Moins de rames pour plus de régularité. La refonte du Rer A était au coeur du dernier comité de ligne du Rer A et de la ligne L 3 (Saint-Lazare-Cergy) organisé par le Syndicat des transports d’Île de France (Stif). En question : le grand bouleversement qui s’annonce sur la ligne A du Rer, la plus fréquentée d’Europe avec ses 1,3 million de voyageurs par jour.
Inégalité de traitement
Depuis septembre, élus et associations d’usagers se dressent contre cette refonte qui prévoit dès la fin 2017 la suppression de rames aux heures de pointe au profit d’une meilleure régularité du trafic. Un scénario du pire pour une agglo cergypontaine depuis de nombreuses années déjà à la traîne de Saint-Germain-en Laye (Yvelines) sur le front de la desserte. Un retard sur le voisin yvelinois qui risque encore de se creuser. La refonte du Rer A orchestrée par Ratp et Sncf, qui cogèrent la ligne A, prévoit pour Cergy et Poissy de réduire la cadence de six à cinq Rer le matin et le soir, soit une rame toutes les douze minutes contre dix minutes jusqu’ici. Et de tous les rendre omnibus ! Moins de rames aux heures de pointe sur une ligne A déjà au bord de la saturation… On imagine déjà le désastre. Sur la ligne L, même punition: le nombre de transiliens passerait de six à cinq aux heures de pointe. Pour Saint-Germain-en-Laye, en revanche, le nombre de rames aux heures de pointe s’établirait à 8, soit un Rer toutes les huit minutes environ.
En contrepartie, Sncf et Ratp promettent de fluidifier le trafic et de limiter retards et incidents. La refonte du Rer A ou la promesse d’une fiabilité et d’une régularité ressuscitées « grâce à une offre plus robuste ».
«La pilule risque d’être difficile à avaler pour les usagers d’autant qu’il y a une différence de traitement entre Cergy-Poissy et Saint-Germain-en-Laye », regrette amèrement Arnaud Bertrand, président de l’association Plus de Trains.
Fin de l’interconnexion, c’est non !
Mais dans cette bataille du rail, l’association d’usagers, dont la pétition Internet Les retards y en a marre !, a déjà recueilli près de 4 000 signatures, n’a pas tout perdu. Elle est ressortie du comité de ligne avec une victoire dans sa besace : la mise en place fin 2018 d’un commandement unique du pilotage du Rer A et de la ligne L Nord par Sncf et Ratp. « Une vraie avancée qui va simplifier la gestion de la ligne », juge Plus de Trains.
En revanche, pour la fin de l’interconnexion de Nanterre Préfecture, où Ratp et Sncf se passent le relais, c’est non ! « C’est un sujet qui traîne depuis 10 ans. On nous a annoncé une étude de faisabilité en 2020… Autant dire que c’est repoussé aux calendes grecques. La Ratp a réussi à mettre le sujet sous le tapis », déplore Arnaud Bertrand. Le mercredi 22 mars, le projet de refonte du Rer A sera soumis au vote lors du conseil d’administration du Stif. D’ici là, Plus de Trains entend maintenir la pression. Sans trop se faire d’illusions.
« Un tel déséquilibre n’est pas normal »
La refonte du Rer A, Jean-Paul Jeandon, le maire Ps de Cergy, peine à la digérer. En dépit de quelques avancées. « On a obtenu le centre unique de commandement et j’ai demandé qu’une étude sur la fin de l’interconnexion soit lancée dès 2018. J’ai aussi demandé une étude au sujet de l’impact d’Eole sur Cergy (Ndlr : prolongement du Rer E jusqu’à Poissy qui permettra à l’horizon 2024 de rejoindre directement le coeur de Paris sans emprunter le Rer A), mais cette refonte me laisse un grand regret : il n’est pas normal qu’il y ait plus de trains pour Saint-Germain-en-Laye que pour Cergy. On a du mal à expliquer un tel déséquilibre ».
« Il n’est pas non plus normal qu’il y ait le même nombre de trains pour Cergy et Poissy alors que Cergy draine 4,5 fois plus de voyageurs que Poissy, poursuit l’élu. C’est une anomalie de base. Si, grâce à cette refonte, on nous assurait qu’il n’y aura plus de trains supprimés et que tous les trains seront à l’heure… Mais le problème, c’est que je n’arrive à obtenir aucun engagement chiffré de la Sncf et de la Ratp là-dessus, c’est quand même un comble !»