Il était impossible de commander, samedi 17 décembre, ne serait-ce qu’un menu happy meal au restaurant Mc Donald’s, au rez-de-chaussée du centre commercial des Trois-Fontaines, dont la fermeture est imminente. Tout le personnel était en grève, soutenu par l’union locale Cgt de Cergy-Pontoise. Équipe en sous-effectif, heures supplémentaires non rémunérées, primes inexistantes… Excédés par leurs conditions de travail qui se détériorent chaque année, les équipiers du restaurant avaient laissé uniformes et charlottes aux vestiaires, obligeant ainsi la direction à garder le rideau de fer de l’établissement baissé. « On ne fait que nous pousser à faire toujours plus. C’est très stressant et pourtant je suis vive. Pour l’ouverture du restaurant, je fais le travail de deux personnes en me chargeant de la mise en place et de la vente, explique Dorine D’Oliveira, une salariée pontoisienne venue manifester pendant un jour de repos. J’ai travaillé en tant que caissière dans une grande enseigne et je vois bien la différence de paye et de charge de travail. »
Fermeture imminente
Et si la pression n’est pas tenable pour les équipiers, c’est le même son de cloche du côté de certains membres de la direction. « Je ne dors pas depuis deux mois. On tire sur la corde des salariés et sans pour autant qu’il n’y ait de reconnaissance. Il m’est arrivé de faire soixante-dix heures par semaine à cause du manque d’effectif, témoigne Saïd Tebah, directeur du Mc Donald’s installé à Cergy III, près de la Fnac, appartenant également à Serge Lambert. Ce franchisé Mc Donald’s détient cinq autres restaurants de ce type dans le Val-d’Oise. Je travaille depuis 18 ans chez Mc Donald’s et il y a toujours eu des soucis au niveau des conditions de travail. Hier encore, j’ai dû faire intervenir la médecine du travail face à la température ambiante dans le restaurant. Elle a relevé 41 degrés. »
L’annonce en septembre de la fermeture du restaurant d’ici au 30 décembre n’aura fait qu’exacerber la colère des salariés qui, se sentant exploités, ont décidé de réagir. Soutenus par l’union locale Cgt de Cergy-Pontoise, les salariés ont fait une liste de réclamations pour améliorer leurs conditions de travail. « C’est la première fois que je fais face à une grève chez Mc Donald’s, je vais transmettre les demandes faites par les salariés à mon patron, en espérant que tout rentre dans l’ordre », a réagi Antoine Tran, directeur du Mc Donald’s en grève. En plus d’une augmentation de leur salaire de 7 %, les équipiers demandent un effectif plus important, un agent de surveillance tous les jours, ou encore à bénéficier des primes existantes dans leur secteur (affluence, livraison, fermeture…). « Ils ne connaissent pas tous ces avantages que l’on a ailleurs. Chez Mc Donald’s, on n’embauche ni les personnes ayant eu d’autres expériences dans d’autres enseignes ni les étudiants en droit. Ils pourraient contaminer le reste de l’équipe », dénonce Saïd Tebah. Le turn-over, qui fait recette dans la restauration rapide, aura-t-il eu raison de cet établissement ?
Axelle BICHON