C’est le troisième refus concernant Cormeilles : un premier essuyé par Pathé, puis deux fois par Kinépolis, qui avait cette fois monté un projet de huit salles et 1 200 fauteuils. Pourtant, à Cormeilles, on y croyait encore.
Des atouts, certes, mais…
Le maire et président de l’agglomération Val Parisis, Yannick Boëdec (Lr), pariait sur les immenses potentialités foncières des Bois-Rochefort, la proximité de La Défense…
Mais à Argenteuil, ville voisine de 107 000 habitants, il y a longtemps qu’on lorgne un multiplexe. Cela remonte à l’époque de Roger Ouvrard, en 1999-2000. En 2013, Philippe Doucet, alors maire (Ps), qui avait relancé le projet, était intervenu auprès du Centre national du cinéma pour bloquer le projet de Cormeilles. Pourquoi cette attitude peu confraternelle vis-à-vis de la ville voisine ? Parce que le multiplexe au sud de Cormeilles « aurait capté 80% de la clientèle argenteuillaise », selon le député socialiste.
Malgré ses divergences politiques avec Georges Mothron, Philippe Doucet a choisi à nouveau de mettre tout son poids politique dans la balance pour défendre le projet de multiplexe à Argenteuil. Les deux élus se sont rendus ensemble au Centre national du cinéma, le 15 décembre.
À Bezons, le groupe C2L, porteur du projet de multiplexe, pensait aussi avoir de solides arguments. Un groupe qui gère « des cinémas de centre-ville » et un « bon projet », selon la dirigeante, Marie-Laure Couderc.
L’alliance entre Philippe Doucet et Georges Mothron sur ce dossier a agaçé Yannick Boëdec, qui avait avait lâché sur les réseaux sociaux : « Étonnant ces associations de gens qui ne se supportent pas mais qui redeviennent alliés juste pour empêcher le projet de cinéma sur Cormeilles. Toujours se battre contre les autres mais jamais pour un projet… usant ». Avant de “remercier” ironiquement Georges Mothron et Philippe Doucet, après l’échec du dossier.
Mais à Argenteuil, on estime surtout avoir oeuvré dans l’intérêt de la commune : « Le multiplexe est un projet essentiel. Des villes de 100 000 habitants sans multiplexe, je n’en connais pas beaucoup », insistait Philippe Doucet au dernier conseil municipal, tandis que le maire (Lr), Georges Mothron, estime qu’Argenteuil, « qui disposait de dix salles il y a vingt ans (Ndlr, contre cinq aujourd’hui, au Figuier Blanc et à Jean-Gabin) ne peut rester en l’état ».Selon le député, si Cormeilles avait eu le feu vert de la Cnac, ç’en était fini du projet argenteuillais. Il estime aussi que le projet bezonnais, huit salles pour 25 000 habitants, devrait être « raisonnablement » réduit, car il était presque similaire à celui d’Argenteuil, ville quatre fois plus grande.
Après trois échecs via deux opérateurs, Cormeilles peut encore tenter sa chance. La manoeuvre semble délicate, car d’ici là, Argenteuil pourrait voir aboutir son projet. Eet il serait alors difficile de plaider pour un multiplexe à Cormeilles-en-Parisis, coincé entre deux autres multiplexes, à quelques kilomètres, à Montigny-lès-Cormeilles et à Argenteuil. Quant à Bezons, rien ne semble perdu mais il devra, sans doute, revoir ses ambitions à la baisse.