Ambiance tendue lors du dernier conseil municipal le 10 février. Avant le vote du budget, le premier point de l’ordre du jour était en effet l’éviction de leurs fonctions d’adjoints de Nathalie Marchal (Dlf) et Jean Théodorou (Lr).
La première s’était déjà vue ôter sa délégation à l’éducation et aux activités périscolaires par arrêté du maire. Le second, par le même arrêté, avait perdu sa délégation au patrimoine, à l’urbanisme et au développement urbain.
«Il ne s’agit pas d’une sanction politique», a affirmé Grégoire Dublineau (Lr). Mais le maire s’est refusé, au terme pourtant d’une longue intervention, à donner la moindre explication à cette décision, qui à ses yeux «relève du débat interne».
Jean-Pierre Enjalbert, maire de Saint-Prix et président d’honneur de Dlf 95, dont Nathalie Marchal est proche, y voit quant à lui lui «un coup porté au respect mutuel des formations de la droite valdoisienne».
«Surprise, comme beaucoup de parents et directions d’écoles, et profondément touchée», Nathalie Marchal a demandé des explications au maire, estimant qu’il s’agit d’une «atteinte à [son] honneur».
Mais le maire ne fera «pas de commentaires» à l’issue de la longue intervention de l’adjointe.
Dans un communiqué, l’ex-adjointe se dit «profondément attristée par cette décision qui adresse un mauvais message à nos concitoyens attachés à l’union et au rassemblement. Nous nous sommes présentés unis pour Eaubonne dans une liste “Une Ambition Partagée”, avec nos sensibilités diverses, nos appartenances à des formations politiques différentes. Aujourd’hui qu’en est-il ? Je regrette profondément cette dérive inquiétante, déjà trois adjoints. Qui d’autre demain ? Je me suis toujours engagée pour ma ville et ses habitants. Je ne comprends pas les motivations de cette éviction. M. le Maire n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Je suis une femme de valeurs et de convictions, et je continuerai à défendre les intérêts des Eaubonnais qui continuent à me faire confiance.»
Trois adjoints écartés depuis le début du mandat
«Où est l’équipe unie et solidaire dont vous vous prévaliez durant la campagne ?» a raillé de son côté Bernard Le Dûs, conseiller municipal du groupe d’opposition de gauche “Eaubonne notre ville”. «Avec le départ du Dgs, et de trois adjoints en moins de deux ans, cela fait beaucoup et cela nous fait douter de votre capacité à animer une équipe.»
«Des propos bassement polémiques», a réagi le maire.
«Autoritarisme»
Jean Théodorou s’est quant à lui dit «heureux» de «reprendre [sa] liberté de parole», évoquant le «dirigisme et l’autoritarisme exacerbés. Le chapitre de la chambre d’enregistrement des décisions prises par une seule et unique personne est pour moi définitivement clos».
Il a conclu en demandant à ses collègues l’inscription en zone naturelle du bois du Luat -dont il a fait un combat depuis plusieurs années- lors de la révision du Plu. Le maire affirme de son côté que «le bois du Luat doit être pleinement protégé. On n’y touchera pas».
Jean Théodorou reprend sa «liberté de parole»
La majorité n’a pas voté comme un seul homme. Il y a eu visiblement au vu des résultats des élus qui n’étaient pas d’accord avec le choix de virer ces deux adjoints. À bulletin secret (avec passage dans l’isoloir), les élus ont voté, par 20 voix, contre le maintien de Nathalie Marchal dans ses fonctions (5 pour et 9 blancs). Pour Jean Théodorou : 19 contre son maintien, 8 blancs et 6 pour. La réattribution des délégations ferait encore l’objet selon le maire de «discussions».
Jean Théodorou et Nathalie Marchal se réservent maintenant la possibilité d’attaquer la décision du conseil municipal devant le tribunal administratif. «Cela obligerait le maire à donner enfin une explication. C’est quand même une sanction, il faut que ce soit motivé», insiste Nathalie Marchal.