Combien seront-ils à s’exprimer sur la question de l’extension du nom de la commune ? Si le nom d’Herblay-sur-Seine a fait quasi unanimité en conseil municipal (un seul élu a voté contre), et l’unanimité du comité des sages, la proposition fait débat sur les réseaux sociaux. L’idée en séduit certains, mais d’autres se demandent quel est l’intérêt de ce changement.
Le maire, Philippe Rouleau (Lr), qui a lancé l’idée en février dernier, est convaincu pour sa part que la proposition sera avalisée par la population. Herblay-sur-Seine, une manière de rappeler à ceux qui l’ignorent que la Seine coule à Herblay et que la commune, « ce n’est pas que la Patte d’Oie ».
Un atout de séduction
« Toute la France connaît Herblay au travers de la Patte d’Oie d’Herblay, et de ses enseignes, mais Herblay, c’est loin de n’être que cela. Notre ville a une histoire, un magnifique centre-ville et de nombreux autres atouts comme nos berges magnifiques.»
Selon l’élu, ce nouveau nom permettrait de mettre en valeur l’image de la ville, à travers son patrimoine naturel, qu’elle veut développer. Il s’agit aussi de renouer avec l’histoire de la commune. La municipalité a retrouvé dans les archives le nom d’Herblay-sur-Seine (ou Erbelay-sur-Seine), à différentes époques : en 1490, en 1698 et en 1793.
Mais si le « sur-Seine » a disparu il y a plus de deux siècles, c’est parce qu’Herblay « s’est développée sur le plateau », clame Olivier Dalmont, conseiller municipal (Ps) d’opposition. Le professeur d’histoire-géographie au lycée Montesquieu d’Herblay, farouche partisan du maintien du nom tel qu’il est, a voté contre, lors du conseil municipal, cette proposition. L’extension du nom serait même à ses yeux un facteur de « division » entre les Herblaysiens.
Un argument battu en brèche par le maire. « La Frette-sur-Seine, ce n’est pas que les quais de Seine non plus. Et que dire de Neuilly-sur-Seine ?». Enfin, l’élu balaye d’un revers de main la critique sur le coût d’une telle opération. Il parle d’une « dépense limitée », explique que les changements de plaques de rues et des panneaux indicateurs se feront « au fil du temps » et que le code postal restant le même, cela ne changera rien pour le courrier, qui restera « distribué normalement. Les Gps ne seront pas perturbés. Les actes d’état civil resteront valables ».
Au final, ce sont les habitants qui choisiront, car même s’il explique qu’il n’y était pas obligé, car ayant déjà l’accord du conseil municipal, Philippe Rouleau a choisi de demander l’avis des Herblaysiens.
Le Conseil d’État tranchera
La démarche ne sera poursuivie que si une majorité de votants le décide. Dès lors, la Ville poursuivra le dossier et devra faire valoir ses arguments. Car changer le nom d’une commune ne se fait pas sur la simple volonté du maire. Après la délibération du conseil municipal, il faudra celle du Conseil départemental, ainsi qu’un avis motivé des directeurs départementaux des archives et de La Poste. Puis, le préfet transmettra le dossier au ministre de l’Intérieur. Enfin, c’est la commission consultative de révision du nom des communes qui émettra un nouvel avis, soumis à celui du Conseil d’État.
Arnouville-lès-Gonesse est redevenu Arnouville en 2010
Deux critères sont retenus pour qu’une commune change de nom : éviter un risque sérieux d’homonymie avec une ou plusieurs autres communes. C’est le cas par exemple d’Hérouville, une commune valdoisienne du Vexin, qui veut changer de nom pour arrêter d’être confondue avec Hérouville-Saint-Clair, dans le Calvados. Son maire a lancé un dossier pour retrouver le nom historique (aux XIIIe et XIVe siècles) d’Hérouville-en-Vexin. Un nom qui figure déjà… sur le site Internet de la commune. Le dossier, lui, est toujours en cours d’instruction. L’autre argument pour changer de nom est de rétablir une dénomination historique tombée en désuétude. En revanche, selon la direction générale des collectivités locales, « toute demande de modification fondée sur des considérations d’ordre purement touristique ou/et économique est rejetée ». Dans le département, Arnouville-lès-Gonesse a réussi à modifier son nom. Le 8 juillet 2010, elle a été autorisée à reprendre le nom d’Arnouville, qu’elle avait perdu en 1843.