La construction et l’aménagement du futur quartier Bossut : gageure ou magnifique opportunité pour Pontoise et l’agglomération de Cergy-Pontoise ? Ce dossier nourrit le débat, suscite les contestations, parfois les affrontements, et bien souvent les réconciliations entre la Ville de Pontoise et la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise et ses élus. Normal puisque les 17 hectares de l’ancienne caserne doivent accueillir, d’ici à 2025, quelque 2 500 logements et 7 000 habitants supplémentaires.
Long terme
« C’est un projet à long terme. Un projet qui engage la Ville de Pontoise pour les 100 ans à venir. Il est donc impératif de ne pas faire n’importe quoi », répète à l’envi Philippe Houillon, député-maire (Lr) de Pontoise. De son côté, Dominique Lefebvre, président (Ps) de l’agglo, structure qui porte le projet, s’est toujours voulu rassurant en affirmant que « Pontoise était associée à chaque étape du projet ».
Dans les faits, c’est un peu plus compliqué. Et les premiers bâtiments sortis de terre n’ont pas fait l’unanimité du côté de l’ancienne cité médiévale. Bien au contraire. En ligne de mire notamment : les quelque 360 logements de gendarmes, jugés « disgracieux dans le paysage et moches au niveau de l’architecture ».
Quant aux 158 logements portés par le Logement francilien à proximité de l’école Gustave-Loiseau, au carrefour de l’avenue de Verdun et la rue du Premier-Dragon, c’est un peu le même sentiment. Même si sa copie a été revue et corrigée en cours de route, Pontoise la jugeant « ni plus ni moins comme un vulgaire bloc de béton », ce programme immobilier cache clairement la perspective de l’établissement scolaire. Un regret pour la municipalité pontoisienne.
« Je souhaite, en cette séquence où la population de Pontoise va augmenter, que son développement soit harmonieux, respectueux de son identité et que le lien de proximité si nécessaire entre les Pontoisiens et leurs institutions soit maintenu », avait même lâché Philippe Houillon lors de la cérémonie des vœux à la population le 6 janvier dernier au Dôme de Pontoise. Et de poursuivre dans la même veine : « Je souhaite enfin que les différents acteurs et partenaires de la Ville qui disposent d’une influence, voire d’un pouvoir de décision sur cette évolution, l’exercent de manière responsable et mesurée, avec une vision d’avenir durable, sans la dénaturer ou l’asphyxier. »
Des arguments entendus du côté de l’agglomération de Cergy-Pontoise. Néanmoins, en tant que maître d’œuvre, l’agglo doit veiller à l’équilibre budgétaire du projet.
Harmonie et respect
« Près de 20 millions d’euros ont déjà été engagés dans ce dossier par l’agglo », précise Dominique Lefebvre. « S’il n’est pas question de bétonner le quartier, il faut tout de même que Bossut génère, à terme, des recettes pour être viable, rappelle-t-il régulièrement. Concrètement, Bossut, c’est une bonne nouvelle pour l’agglomération et un beau projet pour Pontoise. Pour arriver à l’objectif fixé, nous misons sur plusieurs atouts comme une qualité de vie agréable avec un grand parc, une mixité sociale accrue et le développement des circulations douces (piétons et cyclistes). »
Après deux premières opérations immobilières majeures plus ou moins réussies, l’heure n’est plus à l’hésitation. Plus question de se louper. Le maire de Pontoise a ainsi posé une condition, la conservation de la place d’armes qui fait face à l’entrée de l’ancienne caserne, « afin de préserver l’identité pontoisienne à ce quartier ».
Ça tombe bien puisqu’un nouveau programme immobilier est dans les tuyaux depuis quelques jours.
« En effet, le promoteur en charge de la construction de 700 logements autour de la place d’armes a été récemment choisi. Les premiers contours architecturaux ont été révélés aux élus pontoisiens lors du bureau municipal du 6 mars. Je dois aussi reconnaître que les premières opérations immobilières n’ont emballé personne. Aujourd’hui, le temps est au dialogue tout en gardant à l’esprit que la balance financière de ce projet doit être à l’équilibre », souligne Dominique Lefebvre.
L’une des missions prioritaires de Bossut sera de devenir un vrai lieu de vie harmonieux, situé à cinq minutes des gares de Pontoise et de Cergy, à deux pas de l’autoroute A15 et à mi-distance du cœur historique de Pontoise et du Grand Centre de Cergy. Une manière comme une autre de créer un vrai lien entre Cergy et Pontoise, les deux villes qui ont donné leur nom à l’ex-Ville nouvelle. Tout un symbole.
Des liens parfois tendus mais jamais vraiment distendus. La preuve avec cette phrase prononcée par Philippe Houillon à l’adresse de Dominique Lefebvre il y a deux mois à propos de Bossut : « Je remercie la communauté d’agglomération avec laquelle, comme les vieux couples, on se dispute souvent mais dont on ne pourrait peut-être plus se passer. »
Accès : questions autour de la passerelle
Bossut : un pont entre Pontoise, l’ancienne, et Cergy, la nouvelle. Sur le papier, oui. Mais dans la réalité, c’est pas encore gagné. Lors d’une réunion publique sur le Grand centre, la construction d’une passerelle reliant Bossut au Grand Centre à Cergy a été mise sur la table. Idée fraîchement accueillie par Philippe Houillon.
En substance, Dominique Lefebvre, le président (Ps) de l’agglo indiquait que le maire de Pontoise devrait prendre ses responsabilités et donner des explications aux futurs habitants en cas de refus.
« Pour autant, l’heure est à l’apaisement au sein de l’agglo. Je suis convaincu de l’intérêt d’une passerelle pour piétons et/ou bus au-dessus qui enjambe l’A15. Il en va de l’accessibilité et de la liaison entre Bossut et le Grand Centre. De notre côté, les travaux sont budgétés. C’est aux élus de Pontoise de réfléchir à cette opportunité. »