« La simplification administrative ne doit pas se faire au détriment de l’usager final », insiste Patrick Courilleau, vice-président de l’association Apaches (Association des professionnels d’accompagnement du handicap dans l’enseignement supérieur) et chargé de mission sur le handicap à l’université de Cergy-Pontoise. Sa mise en garde vient de son inquiétude vis-à-vis de la réforme adoptée par le Cneser (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche), pour simplifier l’organisation des besoins des étudiants handicapés en Bts.
Anticiper les aménagements
Jusque-là tout va bien, mais comment cette réforme va-t-elle s’appliquer concrètement pour les étudiants handicapés ? Ces derniers vont devoir fournir à l’établissement dans lequel ils sont scolarisés une liste des aménagements dont ils ont besoin pour l’examen neuf mois à l’avance, afin de permettre à l’établissement de mieux anticiper les besoins de chaque étudiant.Un seul problème pour Patrick Courilleau : « les étudiants ne savent pas forcément de quels aménagements ils vont avoir besoin si longtemps à l’avance ».
Évolution du handicap
Un étudiant dyslexique pourrait décider en début d’année de ne pas faire de demande pour un tiers-temps aux examens par exemple. Cependant, si en cours d’année il réalise que son handicap le rend beaucoup plus lent que ses camarades, il ne pourra alors plus demander de tiers-temps car il sera trop tard.
La réforme prévoit tout de même que des demandes d’aménagements puissent être effectuées en cours d’année, si le handicap de l’étudiant évolue. Dans le cas de cet étudiant dyslexique, cela ne s’appliquera pas car ce ne sera pas son handicap qui aura évolué, uniquement la perception qu’il en a.
« On incite les étudiants handicapés à se signaler au plus tôt aux administrations, mais il ne faut pas négliger l’évolution du handicap pour ne pas négliger l’étudiant », continue le vice-président d’Apaches. L’université de Cergy-Pontoise compte près de 300 étudiants handicapés, pour l’instant, aucune réforme n’est envisagée à l’université mais Patrick Courilleau va continuer de suivre la question de près.
Guillaume JORIS