
Éliane, Lucile, Marie-France et Nicole (de gauche à droite) vivent en béguinage.
Cette résidence rue de la Terre-Noire à Quimper a beau s’appeler le béguinage Saint-Corentin et s’inscrire dans une dimension chrétienne, un seul prêtre en retraite y a élu domicile sur 21 habitants.
L’ouverture remonte à juin 2015. Le bâtiment encore tout neuf comprend 20 appartements (T2 et T3), deux chambres pour recevoir des proches, une salle polyvalente commune, un petit jardin et un oratoire.
« Pour vivre ici, il faut être en accord avec les valeurs chrétiennes de partage, de respect et de solidarité », indique Marie-France. Elles sont précisées dans la charte de la résidence. Celle-ci est gérée par l’association Vieillir ensemble. Tous les occupants (18 femmes et 3 hommes) en sont membres.
Autonomie
Marie-France explique pourquoi elle a choisi cette forme d’habitat groupé :
Auparavant, je vivais seule dans ma maison. J’étais bien entourée. Le béguinage permet de rester maître de ma vie, de mes projets et d’être dans une démarche dynamique.
La moyenne d’âge des résidents est de 79 ans. Tous sont cependant autonomes. « Je suis venue habiter ici car j’apprécie les échanges. Et puis, chez moi, il y avait tout un tas de choses à entretenir et à mon âge, cela commençait à devenir difficile », confie Nicole, 72 ans.
Parmi les quatre femmes, réunies cet après-midi-là dans la salle commune, aucune ne se voyait aller en maison de retraite. « Dans ces établissements, les prix sont très élevés et le montant de nos retraites ne permet pas forcément d’y aller. Ici, le loyer est raisonnable. Le côté spirituel m’a également décidée à m’installer ici », dit Lucile, 68 ans.
Débats et projets
Dans cette résidence, la bienveillance fait partie des règles de vie. La solidarité aussi. Mais ces principes n’échappent pas aux points de vue des uns et des autres ni à leur caractère. Éliane, 82 ans, confie :
La vie en collectivité se révèle parfois un peu plus compliquée qu’on pouvait l’imaginer. Chacun peut avoir de bonnes intentions, mais il arrive de rencontrer des difficultés. Cela engendre des débats puis un peu plus tard, de la réconciliation.
Chaque semaine, les résidents se retrouvent pour discuter, échanger. Une fois par mois, ils partagent un repas.
À la fin de l’hiver, les discussions ont pu porter sur l’aménagement du jardin. « Tout le monde est d’accord pour avoir un potager. Mais qui fait quoi ? Que plante-t-on ? Met-on, ou non, nos outils en commun ? », dit Nicole, 72 ans. Mêmes questions pour l’entretien de la salle commune ou le lancement de projets nouveaux. L’envie est là ; les forces, un peu moins. « À l’âge que nous avons, nous pouvons nous sentir plus fragiles. Mais nous essayons de trouver des solutions, de continuer à faire des projets », conclut Marie-France.