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Lewarde. Le Centre Historique Minier creuse à fond la thématique sanitaire

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La sortie de la fameuse mine.

La sortie de la fameuse mine.

Lewarde (Nord), commune au sud-est de Douai est célèbre depuis 1984 par les trois sous-ensembles de son Centre minier, complétés en 2002 par 4 000 m2 en alu et verre dédiés aux services (accueil, amphi, cafétéria…), remarquablement bien intégrés dans les édifices de brique.

D’abord, l’entité la plus spectaculaire : la galerie de mine reconstituée, dans des bâtiments de béton en forme de U, sous le « triage » (tâche des femmes, jadis : les « cafus » ou « cribleuses ») et le « moulinage », eux-mêmes surplombés des deux hauts chevalements métalliques d’origine.

Ensuite, le « carreau » et le « jour » : édifices industriels des années 1930, le long de la route, contenant les expositions permanentes : bureaux (des géomètres par ex.), géologie (la Carbonifère), « salle des pendus » (vestiaire et douches), histoire de trois siècles d’épopée minière (1720-1990), d’est en ouest, depuis les premiers fonçages des puits de charbon de Fresnes et Condé-sur-Escaut (frontière belge) jusqu’à Enquin-les-Mines (près de Thérouane).

Enfin, la Verrière des machines et des compresseurs, à l’arrière des salles d’expositions temporaires.

Michel guide les visiteurs.

Michel guide les visiteurs. (©Jean-Louis Pelon/Lille Actu)

Le coût humain du Progrès

En ce moment, en voici une sur « La santé dans les mines du Nord-Pas-de-Calais » (visible jusqu’au 19 mai prochain), intitulée « Houille… ouille, ouille ! » : ces salles se déclinent en rouge et bleu ! Pas de sombre misérabilisme ouvriériste, mais du réalisme didactique !

Non, le sujet n’est pas clos : de nombreux mineurs souffrent encore aujourd’hui et meurent des suites de maladies professionnelles contractées avant la fermeture des derniers puits (pour notre région : 1990 à Oignies, pour toute la France : 2004 à Forbach.)

« Quin ch’pinse que nouz’aut, in est dev’nus des figures ‘ed musée : hein, mes fius, in a bonne mine ! » commence, en éclatant de rire, Michel Petit, qui fut « galibot « (apprenti) dès l’âge de 14 ans à la Fosse Lemay (Pecquencourt) dans les années 1960.

Il est devenu, à sa retraite, guide à cette ancienne fosse Delloye de Lewarde. Il ne reste ici, sur 40 il y a 30 ans, que 4 guides-anciens mineurs de fond : hâtez-vous !

Il aborde aujourd’hui, en rouchi (le patois picard des corons), le thème des dangers auxquels étaient confrontés ces ouvriers du travail souterrain :

Des 220 000 que nous étions, on reste 10 000 environ, pas tous en pleine forme ! »

Lire aussi : Lewarde : Centre Historique Minier, trois siècles d’histoire de la mine

EXPOSITION « HOUILLE… OUILLE, OUILLE ! »Parler de santé à la mine de se résume pas à parler des maladies…

Publiée par Centre Historique Minier – Lewarde sur Jeudi 28 février 2019

La silicose, on en cause

Le premier péril n’est pas celui que vous croyez, c’est le manque d’air : sans ventilation amenant le frais et expulsant le vicié, impossible de respirer dans ces « boyaux » de plus en plus étroits sous terre.

Ensuite, l’eau : elle sort de partout, des nappes phréatiques crevées, il faut la pomper vers la surface pour ne pas noyer les dizaines de kilomètres de galeries.

Et la pression des terrains au-dessus des têtes ! Les roches trop dures, ou trop friables qui peuvent s’effondrer, d’où l’importance vitale du soutènement (étayage).

Passons au danger des outils (un marteau-piqueur pèse 9 kg), bruyants et polluants. Ajoutez les gaz : les « puteux » (monoxyde de carbone, hydrogène sulfuré…) et le « grisou » (méthane, inodore et incolore), extrêmement inflammable.

À Lewarde, 2006 fut l’année commémorative de la catastrophe de Courrières (10 mars 1906). Un « coup de grisou » suivi d’un « coup de poussière » : une boule de feu à 2000° passant à 1 000 km/h dans plus de 100 km de galeries ! 1 099 tués !

Enfin, les pneumoconioses comme la silicose, maladie irréversible pouvant se déclarer longtemps après l’inhalation des poussières.

Michel raconte tout cela avec un tel entrain, entremêlé d’anecdotes parfois hilarantes, qu’on finirait par le croire lorsqu’il lance :

La mine, chéto pas l’infer, in avo la camaraderie, la solidarité ouvrière, et un bon système ed’ soins ! »

Sur le mur, une photo, au fond : le Dr Schaffner (1901-1966), maire de Lens, le radiologue héroïque des « gueules noires », mort à la tâche, semble un tantinet rêveur.

Jean-Louis Pelon

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Découvrez la vie à la mine à Lewarde. (©Jean-Louis Pelon/Lille Actu)


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