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- Dès décembre 2017, une nouvelle donne sera sur les rails pour tous les usagers des gares Rer
de Cergy-Pontoise : moins de Rer aux heures de pointe au profit d’une meilleure ponctualité. C’est en tous les cas la promesse faite par Stif, Ratp et Sncf (photo Ratp). –
La révolution qui s’annonce sur le Rer A enverra-t-elle droit dans le mur des millions d’usagers ? La question est sur toutes les lèvres depuis que le Stif (Syndicat des transports d’Ile-de-France) a entériné lors de son conseil d’administration du 22 mars la refonte horaire de la ligne la plus fréquentée d’Europe avec 1,3 million voyageurs quotidiens.
Cinq trains en heure de pointe
Dès décembre prochain, une nouvelle donne sera sur les rails pour les usagers des gares Rer de Cergy-Pontoise : moins de rames aux heures de pointe au profit d’une meilleure ponctualité. Pour la Sncf et la Ratp, qui cogèrent la ligne A, l’équation est simple : pour en finir avec une ligne saturée et en proie aux retards, la fréquence des rames doit baisser. Le chantier est immense : la ligne A du Rer affiche une ponctualité de seulement 70,7 % en heure de pointe du matin, soit la plus mauvaise des lignes Rer.
Pour Cergy-Pontoise, la refonte prévoit de réduire la cadence de six à cinq Rer le matin et le soir en heure de pointe, soit une rame toutes les douze minutes par heure contre dix minutes jusqu’ici. Et de tous les rendre omnibus. La refonte du Rer A ou la promesse d’une fiabilité et d’une régularité ressuscitées « grâce à une offre plus robuste ».
Sur la ligne L 3 (Cergy-Saint-Lazare) et ses 130 000 voyageurs chaque jour, même scénario : le nombre de transiliens tombera de six à cinq en heure de pointe. En contrepartie, une liaison Paris Saint-Lazare-Cergy sera créée en heures creuses et la pointe de soirée sera prolongée d’une demi-heure depuis et vers Cergy.
« L’objectif est d’assurer aux voyageurs de monter dans le train prévu, explique le Stif. Sur la branche Cergy, un train doit passer en théorie toutes les dix minutes. Dans les faits, il arrive toutes les 13 minutes. Avec les nouveaux horaires, les trains passeront toutes les 12 minutes ». Les usagers devraient donc être gagnants. À condition que la promesse soit tenue.
Élus et usagers dubitatifs
Ce dont usagers et élus s’autorisent à douter. « Je suis dubitatif, confie Jean-Paul Jeandon, le maire Ps de Cergy. Il y aura sans doute mathématiquement une amélioration de la régularité mais j’ai peur que le nombre de voyageurs par train aux heures de pointe n’explose. Il faudra qu’il y ait une véritable évaluation au bout d’un an afin de pouvoir procéder à des réajustements ». Alexandre Pueyo, conseiller départemental Lr de Cergy II, est, lui aussi, très réservé. « Je serai attentif à la qualité du service, restant toujours perplexe sur l’intérêt de la baisse du nombre de trains et du passage en omnibus soi-disant pour améliorer la régularité.»
Du côté des usagers, on n’est guère plus optimiste. « Cette refonte devrait permettre d’améliorer la régularité des trajets quotidiens dans une ampleur qui reste à confirmer : on part de si bas… , indique Arnaud Bertrand, président de l’association Plus de trains. Mais ce compromis aboutit cependant à une réduction jamais vue de la capacité offerte en heure de pointe : il ne sera pas facile d’expliquer aux usagers qu’ils voyageront mieux avec moins de trains alors qu’ils subissent si souvent des trains bondés et subiront toujours demain quantité de retards et de suppressions non réglés par cette refonte ».
Une révolution est en marche sur le Rer A. Sans qu’on sache vraiment qu’elle sera son impact pour des millions d’usagers déjà malmenés.
Jérôme CAVARETTA