
«Je ne comprends pas que le prêtre qui nous a mariés à l’église Notre-Dame de Taverny, il y a sept ans, ne puisse pas aujourd’hui baptiser mon fils ici même !».
Catholique traditionnaliste pratiquant, Alexandre Simonnot (ex-FN), conseiller municipal (d’opposition) de Taverny, s’est vu refuser par le curé de la paroisse, le père Jean-Marie Humeau, l’autorisation de faire baptiser son futur garçon par l’abbé Philippe Laguerie, un prêtre traditionnaliste.
Baptême à l’ancienne
Un baptême, «à l’ancienne, en latin, selon le rite extraordinaire de Saint Pie V, avant le concile Vatican II», dit l’élu.
La cérémonie familiale était programmée le 21 novembre en l’église Notre-Dame. Là même où, en 2008, l’abbé Laguerie avait marié religieusement, en présence du curé de l’époque, le père Zeller, aujourd’hui décédé, Alexandre Simonnot et sa femme Laure.
«Quand mon épouse a fait la demande de baptême au père Jean-Marie Humeau, celui-ci a sèchement répondu : “Pour vous ce sera non !” Puis, il m’a expliqué que mon mariage dans cette église avait été “une erreur”, parce que ce n’est pas une église traditionnaliste. Je lui ai dit que l’abbé Laguerie était reconnu par le Saint-Siège.»
Alexandre Simonnot ne voit donc «aucune raison légitime» à cet empêchement. «Scandalisé», il parle de «discrimination à caractère politique».
L’élu avait déjà fait baptiser sa fille, Marie, en 2010 à Taverny, par un prêtre de l’église (traditionnaliste) Saint-Nicolas-du- Chardonnet, où il avait fait baptiser son premier fils, Jean- Marie (en hommage à Jean-Marie Le Pen).
«Pour des raisons pratiques, et parce que cela me fait plaisir d’accueillir le père Laguerie, j’aurais aimé que ce baptême se fasse à Taverny», confie Alexandre Simonnot, qui s’est ému de cette situation dans une lettre ouverte à l’évêque de Pontoise, Mgr Stanislas Lalanne.
L’abbé Philippe Laguerie, un ancien curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, proche de l’extrême droite
Le Diocèse évoque une situation «gênante» dans la mesure où «un petit enfant est au cœur de tout cela et qu’un baptême doit être source de joie et de fête. L’évêque aurait préféré que ça ne se passe pas par voie de presse. Il a bien reçu le courrier. Il en prend acte et compte régler cette situation. Il semble que les choses se soient mal engagées entre le père Humeau et M. Simonnot et que chacun a campé sur ses positions. C’est dommage».
La personnalité de l’abbé Laguerie, qui officia à Saint-Nicolas-du-Chardonnet (Paris) de 1984 à 1997, est controversée. Ses «connexions avec les personnalités d’extrême droite» sont connues.
Selon Wikipédia, il avait défendu Jean-Marie Le Pen lors de l’épisode du «point de détail» des chambres à gaz. Il a défendu les thèses révisionnistes de Robert Faurisson et il avait célébré une messe pour les obsèques de Paul Touvier, l’ex-fonctionnaire de Vichy condamné pour crimes contre l’humanité.
«Oui, il est proche de la droite nationale, reconnaît Alexandre Simonnot, et comme moi fidèle en amitié.»
«Il a été réintégré par Benoît XVI après avoir été exclu par Jean-Paul II, précise-t-on au diocèse. Son courant fait partie de l’Église. On ne le voit pas dans toutes les paroisses, mais il faut le prendre en compte.»
«À ma connaissance, dans le Val-d’Oise, seule l’église de Belloy accueille la messe traditionnelle», précise Alexandre Simonnot. En cas de refus, il fera baptiser son fils à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, «ou ailleurs».
Contacté, le père Jean-Marie Humeau n’a pas donné suite.