32,2 % des voix dans un bastion socialiste qui a toujours porté au pinacle les candidats du parti à la rose. Même au plus fort d’une vague bleue. Dimanche 23 avril, au soir du premier tour de la présidentielle, la terre a tremblé à Cergy. Jean-Luc Mélenchon, le chantre de la France insoumise, a largement dominé les débats. Avec 32,2 % des suffrages soit 7 409 voix, il devance de quatre points Emmanuel Macron et largue à 23 points derrière lui Benoît Hamon, le candidat d’un Ps à la dérive. François Fillon plafonne à 12 %. Marine Le Pen est à 11,1 %.
Merci pour ce moment
Sa plus belle performance, le député européen la signe à l’école primaire de la Belle Épine où il rafle 46 % des bulletins. Dans le quartier populaire des Genottes à Saint-Christophe, il totalise 43,37 % des voix. Au Carreau de Cergy, 40,05 %. Preuve de sa domination sans partage, Jean-Luc Mélenchon passe la barre des 20 % dans les deux bureaux de vote de Cergy-village. Un résultat qui en dit long puisqu’obtenu dans un quartier ancré à droite où, sans surprise, François Fillon obtient ses meilleurs scores, sans pour autant creuser l’écart.
Dans la 10e circonscription, le hold-up cergyssois de Mélenchon aiguise déjà les appétits dans la perspective des élections législatives des 11 et 18 juin. « Le résultat de Mélenchon a soulevé des espoirs, ça laisse évidemment une ouverture possible pour faire un score », juge Françoise Courtin, adjointe Pcf à la santé et au handicap de Cergy, qui portera les couleurs du Front de gauche. Du côté de la France Insoumise, on dit merci pour ce moment. « C’est une surprise même si on sentait bien la mobilisation ces dernières semaines, avoue Thierry Thibault (Parti de gauche), adjoint au maire aux affaires générales et à la citoyenneté de Cergy et membre de la France insoumise. Ce résultat, c’est un bon signe, ça devrait pouvoir continuer pour les législatives ».
Transformer l’essai en juin, la France insoumise en rêve. Avec ou sans le Pcf ? Nul ne le sait. À un mois des législatives, aucun accord n’est scellé. Pire, le désaccord est public. « On a plus de chances si on est rassemblé, mais jusqu’ici nous n’avons pas réussi à entrer en contact avec les instances nationales de la France insoumise qui est un mouvement un peu nébuleux », dit Françoise Courtin. Seule certitude : la France insoumise présentera un candidat sur la 10e circonscription du Val-d’Oise. Reste ensuite à savoir si l’ensorcellement Jean-Luc Mélenchon perdurera tout le printemps.
À Jouy-le-Moutier aussi
Jouy-le-Moutier n’a pas résisté à la vague Mélenchon. Dans la commune de l’agglo dirigée par Jean-Christophe Veyrine (Dvd), le leader de la France Insoumise engrange 27,06 % des voix. Devant Emmanuel Macron (25,93 %) et Marine Le Pen (17,23 %). Fillon, le champion de la droite, capte seulement 12,58 % des bulletins. Hamon (Ps) 8,89 %. Un résultat pas si surprenant. Dans la ville longtemps détenue par Gabriel Lainé (Udf), les scrutins nationaux tournent souvent en faveur de la gauche. En 2007, Ségolène Royal (Ps) devance Nicolas Sarkozy (Ump) lors des deux tours de la présidentielle. La pasionaria de Désirs d’avenir obtient 54,17 % des voix au second tour. Cinq ans plus tard, c’est son ex-compagnon, François Hollande (Ps), qui domine Nicolas Sarkozy avec 60,37 % des voix au second tour. Enfin, plus près de nous, Claude Bartolone (Ps) arrive en tête lors du premier comme du second tour des régionales de 2015 devant Valérie Pécresse (Lr). Un tropisme de gauche qui n’a pas empêché Jean-Christophe Veyrine d’arracher la mairie au socialiste Gilbert Marsac en 2014. J.C.