« Tout n’a fait qu’empirer ces derniers mois ». C’est ce que décrit les syndicats du magasin Leclerc. Mardi 18 octobre, une dizaine d’employés ont décidé de déposer plainte collectivement, pour harcèlement, au commissariat de Conflans-Sainte-Honorine. Une décision qui fait suite à plusieurs échanges entre les représentants des salariés et des employés en arrêt de travail. « Nous avons découvert un malaise encore plus profond que nous ne l’imaginions », a indiqué l’Union locale Cgt dans un communiqué.
La réunion a « tourné court »
Selon Hawa B, membre du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (Chsct) et employée au Leclerc, « la dégradation inquiétante de l’état de santé chez certaines personnes nous a convaincus de faire front commun. Plusieurs tentatives de suicide sont à dénombrer. La faute aux conditions humaines et professionnelles déplorables, et le comportement de certains responsables depuis des mois. Malgré nos nombreuses alertes (Ndlr : lire édition du mercredi 18mai), la direction ne s’est jamais remise en question », déplore Hawa. Lundi 17 octobre, une réunion a eu lieu entre les représentants des salariés et la direction. Une « discussion qui a tourné court », selon Hawa, puisque « les dirigeants ont affirmé que la situation désespérée de ces employés ne constituait pas un danger grave et immédiat ». Des propos tenus qui, selon la représentante syndicale, auraient malheureusement conduit l’une des salariées visées à une tentative de suicide. « Quand elle l’a appris, elle a ingurgité de nombreux médicaments. Actuellement, elle est encore à l’hôpital ».
Soixante démissions en deux ans
En mai dernier, une première plainte pour harcèlement sexuel et moral est déposée à l’encontre du Pdg de la franchise, Julien Vegnaduzzo. Selon les dires des employés, les conditions de travail étaient « de plus en plus difficiles », depuis l’arrivée du dirigeant en 2013. Lorsque l’affaire fa été révélée, les représentants du personnel ont démontré, preuves à l’appui, que plus de soixante démissions avaient été dénombrées, sur la période 2014-2015. « Tout ce que l’on espère maintenant, c’est qu’ils entendent raison. Un drame peut survenir à tout moment si aucun changement n’est opéré », conclut Hawa. Malgré de nombreuses sollicitations, la direction du Leclerc n’a pas donné suite à notre appel.