« Préparez-vous à un choc psychologique ! » Dans la forêt des buttes du Parisis, non loin de la route stratégique, qui relie Franconville, Cormeilles et Montigny, Dominique Tanvet, vice-président de l’association intercommunale de défense de la butte du Parisis (Aidbp), montre une clairière plus grande qu’un terrain de foot. « Les arbres ont tous été coupés. Aucun ne menaçait de tomber. Quel est l’intérêt de faire ça ? »
Myriam Denis-Ledru, présidente de l’association, évoque « un désastre, un massacre, qui dévaste le paysage et l’harmonie de l’ensemble. Les coupes de cloisonemment, sur 45 hectares, ou alées couvertes perpendiculairement au chemin des crêtes, pour faire remonter le bois coupé sur les pentes, ont tout saccagé sur leur passage”.
“Ici, c’est un lieu de promenade, où familles et les joggers se retrouvent”, insiste la présidente de l’association.
Coupes d’une ampleur exceptionnelle
L’association a écrit à Valérie Pécresse, présidente (Lr) de la Région et à ce titre responsable de l’Agence des espaces verts, qui gère ce domaine boisé. « Les riverains et usagers sont très attachés à cette forêt qu’ils voient soudainement exploitée de façon intensive sans en comprendre ni les raisons ni les objectifs », ecrit l’Aidbp.
L’Aev qui, depuis les années 80, acquiert les parcelles privées des buttes du Parisis, en possède aujourd’hui plus de la moitié : 350 sur 621 hectares.
Sur le territoire de Franconville
Ces travaux, près de la route stratégique, sur le territoire de Franconville, sont réalisés dans le cadre de l’aménagement forestier prévu entre 2013 et 2027 par l’Office national des forêts. L’Aev reconnaît que les coupes qui ont démarré le 13 mars et doivent cesser le 15 avril, sont d’une « ampleur exceptionnelle » car il faut « rattraper un certain retard ». Les coupes reprendront en septembre. « Les futurs travaux seront plus réduits », assure l’Aev.
L’Aev rappelle que « les zones qui paraissent à nu ne le resteront pas longtemps ». « L’objectif est de diversifier et rajeunir la forêt. Le massif est surtout composé de châtaigniers qui ont tous grandi à la même époque. Ces arbres réagissent mal aux sécheresses et sont sensibles à plusieurs maladies qu arrivent en Île-de-France. Nous faisons des coupes pour favoriser d’autres essences : chêne, merisier, érable ».
L’Aidbp estime toutefois que les coupes sont trop importantes, et supérieures « à ce qui était prévu dans le document d’aménagement forestier ».
Yannick Boëdec, président (Lr) de la Communauté d’agglomération de Val Parisis (qui a repris en charge les buttes du Parisis après dissolution du syndicat intercommunal), maire de Cormeilles, dit comprendre « le choc visuel, mais ce sont six hectares de coupes sur trois cents. Cela tombe mal car les chantiers se font tous en même temps. L’Aev travaille depuis 1983 sur cette butte. On connaît son travail. »
« Elle a amélioré les choses », estime Nicole Lanaspre, première adjointe. « Ces arbres vont repousser, poursuit Yannick Boëdec. En plus, on diversifie les essences. Qu’il y ait aussi une exploitation, ce n’est pas choquant non plus. Il y a des besoins économiques et environnementaux. Un arbre absorbe plus de carbone quand il est en croissance. À un moment, ça stoppe. D’où l’intérêt de le couper et de replanter. »
50 hectares en tout selon l’association
“La programmation dans le document d’aménagement de la forêt prévoyait pour 2017 l’intervention sur trois parcelles (…) En réalité, ce sont cinq parcelles qui sont exploitées, d’où l’ampleur des dégâts : cela représente plus de 50 hectares”, affirme l’Aidbp.
“Idées fausses”
Yannick Boëdec, lui, s’inscrit en tout cas en faux contre certaines « idées fausses : il n’y a ni opération immobilière prévue et ce n’est en aucun cas pour soulager le sol pour la carrière souterraine » L’élu précise que l’Aev dépense plus de 2,5 M d’€ par an pour entretenir la forêt : « Les coupes ne sont pas motivées par un motif financier.»
En forêt de Montmorency, les coupes à blanc avaient ému les habitants, il y a quelques années. Élus et associations étaient montés au créneau. L’Office national des forêts, qui gère le site, avait revu les choses.
L’Aidbp demande aujourd’hui à l’Aev d’arrêter les coupes et de « revoir les contrats en cours afin d’en atténuer les impacts ». Elle compte se mobiliser en vue de la reprise des coupes le 1er septembre. Elle veut aussi « une concertation » sur le sujet entre les villes, les associations, l’Aev et l’Onf.
Yannick Boëdec, lui, a exigé deux réunions annuelles avec l’Aev. « En terme de communication de la part de l’Agence des espaces verts, ça n’a pas été terrible. Et la confiance n’exclut pas le contrôle », insiste l’élu.
L’Aev organise une réunion d’information le 19 mai à 18h, au centre Cyrano, à Sannois et convie à une visite de terrain, le 21 mai. Rdv à 10h au parking du stade Gaston-Frémont, route stratégique, à Cormeilles-en-Parisis.