
Une cinquantaine d’habitants de Flers et ses alentours ont visité la mosquée, construite en 2003. (©L’Orne Combattante)
« Les gens passent devant la mosquée, mais n’osent pas faire le pas. Pourtant, ici, on peut venir discuter, boire un café, s’asseoir, sans que personne ne vous dise rien. Au contraire, vous serez très bien accueilli. » Comme chaque année, la mosquée de Flers ouvrait ses portes ce dimanche 24 mars, en partenariat avec l’Office de tourisme de Flers Agglo.
Nous étions une cinquantaine de curieux venus découvrir les lieux, guidés par les bénévoles de l’Amicale Franco-turque, association présidée par Selçuk Bilici. Chaque jour, 200 personnes y sont reçues.
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Construite en 2003
L’association, fondée en 1980, avait jusque-là pris ses quartiers rue de l’Agriculture, dans un local prêté par la municipalité. Jusqu’à 2003, quand l’amicale franco-turque construit le bâtiment, rue du Pont-Féron. « Avec seulement des dons des adhérents, et aucune subvention de l’État », souligne Subay Sahin, vice-président de l’association.
Véritable lieu de vie, le lieu est ouvert jour et nuit, du lundi au dimanche.
600 familles
Avec 30 animations par an, 600 adhérents (comprenez, 600 familles), un bureau de 30 personnes… « Ici, ça tourne comme une mini-entreprise. » En tout, près de 3 000 personnes fréquentent l’association. « C’est l’une des plus grandes en Normandie. »
Pour lancer la visite, les bénévoles nous accueillent au salon de thé de la mosquée, the place to be de la mosquée. « Celui qui arrive vient directement là, c’est là que tout se passe. C’est une pièce de vie », expliquent-ils.
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Des services
La visite se poursuit au Bizim Market, une épicerie proposant principalement de la nourriture turque. Plus loin, une fenêtre attise notre curiosité. « De temps en temps, des plats à emporter sont proposés », développe Subay Sahin. « C’est comme le McDo », lance un visiteur.
Nous voilà ensuite dans une grande pièce : la salle d’activités, où des animations sont régulièrement organisées. « Les activités sont à 75 % pour les enfants, c’est comme un centre aéré. » À l’intérieur, nous découvrons un adhérent, en pleine coupe. « Le coiffeur permet de dépanner les gens qui n’ont pas le temps d’aller chez le coiffeur après le travail. »
Quelques escaliers plus tard, dans les étages du bâtiment, l’ambiance est plus studieuse. Dans les salles de classe, de jeunes filles apprennent à lire le Coran. « On propose aussi des cours de soutien scolaire », précise Subay Sahin.
La mosquée en questions
La visite se termine au cœur de la salle de prière, l’endroit le plus attendu des visiteurs. Le rez-de-chaussée est réservé aux hommes, la mezzanine aux femmes. En chaussettes sur la moquette bleue, nous découvrons les murs ornés de faïences, avant d’écouter un verset et l’appel à la prière de l’imam, tout spécialement pour nous.
L’homme, le « référent de notre religion » a bénéficié des longues études, équivalentes un bac + 8. Il connaît par cœur les 600 pages et 6236 versets du Coran.
« Le connaître, c’est une chose, mais il connaît aussi la traduction de l’arabe au turc. Certains se demandent pourquoi il y a plusieurs mosquées à Flers, tout simplement pour que la prière soit comprise », explique Subay Sahin.
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Mariage, décès, fréquence quotidienne des prières… Vient ensuite le temps des questions-réponses, abattant certains préjugés. « Je pensais que les femmes n’avaient pas le droit de rentrer dans une mosquée », avoue une des visiteuses.
Avant de revenir au salon partager café français et thé turc, Subay Sahin prolonge le message d’ouverture de la communauté turque aux autres : « Certains pensent qu’être français et turc n’est pas compatible, mais ça l’est. Pour ma part, je me sens autant l’un que l’autre. Notre lieu est ouvert à tous. »
Rendez-vous le 27 avril pour la fête des enfants.








