Le prolongement de l’A104. Un projet dans les cartons de l’État depuis plus de cinquante ans, et qui suscite toujours autant l’incompréhension et la colère, notamment chez les membres du Collectif pour la protection des riverains de l’autoroute A104 (Copra 184), créé il y a 25 ans. Et si ce dossier a été requalifié en «seconde priorité» par le gouvernement en juin 2013, le prolongement de 22 km de l’autoroute reste toujours d’actualité. C’est pour cette raison que les dirigeants du Copra 184 sont venus à Conflans, jeudi 4 février, pour réitérer leur volonté de faire annuler le projet.
En effet, selon les membres du collectif, ce “tracé vert“ serait, d’un point de vue économique et écologique, «un échec majeur et totalement inutile. Ce projet est inconcevable, car il modifierait significativement le paysage traversé. Des poumons verts seraient entièrement détruits, s’insurge Victor Blot, fondateur du collectif, qui assure que si la situation n’évolue pas dans le bon sens, elle ne pourra que se radicaliser.»
«Cour européenne»
«Certains élus n’ont pas encore réalisé toutes les incidences que ce prolongement risque d’avoir sur les personnes concernées. C’est une aberration», insiste Laurent Lantoine, porte-parole du mouvement. D’ailleurs, le collectif envisage sérieusement de mener des actions en justice. «Si l’autorité prend, un jour, la décision de prolonger l’A104, ce sera un crime contre l’humanité. Nous irons jusqu’au bout des possibilités juridiques. Jusqu’à la Cour européenne de justice s’il le faut», insistent-ils.
En novembre dernier, les membres du collectif ont réalisé un court métrage, dans lequel ils ont exposé les conséquences du prolongement de l’A104.
«300 000 personnes subiraient l’impact de la pollution atmosphérique», explique Laurent Lantoine. De plus, si ce tracé vert devait apparaître un jour, il générerait, selon le maître d’ouvrage du projet, 28% d’émissions de gaz à effet de serre supplémentaires alors que, lors de la Cop 21, qui a eu lieu en décembre dernier, les objectifs fixés pour réduire le réchauffement climatique à deux degrés comprenaient notamment une baisse de 27% de ces émissions. «C’est un contresens total, analyse Victor Blot. Il faut améliorer ce qui existe déjà.» De fait, plusieurs solutions alternatives sont envisagées par le Copra 184, à savoir : la mise à plat d’un nouveau tracé vert, «qui doit être non urbanisé. Mais cela risque d’être très difficile», explique Christiane Paravy ; l’amélioration de la Rn184, de l’échangeur avec l’A15 jusqu’au carrefour de la D190, ce qui permettrait notamment de «désenclaver la ville de Saint-Germain-en-Laye, victime de nombreux bouchons dès l’entrée de la ville», explique Laurent Lantoine ; l’accélération du projet ferré de Tangantielle Ouest (Tgo), ainsi que le développement du report modal fluvial et ferré. Si ce prolongement de 22km, situé entre Méry-sur-Oise et l’échangeur Poissy-Orgeval devait voir le jour, dix communes seraient concernées : Méry-sur-Oise, Pierrelaye, Herblay, Éragny-sur-Oise, Saint-Ouen-l’Aumône, et dans les Yvelines, Conflans, Achères, Carières-sous-Poissy, Poissy et Orgeval seraient directement touchées par ce tracé. «C’est un aspirateur à voitures. Ajouter des voies ne va faire qu’accroître le nombre de véhicules sur les routes. Privilégier les transports en commun reste pour l’instant la meilleure solution», conclut le Copra 184.
Maxime LAFFIAC