
Philippe Ducreux, référent pour les usages du numérique à Dole et dans le nord Jura, présentait des usages simples d’utilisation au service de la maîtrise des langages.
Les enseignants ont devant eux des élèves qui ont grandi au contact des outils numériques. Présentez-leur un écran tactile, ils auront vite fait d’en trouver les usages. C’est du moins ce qu’on a tendance à imaginer. Philippe Ducreux est professeur des écoles, référent des usages numériques pour la circonscription de Dole et nord Jura. Il fait un constat légèrement différent. Certes, dit-il, les plus jeunes n’ont aucun problème de contact avec les objets technologiques. Mais, entre le choix des destinataires, le renseignement de l’objet, la rédaction du message, un enfant qui paraissait tout à l’heure si habile à converser sur snapchat peut soudain se trouver en échec quand on lui demande d’envoyer un mail !
Invité à présenter des usages du numérique mis en place avec des élèves de la maternelle au CM2, Philippe Ducreux a ainsi commencé par rassurer ses collègues : non, les enfants ne savent mieux faire qu’eux.
Des outils de création
L’atelier était proposé mercredi 16 octobre au collège de l’Arc, à l’occasion de la Journée du numérique dans l’enseignement en Bourgogne et Franche-Comté. L’usage des outils numériques fait bien entendu partie des compétences dont les enfants auront besoin dans leur vie d’adultes. Philippe Ducreux insiste aussi sur les atouts pédagogiques. Face à la machine, un enfant peut procéder à des essais, se tromper sans avoir l’impression d’être jugé et se corriger. Et c’est motivant de produire sur tablette ou sur ordinateur un travail qui pourra ensuite être diffusé.
Nos appareils numériques servent surtout à communiquer. Philippe Ducreux explique qu’il faut, à l’école, les considérer d’abord comme des outils de création. Des enfants de moyenne section sont tout à fait capables de manier une application comme Bookcreator. Ils transforment un livre en un album sonore, qui vient enrichir le « coin écoute » de la classe. Au passage, ils ont acquis le vocabulaire qu’il a fallu réinvestir.
Des enfants un peu plus grands ont utilisé Movie Maker ou iMovie pour publier des définitions qu’ils avaient inventées ou pour associer paroles et illustrations d’une poésie. La démonstration est convaincante : « On a enfin une poésie jouée et non plus ânonné », souligne l’enseignant, heureux d’avoir vu ses élèves progresser :
En se réécoutant, ils s’auto-évaluent ».
Ces exercices, ainsi que les bases du codage que les élèves découvrent également dès l’école primaire, sont l’occasion de démonter l’illusion que la machine agit de façon autonome.
Pour beaucoup d’élèves, l’appareil numérique est un être animé. Par ces réalisations, ils se rendent compte que c’est à l’homme de dire à la machine ce qu’elle doit faire et pas seulement subir ce qu’elle lui propose ».
Moins de bug
Si les jeunes enseignants peuvent être plus à l’aise que leurs aînés pour mettre en œuvre ces directives, Philippe Ducreux souligne aussi l’évolution des outils. Pendant des années, le syndrome du bug a découragé les plus motivés.
Il y avait toujours quelque chose qui ne fonctionnait pas. Aujourd’hui, on n’a plus ce problème ».
Plus non plus besoin de transférer les fichiers d’un appareil à l’autre : « la tablette, c’est le couteau suisse », elle gère aussi bien l’ajout d’un texte que la prise d’images et de sons. Et puis tout ce qu’il a montré peut se lire sur un mobile : « C’est extrêmement rare de rencontrer une famille qui ne possède pas au moins un smartphone ; on n’a plus le problème de la fracture numérique ».
A l’inverse, le respect du programme, la gestion de classes parfois nombreuses ou le manque d’équipement peuvent encore freiner la diffusion du numérique à l’école, mais Philippe Ducreux pose un regard plutôt optimiste :
Les enseignants sont de plus en plus demandeurs et utilisateurs pour des petits projets ».