Alea jacta est. La loi travail a été fraîchement adoptée par l’Assemblée nationale après le recours au 49.3, l’article contesté de la Constitution. Mais, d’après les agences d’intérim de Pontoise, les dispositions de la loi El Khomri sont en décalage avec les enjeux actuels du marché de l’emploi. C’était bien la peine !
«Lorsqu’on regarde ce que propose la nouvelle loi, on se dit que c’est à côté de la plaque, tonne une responsable d’agence. La vraie problématique, c’est celle du comportement des intérimaires !» Car le marché de l’emploi, loin d’être dans une forme olympique, montre des signes de reprise.
Hé ho, les jeunes !
«Actuellement nous avons une vingtaine d’offres qui attendent d’être pourvues. Il s’agit de missions de manutention, caristes et chauffeurs livreurs», poursuit cette même responsable. Des emplois qui ne font pas rêver, mais représentent emplois malgré tout. Le secteur de la logistique est en effet celui qui recrute le plus sur Pontoise en ce moment, trustant la plupart des missions dans toutes les agences. Quant au secteur du bâtiment, qui lui aussi recrute, certaines entreprises font le choix d’embaucher à l’étranger. «Un de nos clients fonctionne avec soixante intérimaires : cinquante d’entre eux sont Portugais ou Polonais», cite-t-on comme exemple.
Ainsi, certaines entreprises ont des besoins, mais qu’elles comblent avec de la main d’œuvre étrangère. Des besoins que les agences ont du mal à satisfaire à cause, selon elles, du manque de motivation de beaucoup de candidats. «Il y a un vrai problème de savoir-être chez la jeune génération : ponctualité, engagement, politesse, précise le personnel d’une autre agence. Pour nous, ça devient difficile de répondre aux demandes de nos clients, d’autant qu’on est dans un environnement très concurrentiel à Pontoise.» Et du fait de cette concurrence, les intérimaires sont souvent inscrits dans plusieurs agences et se permettraient ainsi plus facilement de décliner des missions.
Les jeunes Pontoisiens non qualifiés n’auraient donc qu’à pousser les portes d’une des nombreuses agences du centre-ville pour trouver du travail. Pour peu qu’ils fassent preuve de motivation et ne se défilent pas dès la première semaine. Cependant, cette tendance à préférer le régime de l’intérim n’est pas propre à la jeunesse.
Tendance générale
«Certains pratiquent ce qu’on appelle de l’intérim “professionnel” et refusent un CDI quand on leur propose, explique-t-on dans une autre agence. Ces candidats font simplement le choix de la flexibilité, malgré les contraintes de l’intérim.» Le choix plutôt que l’embarras du travail. Le cas de Pontoise illustre donc une autre réalité du marché de l’emploi, qui n’est pas au plus mal comme peut le laisser entendre le taux de chômage. Ceci étant, il existe peut-être une autre conception du travail qui se dessine dans la société française, et qui s’exprime via cette tendance observée à Pontoise.
Alexandre FOATELLI