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Les commerçants de Montigny et d’Herblay se sont rassemblés, très tôt ce lundi matin 6 février, au carrefour des Copistes (Decathlon), à la limite entre Montigny et Herblay, pour empêcher la mise en place du réaménagement de la voirie.
Distribuant leurs tracts aux automobilistes, ils comptent bien rester physiquement présents le temps qu’il faudra, prêts à se relayer.
Annoncée par le député-maire, Jean-Noël Carpentier (Mdp) lors de ses vœux, la mise en place de la D14 en deux fois une voie entre le rond-point des Frances (Carrefour) et celui des Copistes (Decathlon) devait être effective à partir de ce lundi 6 février, pour une durée « de deux à trois semaines ».
La mairie, dans le cadre d’une «expérimentation », a souhaité, sur un temps limité, configurer la voirie du boulevard Bordier, à Montigny, en « avenue urbaine », dans le cadre de son projet de réaménager à terme le secteur en « centre-ville ».
«La réduction de voirie est une hypothèse parmi d’autres » avait expliqué le maire, qui souhaite l’arrivée de logements sur ce boulevard, avec des commerces en pied d’immeuble, des services publics et bientôt un multiplexe.
“3000 emplois menacés”
Mais cette mesure est totalement incomprise. Elle a immédiatement suscité la vive inquiétude des commerçants, craignant la « pagaille » dans le secteur déjà très embouteillé en temps normal, avec une baisse de fréquentation et de leur chiffre d’affaires, en période de soldes. Ils ont alors lancé une pétition et se sont montés en association. Jeudi dernier, des dizaines de commerçants assistaient au conseil communautaire, à Montigny, brandissant leurs pancartes « 3 000 emplois menacés ». Des affiches déployées ce matin devant le giratoire des Copistes.
Ce lundi matin, ils ont concrètement empêché physiquement la mise en place du dispositif.
« Nous sommes en colère à plus d’un titre, explique Thomas, coordinateur de la manifestation, au nom de la nouvelle association des commerçants d’Herblay et Montigny. Déjà, on a appris cette mesure par la presse. Et surtout, nous craignons une énorme baisse de notre chiffre d’affaires. Samedi dernier déjà, on ne pouvait pas circuler ! Si on réduit la voirie, on ne résoud pas le problème, on l’amplifie. »
Un blocage sans violence sous la surveillance des policiers
Samedi dernier, les commerçants expliquent avoir demandé au maire de « stopper ce test, mais il a réfusé ». Les commerçants expliquent « ne pas être opposés à une réhabilitation de cette zone, mais pas de cette façon, car réduire la voirie, c’est pour nous la mort des commerces ».
Lundi, ils ont empêché l’entreprise bezonnaise Zebra « dès 8 h, de venir faire le marquage au sol ».
« On restera là pour surveiller que cela ne se mette pas en place ».
« Nous avons surveillé ce qui se passait », explique un commerçant. Un blocage « sans violence » précisent-ils. Sous la surveillance de la police. Et en présence d’élus (Modeste Marques, Lr, pour l’opposition de Montigny, Linda Saget, élue Dvd de la majorité à Herblay et élue de quartier des Copistes, inquiète pour les commerces et la circulation dans le quartier si la mesure était appliquée).
« Nous avons même apporté les croissants ! » sourient les commerçants. Sans violence mais avec détermination. « On restera là pour surveiller que cela ne se mette pas en place ». En revanche, les panneaux indiquant la restriction de circulation, ont été dégradés.
Ce lundi le directeur de cabinet du maire, Laurent Lanyi, est venu à la rencontre des commerçants. « On leur a proposé un rendez-vous avec le maire, mais ils ont refusé », explique ce dernier.
Réunion jeudi sous l’égide de la communauté d’agglomération
Les commerçants, remontés d’avoir été “mis devant le fait accompli” préfèrent attendre la réunion prévue jeudi 9 février entre l’ensemble des acteurs du dossier : la mairie, le Département, l’agglomération Val Parisis, les commerçants.
Du côté de la mairie, on regrette l’action des commerçants. « On va essayer de trouver une solution. Nous n’avons pas de raison de suspendre cette décision. En fait, c’est gagnant-gagnant pour tout le monde. Ce sera une augmentation du chiffre d’affaires pour eux à terme ».
En septembre 2015, Jean-Noël Carpentier lançait une campagne en ville pour dire « non aux bouchons » de la D14. « Nous sommes face à l’effet boomerang, plaidait l’élu. Avec 30 000 véhicules par jour, nous arrivons à saturation, avec des répercussions sur l’attractivité de cette zone commerciale. Avec le développement du commerce en ligne notamment, toutes les études montrent que le tout-voiture qui dominait jusque là, n’a plus cours. Il n’y a pas de coupable. Nous sommes arrivés au bout d’un système ».
Ce lundi, le directeur de cabinet du député-maire se refusait à admettre de devoir « reculer » ou même de « suspendre » la mesure. « Cette mesure, c’est le sens de l’Histoire. Je pense que cela va se décanter » espérait Laurent Lanyi.
Les commerçants, eux, semblent déterminés à faire le pied de grue, distribuant leurs tracts aux automobilistes. Ils continuent par ailleurs à faire signer leur pétition, qui a receuilli à ce jour 300 signatures sur le Net (change.org) et 1200 sur le papier. « Cette mesure signifierait entre 15 et 20 % en moins sur le chiffre d’affaires et cela se repercuterait d’autant sur l’emploi. Nous avons d’ores et déjà gelé toues le recrutements prévus, depuis qu’on a appris cette mesure », lance le porte parole.
« Moi, mon commerce c’est toute ma vie. Si je le revend une poignée de figues, je n’ai plus qu’à manger des patates », lance Jean-Baptiste, à la tête de la boulangerie du boulevard. « C’est une revendication humaine. On ne veut pas mourir. Nous ne sommes pas contre la mairie ».