« Notre quartier ce n’est pas que des voitures brûlées, s’agace Laëtitia Rambaux, propriétaire de la pharmacie des Louvrais, rue Henri-Dunant. On parle des Louvrais juste pour les faits divers et ainsi on lui donne une mauvaise image. » Pour rappel, depuis le mois d’avril pas moins de trente-sept voitures ont été incendiées dans les quartiers des Louvrais et des Cordeliers.
« Des jeunes d’ailleurs »
Arrivée en janvier dernier, Laëtitia assure n’avoir « jamais eu aucun souci depuis qu’[elle] a repris la pharmacie. De même lorsque je suis de garde, les nuits sont calmes ». La tranquillité c’est également le point que met en avant Babeth, derrière le comptoir du café Le Louvrais depuis quinze ans. « J’ouvre à 6h, je ferme à 20h, je n’ai jamais eu le moindre ennui. Les jeunes et les anciens sont respectueux. Il y a sûrement des histoires mais je suis persuadée que les personnes qui ont brûlé les voitures ne sont pas originaires des Louvrais. » Un point de vue partagé par Mehssin, coiffeur barbier chez l’Étoile coiffure. « Ce sont des gamins d’ailleurs qui font cela. Ils se croient dans leurs jeux vidéo sauf que nous sommes dans la vraie vie. Les gens ici sont sympathiques. Ils sont d’ailleurs choqués par ce qu’il se passe dans leur quartier. J’ai deux clients qui se sont fait brûler leurs voitures. Aujourd’hui, ils rencontrent des difficultés pour aller travailler. »
Pour inciter les personnes à ne pas se détourner du quartier, Laëtitia a refait « toute la devanture ainsi que l’intérieur de la pharmacie. Je veux montrer que nous sommes une zone commerciale dynamique et renvoyer une image positive du quartier. Nous sommes des commerces de proximité, il est important que nous ayons des clients réguliers. »
« Une image qui nous pèse »
Cédric Morelle, propriétaire de la boulangerie-pâtisserie L’Atelier Gourmet, déplore aussi la mauvaise image que traîne son quartier. « C’est une image qui nous pèse. Nous avons une baisse de fréquentation depuis les événements d’avril. » Issu d’une famille de boulanger, Cédric n’avait jamais vu une telle situation en trente ans de présence. « Les gens ne veulent plus venir ici alors que c’est un espace commercial attractif. » Si Khalil, boucher, n’est pas aussi radical, il reconnaît que les commerçants sont les « premiers impactés. C’est pourtant un quartier calme et agréable. » Victime lui aussi de cette délinquance, « nos poubelles ont été incendiées dans la nuit du 14 juillet », il pense également que « les mômes qui font cela ne sont pas Pontoisiens. »
« Où sont les policiers ? »
Présent au café Le Louvrais, Youssef, 28 ans, natif du quartier pointe du doigt l’asbence « des forces de l’ordre. Où sont les
policiers ? On ne les voit jamais. » La création du groupe local de traitement de la délinquance le 15 juin dernier « n’a rien changé, selon Youssef. Il n’y a pas plus de sécurité. Nous avons bien des caméras de vidéosurveillance, mais j’aimerais bien savoir à quoi elles servent ! ».
Élodie TAILLADE