, 16 postes en cuisine et 28 autres liés à la fermeture de la blanchisserie seront supprimés, car l’agence régionale de santé (Ars) considère que nous aurions 120 agents de trop. » Le directeur de l’hôpital tient à préciser qu’« il ne s’agit pas de licenciements, mais de non-remplacements sur une vingtaine de postes ciblés, qui ne répondent plus aux besoins actuels ».
Le syndicat dénonce, par ailleurs, les fermetures de 22 lits : « dix en gastroentérologie, douze en cardiologie, sans compter les 30 lits de chirurgie qui pourraient basculer en ambulatoire. » Autre politique pointée du doigt : celle consistant à favoriser le présentéisme. La réorganisation du temps de travail sur le dernier trimestre 2016 a notamment permis de réduire les dépenses d’1,2 million d’euros. « Les personnels fixes de nuit ont perdu de 300 à 500 euros sur leur salaire mensuel malgré l’engagement du directeur de ne pas toucher aux heures supplémentaires, alors qu’ils effectuent 35h depuis 2004, au lieu des 32h30 légales. Et en dehors des soignants, les agents travaillent 30 minutes de plus par jour, non rémunérées, pour prendre leur pause repas obligatoire… », dénonce Christine Appiani pour la Cgt hôpital.
Investissements et salaires
Des arguments, cette fois-ci, réfutés par la direction : « Personne ne perd 500 euros de salaire du jour au lendemain. Sinon, ce serait beaucoup plus que des tracts auxquels nous devrions faire face. Nous nous sommes rendu compte que les agents de nuit percevaient des heures supplémentaires qu’ils n’effectuaient pas. Ce qui est strictement interdit. Nous avons simplement corrigé le tir. » Alexandre Aubert précise que, selon lui, le Pre « est tout à fait jouable, sans grande souffrance au travail. Nous devons nous adapter à la fois aux besoins d’un bassin de vie à la démographie positive, aux besoins des usagers et aux pathologies d’avenir, comme les maladies chroniques ». Il précise que « chaque agent concerné sera reçu en entretien individuel ».
A.Aubert : « Nous devons nous adapter aux besoins des usagers et aux pathologies d’avenir »
Pour la direction, l’augmentation non maîtrisée des déficits du centre hospitalier pourrait porter ces derniers à près de 20 millions d’euros. « Si l’on ne fait rien, on ne pourra plus investir dans du matériel, comme le scanner à 600 000 euros ou le 2e Irm à un million d’euros dont nous avons besoin. » Ce scénario catastrophe pourrait également se traduire, entre autres, « par une incapacité à assumer les salaires ou à payer les fournisseurs, sans emprunt massif ». Mais ce que le directeur de l’hôpital redoute par-dessus tout, « c’est la perte des usagers, qui iront ailleurs si nous ne répondons pas à leurs attentes. »
Joseph CANU