L’écoquartier des Bayonnes: ses six cents logements, son école, son collège et sa piscine haute qualité environnementale, ses commerces qui commencent à s’installer et… des copropriétaires d’une résidence en colère. « On nous a vendu du rêve. Aujourd’hui, je suis dégoûtée. Maintenant, je veux vendre », confie Vanessa Schweitzer.
À ses côtés, des membres élus du conseil syndical de l’îlot 2A, livré en août 2015, sur l’esplanade des Frères-Lumière. De la chaudière en panne à propos de laquelle « chacun se renvoie la balle, entre l’aménageur et la société de maintenance », en passant par des voitures vandalisées ou « siphonnées » dans le parking souterrain, les véhicules qui roulent trop vite sur la route et les déchets qui « s’amoncellent autour des bornes semi-enterrées », ils n’en peuvent plus.
Sans parler des relations avec certains commerçants, contre qui ils ont engagé une procédure judiciaire à cause des extractions d’air. « L’été, on n’ouvrait plus les fenêtres : ça sentait la frite et la viande grillée, c’est insupportable », lance, remonté Azdine Zouak.
En plein « désarroi », ils expliquent avoir envoyé « des tonnes de mails et de courriers. Notre rêve d’écoquartier s’est transformé en cauchemar ». « J’ai peut-être été crédule, mais je pensais, en achetant un appartement à près de 4 000 euros du mètre carré, m’installer dans un petit village », ajoute Vanessa. « On est dans un écoquartier et on a des lampes incandescentes, alors que ça ne se fait plus nulle part. C’est énorme et c’est vraiment symbolique », lance Azdin Zouak. La mairie, de son côté, explique avoir fait le maximum dans son domaine de compétence, mais ne peut agir « en ce qui concerne les problèmes privés ».
Philippe Rouleau : « S’il y a malfaçon, cela relève de l’aménageur »
Le maire d’Herblay, Philippe Rouleau (Lr), interpellé par les copropriétaires, insiste sur le fait que « le maire n’est pas responsable de tout. J’interviens là où cela relève de mon domaine de compétence, comme la sécurité. On a fait poser des coussins berlinois pour casser la vitesse des véhicules, et prochainement, on installera des radars pédagogiques, ainsi que des bandes blanches. Une caméra de vidéoprotection a été installée sur l’esplanade des Frères-Lumière. J’ai pu constater les images au centre de supervision urbain. On voit tout grâce au zoom ».
Concernant les commerces et les problèmes que font remonter les habitants, le maire insiste sur le fait qu’il n’a « jamais fait faire autant de contrôles d’hygiène et de sécurité ! Mais s’il y a malfaçon de construction, avec les extractions d’air, cela relève de l’aménageur Nexity », ou du bailleur des commerces, selon l’élu. « Mon intervention ne pourra se faire qu’après une décision de justice.»
Philippe Rouleau s’est aussi adressé au président du syndicat Tri action, son adjoint Jean-Charles Rambour. Il affirme qu’il n’y a pas de problème de dimensionnement des bornes enterrées mais qu’il s’agit d’actes « d’incivilités » au sujet de déchets ou cartons laissés à côté.
« La crainte de ces habitants était celle des rassemblements devant certains commerces, insiste le maire. Il n’en est rien, nous l’avons vérifié. Tout est très clean et très bon aussi. J’y suis allé manger plusieurs fois. Je ne dis pas que tout est parfait, mais pour ce qui relève de ma responsabilité il n’y a pas de problème.»
Dans un courrier adressé aux représentants du conseil syndical et plus largement au quartier, le maire insiste sur le fait que les enseignes installées esplanade des Frères-Lumière « contribuent à la vie de [ce] quartier. Il a toujours été prévu que des commerces de proximité soient implantés au pied des immeubles. Le choix n’appartient pas à la mairie et nous n’avons que peu de moyens de pression sur les implantations. Les baux restent privés et le propriétaire seul décideur ». L’élu conclut sa missive en insistant sur les « millions d’euros » investis pour créer des équipements et faciliter le « bon fonctionnement du quartier ».