
Un des vétérans anglais, Graham Pike, 95 ans qui pour pouvoir assurer son séjour en France pour le D-Day doit s’équiper de son seau et en appeler aux dons. (©The taxi charity)
Le saviez-vous ? Parmi ces héros du D-Day garants d’un message de liberté et du témoignage de l’Histoire, certains aujourd’hui n’hésitent pas à se munir d’un seau en appelant aux dons financiers pour être présents en Normandie. C’est cela aussi… les coulisses du 75e anniversaire.
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Le héros fond en larmes
Au détour d’une interview mercredi 6 mars 2019 près de Caen, Frank Pendargast, un des héros du Débarquement en Normandie laisse couler ses larmes. « Avant de raconter mon histoire, je voudrais que vous écriviez vraiment que sans les gens de l’association Taxi charity for military veterans, je ne pourrais pas être là. Tout simplement, parce que je n’ai pas assez d’argent. » Frank regarde les deux autres vétérans également présents ce jour-là :
Au début des commémorations mon fils et ma femme m’emmenaient, on y arrivait. Mais à un moment donné, je n’avais plus assez d’argent.
Frederick Glover reprend alors le fil de la conversation. « On parle de nous comme de héros, mais aujourd’hui beaucoup de ces héros sans l’aide de gens comme Nathalie (Nathalie Varnière s’occupe de l’organisation et la prise en charge des vétérans anglais qui viennent chaque année grâce à Taxi charity, ndlr) ou de Ian (Ian Parsons est le vice-président du Taxi charity, ndlr) , c’est certain que nous ne serions pas nombreux à pouvoir nous offrir le luxe de venir. »
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Un budget multiplié par 70 %
Ian Parsons confirme les dires des vétérans en pointant un détail non sans importance et plutôt méconnu du grand public. « Pour mener à bien notre projet d’amener nos vétérans anglais sur les cérémonies du D-Day, on a pas assez d’aides et surtout pour un anniversaire comme le 75e ! La majeure partie de nos fonds vient… du gros travail des vétérans eux-mêmes. »
Tout au long de l’année, ils s’équipent de petits seaux et vont partout, devant les stations de métros, devant les stades de football pour récolter de l’argent.
Nathalie Varnière a du mal à décolérer quand il s’agit d’évoquer la question. « D’un côté se joue l’Histoire, ils en sont les témoins et de l’autre… Juste pour une question de moyens certains ne pourraient pas venir témoigner… »
Vous devriez voir Graham avec son sourire, ses 95 ans et son seau expliquer aux gens que pour témoigner du D-Day, il faut collecter de l’argent pour pouvoir s’offrir le séjour. Il sait s’ailleurs qu’il n’a pas le droit de le faire mais pour lui l’important c’est de pouvoir être là.
Publiée par Taxi Charity For Military Veterans sur Dimanche 24 février 2019
Et si le 75e était le dernier…
Pour le 75e D-Day, Nathalie Varnière en témoigne : « Les hôtels ne nous font aucun cadeau… Les budgets sont multipliés par 70 % comme si les aides, elles, allaient tomber. » « Un scandale » pour cette Havraise qui depuis des années gère l’organisation et le séjour des vétérans anglais accompagnés des taxis et qui craint « la fin annoncée des libor funds (aides aux vétérans) l’an prochain. »
Le vice-président de The Taxi Charity soutient d’ailleurs : « Certaines associations comme le D-Day revisited qui depuis des années aide les vétérans du D-Day comme nous pensent que ce sera leur dernière année faute de moyens. »
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Pour Ian Parsons, les fondateurs de The taxi charity ne souhaitaient qu’une chose en 1944 « en tant qu’anciens vétérans et taxis, ils voulaient aider ceux qui n’avaient pas la capacité de revenir notamment en France sur les plages du Débarquement. Le 5 juin 2019, nous serons encore 30 taxis à faire ce déplacement pour eux… Simplement parce que nous leur devons bien au moins ça ! » Et pour après…
À propos de The taxi charity
The taxi charity for military veterans a été fondé à Fulham en 1948 pour travailler en vue de l’intérêt, du confort et de l’amusement des vétérans militaires et organise de nombreux voyages chaque année pour les vétérans de tous conflits. L’association offre des voyages à l’étranger aux Pays-Bas, en Belgique et en France, des sorties d’une journée au Royaume-Uni ainsi qu’aux concerts et aux musées, transporte les vétérans lorsqu’ils vont collecter des fonds, ainsi que lors d’événements durant lesquels ils peuvent retrouver des camarades et amis. Pour financer et faciliter ces sorties, l’association dépend entièrement des dons généreux du public, des sociétés et de trusts et des formidables chauffeurs de taxis londoniens sous licence qui offrent leur temps et mettent à disposition leurs taxis gratuitement.