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L'oeil d'Ovale Masqué sur... Racing 92 - Stade Toulousain

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Pour le Racing 92, on se demande encore comment on a pu perdre face aux mangeurs de cassoulet...

Pour le Racing 92, on se demande encore comment on a pu perdre face aux mangeurs de cassoulet… (©Icon Sport)

Vous vous souvenez de la dernière fois où vous avez vraiment attendu un match de rugby ? Où vous avez compté le nombre de dodos restants avant la rencontre ? Où vous avez senti l’excitation monter à mesure que l’heure du coup d’envoi approchait ? 

En tout cas, ce n’était probablement pas à l’occasion d’un match du XV de France. Mais peut-être que dimanche, avant ce Racing 92 – Toulouse, vous avez ressenti cette atmosphère particulière. En effet, toutes les conditions étaient réunies pour voir un grand match : un 1/4 de finale de Champions Cup, avec d’un côté un Stade Toulousain au sommet de son art et qui n’a plus perdu un match depuis le début de la puberté de Romain Ntamack. De l’autre un Racing 92 qui, il faut bien l’avouer, produit lui aussi régulièrement du beau spectacle depuis que le chéquier de Jacky Lorenzetti, Laurent Labit et Laurent Travers ont su faire évoluer un style de jeu autrefois bien austère.

Lire aussi : Champions Cup. Les cinq stats qui tuent de l’incroyable performance du Stade Toulousain

Finalement, il ne manquait que cette météo printanière qui fait le charme des matches de phases finales pour que tout soit parfait. Las, à défaut des premiers rayons de soleil, on a dû se contenter des lance-flammes, des projecteurs et des spots laser qui nous rappellent que le mauvais goût n’est pas mort en même temps que les années 80.

La compo (à partir de la 26e minute)

La composition du Stade Toulousain contre le Racing 92.

La composition du Stade Toulousain contre le Racing 92. (©Ovale Masqué)

Le film du match

5e : Les Toulousains sont les premiers à se montrer dangereux avec Mauvaka qui passe au contact pour Gray, qui réussit à son tour à servir Médard avant de tomber au sol. L’ailier est lancé dans l’intervalle mais Finn Russell réussit à le stopper avec une cuillère.

6e : Quelques temps de jeu plus tard, le Racing réussit à récupérer le ballon dans un ruck grâce à un bon contest de Chavancy. Teddy Thomas hérite du ballon et délivre un splendide coup de pied qui fait reculer les Toulousains de 5 bons mètres. Parce que sur un terrain synthétique, c’est carrément une bonne idée de donner des ballons de relance à Kolbe à 30m de l’en-but. L’arrière sud-africain échappe au plaquage de Thomas mais finit par être plaqué. Les Stadistes continuent de jouer, Guitoune croise avec Médard, qui s’infiltre dans la défense et remet à l’intérieur pour Dupont. Le demi de mêlée accélère, fume Zebo à la course et va déjà marquer le premier essai du match. 0-7.

Il a l'air bien ce remake de Godzilla vs King Kong.

Sinon, on a aussi eu le droit à un remake de Godzilla vs King Kong. (©ERCC)

10e : Le Racing est un peu vexé par ces Toulousains qui se sentent décidément un peu trop à l’aise dans leur super-gymnase. La réaction ne se fait pas attendre avec un lancement de jeu consécutif à une mêlée. Thomas est servi sur son aile et réussit à transmettre au contact pour Vakatawa, qui est repris par Dupont à une dizaine de mètres de la ligne. La suite de l’action ne donne rien mais l’arbitre revient à une pénalité pour hors-jeu. Machenaud la passe, 3-7.

15e : Encore un ballon arraché dans un ruck par Chavancy. Le plan de jeu du Racing 92 étant clairement « donnez le ballon à Russell, Vakatawa et Nakarawa et attendez de voir ce qu’ils font », le pauvre Henry est réduit au rôle de 4e flanker et passe sa vie à plaquer et à mettre la tête dans les regroupements. Mais sur ce coup-ci, il se met à la faute. À 40m des perches, Holmes tente la pénalité mais ne trouve pas la cible.

18e : Dimitri Szarzewski rate un lancer en touche. Le type a 40 ans et n’a toujours pas progressé sur ce secteur de jeu ce qui, malheureusement, nous incite à être assez pessimiste sur l’avenir de Camille Chat.

Et si c'était ça le secret de la réussite ? Jouer un 1/4 de Champions Cup comme si c'était un tournoi de Beach Rugby ?

Et si c’était ça le secret de la réussite ? Jouer un 1/4 de Champions Cup comme si c’était un tournoi de Beach Rugby ? (©ERCC)

20e : Toulouse monopolise le ballon depuis le début de la rencontre. Altruiste, Zack Holmes décide de le prêter et se fait intercepter. Finn Russell capte le ballon, jette un coup d’œil à sa droite et tape un joli coup de pied à suivre sur l’aile de Teddy Thomas. L’ancien Biarrot est plus rapide que Guitoune et va marquer en coin, non sans nous offrir une célébration à la Kylian Mbappé (après nous avoir fait Cristiano Ronaldo il y a quelques semaines). Des détails qui semblent indiquer que Teddy passe beaucoup de temps à jouer à FIFA 19, ce qui est une grosse surprise, tant nous étions nombreux à l’imaginer en lecteur assidu de Dostoïevski. Tout en coin, Machenaud parvient à transformer, 10-7.

23e : Après Thomas, au tour de Zebo de briller. L’Irlandais est à la réception d’une chandelle et élimine Tauzin avec ses appuis et sa vitesse – deux atouts qu’il possède donc toujours, malgré le fait que, morphologiquement, il ressemble de plus en plus à Rico Januarie. Peut-être que, tel Kirby, il aspire de l’air et gonfle à chaque fois qu’il prend un vent en défense ? 

Mais revenons à l’action qui nous intéresse. Le brave Simon s’échappe le long de la ligne de touche avant de se faire déséquilibrer, et sert Imhoff acrobatiquement. Et là, boum, le joueur se fait arrêter net par un tampon de Zack Holmes. L’Argentin hurle à la mort, lève les bras au ciel, lance un regard désespéré en direction de l’arbitre puis entame la rédaction d’une pétition pour qu’Holmes soit expulsé. L’action est examinée longuement à la vidéo, et la sanction tombe : carton rouge.

Lire aussi : Carton rouge de Zack Holmes. Cela s’embrase sur Twitter

Sur ce genre de plaquage, qui ne semble pas malicieux mais qui est effectivement dangereux, tout le monde a son avis. Il suffit de taper « Holmes » dans la barre de recherche Twitter pour lire tout un tas de qualificatifs qui vont de « logique » à « sévère », « scandaleux » ou encore « mange tes morts l’arbitre ».

Le plus choquant restant quand même de voir un 10 australien réussir un plaquage.

Le plus choquant restant quand même de voir un 10 australien réussir un plaquage. (©ERCC)

Personnellement, je suis très soucieux de la santé des joueurs. Mais je suis beaucoup moins préoccupé par le sujet de la santé des joueurs du Racing 92. À la place des officiels, j’aurais sorti un carton rouge, mais pour Juan Imhoff, juste parce que sa tête ne me revient pas. Donc de toute évidence, mon avis n’a que très peu de valeur, et vous feriez mieux de vous rediriger vers quelqu’un d’un peu moins partial.

26e : Dans la foulée de l’expulsion, Machenaud tente la pénalité. C’est raté. Côté toulousain, François Cros cède sa place. Sébastien Bézy va rentrer à la mêlée et Antoine Dupont passer au poste de n°10. Notez que Holmes quitte la pelouse avec de belles stats : 1 pénalité ratée, 7 points offerts sur interception et un carton rouge. Un bilan qu’on pourra qualifier d’équivalent à celui de Jacques Brunel à la tête des Bleus.

29e : Malgré le rouge, le Stade Toulousain continue de tenir le ballon et de faire de belles choses avec. Le Racing 92 souffre, se fait pénaliser une première fois, puis une deuxième. L’arbitre sort le carton jaune et c’est Teddy Thomas qui sort. Ça ne devrait cependant pas avoir un gros impact sur la partie car il arrive fréquemment que Thomas ait des absences d’une dizaine de minutes pendant les matches.

31e : Nouvelle offensive toulousaine. Ntamack envoie une longue sautée sur l’aile de Tauzin. Le champion du monde U20 enrhume Zebo puis envoie une chistera à l’aveugle digne d’un épisode d’Olive et Tom (si Olive et Tom jouaient au rugby). Le ballon atterrit directement dans les mains de Guitoune, qui apparemment s’attendait à recevoir cette passe, ce qui est presque le truc le plus fou dans cette action. Sofiane nous sort sa magie habituelle et élimine à la fois Vakatawa et Zebo d’un coup de rein, avant de passer pour Médard qui file aplatir dans l’en-but. Qu’on soit Toulousain, Racingman, Clermontois ou Mandarin, il faut bien le dire, c’est magnifique. La transfo est manquée, 10-12.

Tauzin n’a que 20 ans et il semble extrêmement talentueux. Tout ce qu’on lui souhaite, c’est d’être sélectionné en équipe de France le plus tard possible, pour éviter qu’il devienne subitement nul.

Tauzin n’a que 20 ans et il semble extrêmement talentueux. Tout ce qu’on lui souhaite, c’est d’être sélectionné en équipe de France le plus tard possible, pour éviter qu’il devienne subitement nul. (©ERCC)

34e : Comme à chaque fois qu’ils sont déstabilisés, les Racingmen abandonnent les grandes envolées et se remettent à faire du jeu à une passe et du pick an go. Une tactique qui leur permet de pilonner la ligne toulousaine et même de la franchir – mais après appel à la vidéo, impossible de savoir si un alto-sequanais a pu aplatir. On appelle ça un essai à l’italienne, et ça vaut 0 point.

35e : Sur une mêlée à 5m de l’en-but, les Racingmen poussent fort mais oublient le ballon en route. Derrière, Toulouse fait ce que toute équipe censée ne ferait jamais de la vie, et relance de 90 mètres. Bezy passe pour Guitoune, qui fusille encore Russell avec un crochet, avant de passer à Tauzin, qui transmet à Kolbe, qui élimine un défenseur et tape à suivre dans le fond du terrain. Vakatawa est le premier sur le ballon mais a été forcé à le rentrer dans son propre en-but. Mêlée à 5 pour Toulouse.

36e : Après quelques temps de jeu devant la ligne, Dupont hérite du ballon et se retrouve en face de Russell. Le demi d’ouverture contourne ce plot vêtu d’un kilt avec aisance et va marquer le troisième essai toulousain. 19-12. Et ça fait 12 points encaissés depuis le carton jaune de Thomas. 

39e : On a vraiment pas le temps de souffler dans ce match, et c’est tant mieux puisqu’à chaque arrêt de jeu la sono de l’Arena envoie des chants de supporters qui semblent être aussi fantômes que la défense de Finn Russell. Les Racingmen profitent d’un en-avant des Toulousains pour bénéficier d’une mêlée bien placée. Machenaud éjecte pour Chavancy, qui sert Imhoff en plein intervalle… et l’Argentin dégueule le ballon de façon si spectaculaire qu’on croirait presque qu’il essaye de se foutre de la gueule de Wenceslas Lauret. La mi-temps est sifflée après ce dernier coup d’éclat.

Pour souffler un peu, je vous offre ce GIF d'un Yoann Huget pensif et mélancolique comme dans un film d'auteur français avec Louis Garrel.

Pour souffler un peu, je vous offre ce GIF d’un Yoann Huget pensif et mélancolique comme dans un film d’auteur français avec Louis Garrel. (©ERCC)

43e : Nouvelle action chaude pour le Racing avec un offload de Vakatawa qui décale Thomas le long de la ligne. L’ailier pique un beau sprint et se fait reprendre de justesse en deux temps, par Bezy puis Médard. 

47e : Ce sont les Ciel et Blanc qui monopolisent désormais le ballon : ça commence enfin à se voir que l’équipe en face est à 14. Cette dernière se met à la faute, et Machenaud ajuste la pénalité, 13-19.

49e : Nouvelle grosse percée, cette fois-ci par Gomes Sa, un type avec un physique de centre qui joue pilier, soit l’exact inverse de Mathieu Bastareaud. Sur l’action, l’arbitre demande la vidéo pour examiner un éventuel mauvais geste de Guitoune sur Zebo. Fausse alerte, l’Irlandais prend juste les mêmes cours d’acting que Juan Imhoff.

Le mec est scandalisé comme si on venait de lui voler son kebab sous ses yeux.

Le mec est scandalisé comme si on venait de lui voler son kebab sous ses yeux. (©ERCC)

54e : Ça chauffe de plus en plus pour le cul des mangeurs de cassoulet. Dupont sauve une action avec une interception, mais l’arbitre revient à un avantage. Machenaud passe trois points de plus, 16-19.

58e : Nouvelle action un peu folle où le ballon file des deux côtés du terrain. Thomas s’illustre à nouveau avec une relance et un coup de la toupie qui envoie Ramos et Guitoune dans le décor.

C'EST LA TOUPIE !

C’EST LA TOUPIE ! (©ERCC)

60e : On se repose enfin un peu avec une séquence de jeu plus hachée et une série de mêlées rejouées. La régie de l’Arena réussit presque à nous faire détester Queen en passant We will rock you en boucle, ce qui tend à prouver que ce club peut décidément avilir les plus belles choses de ce monde.

64e : Teddy Thomas sort sur blessure, après avoir réalisé une partie qui résume parfaitement le joueur qu’il est. En compilant toutes ses actions, un youtubeur aguerri pourrait réussir à le faire passer soit pour le meilleur joueur du monde, soit pour le pire.

66e : Les Balkany-Boys sont de retour dans les 22m et pilonnent la ligne avec du jeu direct. Jusqu’au moment où Machenaud balance une passe en plein dans les mains de Sofiane Guitoune, qui accélère, résiste à un plaquage et transmet à Kolbe, qui passe à Tauzin, qui nous sort une nouvelle chistera pour Bezy. Imhoff (qui aura fait un match sacrément dégueulasse) se rend coupable d’une grossière faute au sol et prend un carton jaune. Ramos en profite pour rajouter 3 points, 16-22.

73e : Les Toulousains touchent le ballon une fois toutes les 10 minutes, mais à chaque fois qu’ils le font ça donne une occasion d’essai. Cette fois, c’est le trio Ahki – Guitoune – Kolbe qui transperce la défense des Franciliens. Ceux-ci sont encore sauvés par Chavancy, le Steffon Armitage blanc qui porte des pulls noués autour des épaules.

75e : Pénalité en faveur du Racing 92, qui tape en touche. Arnold parvient à contrer le ballon, qui retombe sur Kolbe. Il semble un peu surpris et relâche le cuir. Chat bondit dessus et fonce vers l’en-but, en traînant Kolbe derrière lui sur plusieurs mètres, comme un cowboy traînant un bandit attaché à son cheval dans un western. Tout en coin, Machenaud rate la transfo qui aurait pu donner l’avantage aux siens, 21-22.

Belle imitation d'Odile Deray dans la Cité de la Peur.

Belle imitation d’Odile Deray dans la Cité de la Peur. (©ERCC)

76e : Les supporters toulousains sont sous assistance respiratoire, on croirait voir le XV de France au bout d’1/4 d’heure de jeu à Twickenham. Volavola, Nakarawa et Vakatawa actionnent le mode rugby à 7 et enchaînent les passes. Le trois-quarts centre parvient à percer et se fait plaquer et pousser en touche in extremis par Bézy. Bézy qui d’ailleurs réalisé un très gros match défensivement, c’est bien de le dire entre deux enflammades sur les performances d’Antoine Dupont. 

77e : Sur la touche, Arnold ne réussit pas à capter le ballon, qui tombe dans les mains de Ryan. Le seconde ligne irlandais est arrêté juste devant l’en-but. Machenaud éjecte pour Nakarawa, qui lui parvient à franchir la ligne et à marquer l’essai. Mais avant que quiconque ait le temps de se jeter dans la Garonne, l’arbitre demande la vidéo. Sur la touche, Nakarawa a fait une faute en touchant le bras d’Arnold. L’essai n’est pas accordé, pénalité pour Toulouse. 

78e : Les Toulousains jouent la touche, partent sur un ballon porté et décident de dégager le ballon au fond du terrain. Parce que donner une dernière possession au Racing 92 alors que ton équipe craque de partout semble être une bonne idée.

80e : Les Racingmen multiplient les temps de jeu, mais les Toulousains défendent avec autant de hargne et de rage que si on leur avait dit « les rillettes de canard, c’est surcôté ». Richie Gray réussit à arracher le ballon des mains de Volavola. Les Rouge et Noir tentent de conserver en faisant des petits tas, et finalement, les locaux se mettent à la faute. Fin du match, victoire du Stade Toulousain 21-22.

Grosse ambiance dans le RER A au moment où Teddy Thomas rentre chez lui.

Grosse ambiance dans le RER A au moment où Teddy Thomas rentre chez lui. (©ERCC)

C’est donc Toulouse qui ira défier le Leinster en demi-finale, les Dublinois ayant remporté leur 1/4 de finale contre l’Ulster (un superbe match aussi, par ailleurs). Et c’est bien mérité pour les Rouge et Noir qui ont réalisé une première période vraiment sublime. Après la pause, ils se sont surtout contentés de défendre, mais leurs éclairs d’audace ont été récompensés, à l’image de cette contre-attaque de 80 mètres qui leur a offert trois points, juste de quoi devancer les Racingmen au score en fin de partie.

Et s’il est de bon ton de se moquer du Racing, j’aimerais quand même les féliciter, car il faut deux belles équipes pour voir un bon match de rugby. J’aimerais aussi saluer Jacky Lorenzetti d’avoir élaboré une salle de spectacle et une pelouse qui semblent avantager systématiquement tous les rivaux des Ciel et Blanc. C’est une preuve de belle générosité : on reconnaît bien là l’homme qui s’était proposé pour sauver le Stade Français !


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