Une déferlante d’indignation et de colère qui n’est pas près de retomber. Décidée par l’agglomération de Cergy-Pontoise dans une logique d’allègement des coûts, la réduction drastique des créneaux horaires ouverts au grand public dans les quatre petites piscines de l’ex-Ville nouvelle (Osny, Saint-Ouen-l’Aumône, Éragny-sur-Oise et Jouy-le-Moutier) ne passe pas auprès des maires des communes visées. Annoncée le 5 juillet en conseil communautaire, la mesure, dont l’application est prévue pour septembre, a relancé une guerre des piscines qu’on pensait enterrée. Au moins pour un temps.
Alain Richard se fâche
C’était il y a quelques semaines seulement. L’agglo, qui gère les huit bassins du territoire, planifie, en catimini, une fermeture estivale de ses quatre petites piscines. Avant de reculer devant l’ire des élus concernés. Un consensus autour d’une ouverture tous les après-midi d’été est finalement trouvé. Le calme succède aux remous. Un répit de courte durée. Cette fois, c’est aux heures dédiées au grand public que l’agglo s’attaque. Une offensive au bulldozer. À Jouy-le-Moutier, l’ouverture au public tombera de 21h à 5h30. À Éragny-sur-Oise, de 24h15 à 4h30. À Osny, de 29h à 3h15. À Saint-Ouen-l’Aumône de 34h à 5h. Une très sévère mise à la diète rehaussée par une fermeture des quatre bassins les samedi et dimanche. Cette réorganisation, menée « sans concertation », les quatre maires en première ligne s’y opposent. « Je ne suis pas sûr que le débat soit terminé, lâche, très fâché, Alain Richard, le sénateur-maire (Ps) de Saint-Ouen-l’Aumône. On va diviser par six le temps d’ouverture au public, ça produit un recul très substantiel de l’accessibilité. Si cette décision est maintenue, ces piscines ne seront de fait plus accessibles au public. Je ne crois pas qu’on puisse s’en tenir là ».
« On est tous conscients des efforts qui sont nécessaires mais les petits bassins sont victimes de cette réorganisation », regrette Jean-Christophe Veyrine, maire (Dvd) de Jouy-le-Moutier. Thibault Humbert, le maire (Lr) d’Éragny-sur-Oise, lui, s’interroge. Cette nouvelle donne est-elle la chronique d’une mort annoncée ? « Passer à une ouverture à 1/6è, ce n’est pas de la restriction. Il est légitime que certains usagers pensent qu’il s’agit d’une fermeture des piscines ».
À la Communauté d’agglo, on justifie les coupes sombres sur les créneaux dédiés au public par une logique d’économies budgétaires. Les petites piscines n’accueilleraient pas suffisamment de nageurs pour autoriser une plus large ouverture. Selon ses comptages, la piscine de Saint-Ouen-l’Aumône enregistre 450 entrées par semaine en moyenne. Pas assez selon l’agglo. Des chiffres de fréquentation contestés avec vigueur par Alain Richard. « Ces faits sont inexacts ! C’est contraire à la réalité ! ». Selon l’élu, la piscine de Saint-Ouen-l’Aumône a engrangé 27 000 entrées en 2015. « Ce n’est quand même pas zéro !», enfonce l’ancien ministre de la Défense.
Économie
« Les piscines, c’est 7 millions d’euros de dépenses (Ndlr : en 2015, + 15% depuis 2007), explique Dominique Lefebvre, le président Ps de l’intercommunalité. Je comprends bien la problématique des maires, mais nous devons opérer des réductions sur certains postes. Quand on a un maître-nageur pour deux nageurs de manière récurrente… ». Pour l’agglo, la stratégie est double : entraîner les usagers vers les quatre grands bassins du territoire ouverts 7 jours sur 7 tous les jours de l’année, à Cergy, Pontoise et Vauréal afin de gagner en fréquentation et en recettes et installer associations et clubs sportifs dans les petites piscines. « Nous avons une offre de bassins sur l’agglo à condition de se déplacer, poursuit le patron de l’agglo. En implantant les associations dans les petites piscines, on leur assure une pérennité. Le plus simple aurait été de les fermer. Ce redéploiement n’est pas le prélude à une fermeture des piscines. Les créneaux publics ont un coût. Je ne suis pas figé mais nous avons des objectifs à tenir ». Des objectifs dont les piscines d’Osny, Saint-Ouen-l’Aumône, Éragny-sur-Oise et Jouy-le-Moutier feront les frais.
À moins que les quatre maires en colère ne parviennent à adoucir la réduction annoncée. Ils doivent formuler à l’agglo une nouvelle proposition d’ouverture de leurs piscines avant la rentrée de septembre. Si un compromis n’était pas trouvé, l’affaire des piscines pourrait s’envenimer. « On poursuivrait une certaine confrontation », prévient Alain Richard, qui n’exclue pas, dans ce cas, d’en appeler au soutien de la population.