La résistance s’organise. Fermement opposé au projet d’intensification du fret ferroviaire, le Conseil départemental du Val-d’Oise vient de lancer une vaste campagne de mesure des nuisances engendrées par la ligne J. En vertu du projet dit Serqueux-Gisors, cette ligne qui serpente à travers le Val-d’Oise et 15 de ses communes * devra supporter le passage quotidien de 25 trains de marchandises, dont la moitié la nuit, à l’horizon 2019.
Porté par Sncf Réseau, le projet cristallise la colère des riverains, associations et élus plus que jamais déterminés à l’empêcher. «Cette campagne de mesure, c’est le premier acte de notre opposition à ce projet», tonne Alexandre Pueyo, conseiller départemental Lr de Cergy II. Jeudi 29 octobre, l’élu a assisté à la pose d’une borne à quelques mètres de la voie de chemin de fer d’Éragny-sur-Oise. Comme cinq autres bornes installées le même jour à Chars, Ableiges, Osny, Herblay et Cormeilles-en-Parisis, elle doit permettre de déterminer le niveau de bruit de la ligne J.
Résultats à la fin de l’année
Pilotée par Bruitparif, cette campagne de mesure sera étalée sur un mois. Tous les bruits seront enregistrés 7 jours sur 7 et 24h sur 24 avant une analyse approfondie par les techniciens de Bruitparif dans leur laboratoire de Pantin (Seine-Saint-Denis). «C’est la première fois qu’une telle étude dure un mois. Ses résultats seront connus à la fin de l’année et seront versés à l’enquête publique qui a été repoussée à début janvier par le préfet», explique Alexandre Pueyo. «Grâce à ces bornes, on va pouvoir mesurer le niveau de bruit généré par le passage des trains sachant que pour le ferroviaire la zone de bruit critique se situe à 73 db le jour et 68 db la nuit», indique Matthieu Sineau, responsable du laboratoire de mesures Bruitparif.
En faisant mesurer les nuisances sonores de la ligne J par cet organisme indépendant, le Département entend prouver que l’intensification du fret mettra en danger la santé des populations traversées, en l’occurrence des dizaines de milliers de Valdoisiens. «Le bruit est une vraie nuisance environnementale qui a une incidence sur la santé. La ligne J est déjà saturée, elle n’est pas faite pour supporter des trains de marchandises», appuie le conseiller départemental.
Et si malgré tout, le fret gagnait la bataille du rail, l’étude n’aura pas servi à rien. Elle sera le point de comparaison entre l’avant et l’après. «Si le projet se fait, on reposera les bornes au même endroit, précise Alexandre Pueyo. Ça nous permettra d’avoir une base pour l’indemnisation les riverains».Un scénario du pire toujours d’actualité.
* Chars, Brignancourt, Santeuil, Us, Ableiges, Montgeroult, Boissy-l’Aillerie, Osny, Pontoise, St-Ouen-l’Aumône, Éragny, Herblay, La Frette, Cormeilles-en-Parisis, Argenteuil.