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La passion de Claire

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Claire Beugnot, restauratrice spécialisée dans les textiles, a passé 72 jours, aidée  d’une consœur venue de Bretagne, à restaurer la Sainte Tunique d’Argenteuil. Du travail d’orfèvre !
Claire Beugnot, restauratrice spécialisée dans les textiles, a passé 72 jours, aidée d’une consœur venue de Bretagne, à restaurer la Sainte Tunique d’Argenteuil. Du travail d’orfèvre !

«J’ ai réfléchi trois secondes et j’ai bousculé tout mon calendrier. C’est un projet fabuleux.» Janvier 2016, Claire Beugnot reçoit un appel qui va chambouler sa vie. À l’autre bout du fil, la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) qui invite cette restauratrice d’antiquités, spécialisée dans les textiles et conseillère municipale de Cergy, à une mission aussi périlleuse que sacrée : la restauration, en vue de son ostension prévue fin mars, de la Sainte Tunique d’Argenteuil, ce vêtement porté selon l’Église par le Christ juste avant sa mort.

Dévotion et recul

«La seule question, c’était de savoir si la restauration était possible dans le temps imparti». L’obstacle du délai express levé, Claire Beugnot enfile sa blouse et se consacre tout entière à sa tâche. Avec une dévotion mâtinée de recul. «Quand je passe ma blouse, c’est une simple tunique que j’ai devant moi, ce n’est plus la Sainte Tunique d’Argenteuil. Pour bien travailler, il faut garder une distance», assure la quinqua.

Il aura fallu plus de 72 jours et une précision chirurgicale pour restaurer cette icône le plus souvent roulée dans son reliquaire et dévoilée seulement deux fois par siècle aux yeux du monde. «Elle est très fragmentaire. Le tissu est constellé de trous mais il n’est pas en si mauvais état, explique la spécialiste. C’est le support du XIXe siècle sur lequel elle est posée qui était le plus difficile à restaurer». Un support en satin qui s’effacera finalement au profit d’un tissu en laine sombre. Un travail d’orfèvre que cette croyante évoque avec une passion que le Christ n’aurait pas reniée, espérant une plus grande reconnaissance pour un métier encore méconnu.

La controverse sur l’authenticité de la Sainte Tunique d’Argenteuil, confectionnée entre 530 et 640 après J.C. selon une datation au carbone 14 réalisée en 2004, ce n’est pas vraiment l’affaire de Claire Beugnot. «Ce que je peux dire, c’est que c’est une vraie tunique, sourit-elle. Pour le reste, je ne tranche pas. Elle peut aussi bien être du Ier que du VIe siècle. Mais pour moi, ce n’est pas important. Ce qui l’est, c’est que des milliers de fidèles sont venus la voir. Elle est le témoignage de la miséricorde du Christ. C’est une icône. Elle a une importance spirituelle mais aussi patrimoniale». Patrimoine exceptionnel ou authentique relique, qu’importe. La Sainte Tunique restera à jamais associée à Claire Beugnot. Celle qui a su lui redonner une sacrée tenue.


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