La ville de Pontoise avait pourtant rejeté en bloc le projet lors d’un vote au conseil municipal du 24 septembre 2015. Un avis défavorable à l’unanimité contre la demande de déclaration d’utilité publique pour la création de la ligne à 400 000 volts Cergy – Terrier n°3 (Ndlr : lire encadré), plus connue sous le nom de ligne Cergy ? Persan.
Un coup d’épée dans l’eau puisque dans son rapport et ses conclusions, le commissaire-enquêteur émet un avis favorable sans réserve pour la déclaration d’utilité publique du projet (travaux) porté par Rte (Réseau de transport électrique). Dans ces conditions, la mise en compatibilité du Plu (plan local d’urbanisme) s’avère obligatoire en raison de l’existence d’un espace boisé classé (Ebc). Or cette classification est incompatible avec une servitude de transport électrique.
Deux avis défavorables
Le projet de passage de 225 000 à 400 000 volts de la ligne électrique Cergy – Persan a fait l’objet de deux demandes de déclaration d’utilité publique (Dup) concernant le projet, les travaux nécessaires et la mise en compatibilité des Plu, et l’institution d’une servitude de voisinage de la ligne. Dans les deux cas, la ville a émis deux avis défavorables.
« Le projet est une source d’intensification des nuisances existantes générées par la présence d’une ligne à très haute tension électrique et la Ville souhaite préserver le bien-être des riverains pontoisiens habitant à proximité », explique la municipalité qui fait directement référence aux Pontoisiens qui habitent le quartier de Marcouville. Un secteur en première ligne dans le dossier.
Si le projet concerne une petite partie du territoire de Pontoise, il s’agit d’un territoire peuplé d’habitants, contrairement aux autres zones traversées. Cette ligne est déjà source d’impacts et de nuisances pour les riverains et pour les milieux naturels. Certains Pontoisiens habitent déjà à moins de 30 mètres de la fameuse ligne à très haute tension. Son renforcement pourrait donc mécaniquement intensifier les nuisances (augmentations des champs électriques, des champs magnétiques, mais aussi du bruit).
Des suites
Par ailleurs la ville de Pontoise regrette que « le projet ne mentionne pas la nature exacte des travaux qui seront réalisés sur la commune et ne définit pas de calendrier prévisionnel concernant leur déroulement, ne fait état d’aucune solution ou aménagement permettant de réduire l’impact paysager des pylônes dans leur environnement. Enfin, ce projet a été soumis par Rte à la commune de Pontoise dans un calendrier trop précipité qui n’a pas permis à la Ville d’être véritablement associée ».
L’argumentaire de Rte qui consiste à dire que la ligne existe déjà et présupposant que les riverains de la ligne (Ndlr : de 225 000 volts), seraient en quelque sorte habitués « est inacceptable », dénonçait en 2015 le député-maire (Lr) de Pontoise, Philippe Houillon.
Si un calendrier prévisionnel est déjà dans les tuyaux avec une réalisation des travaux d’ici fin 2018 pour une mise en service de la ligne prévue pour début 2019, la commune de Pontoise n’entend pas en rester là.
Aucune réserve, émanant du commissaire-enquêteur, ne concerne directement Pontoise. Cependant, l’avis concernant l’institution d’une servitude au voisinage de la ligne est précédé d’une recommandation que la Ville partage et souhaite mettre en exergue dans le cadre de son avis sur le projet de mise en compatibilité, à savoir : « Envisager une compensation financière avec l’un des propriétaires de la rue des Pâtis à Pontoise qui est la seule maison dont le terrain est entièrement impacté par la servitude ».
La commune a émis un avis défavorable sur le dossier de déclaration d’utilité publique (Dup) et sur l’institution de la servitude de voisinage.
La Ville a souhaité poursuivre et conforté sa démarche en proposant d’émettre un avis défavorable sur la mise en compatibilité du Plan local d’urbanisme avec le projet de Dup du projet de Rte, le 29 septembre lors du dernier conseil conseil municipal.
Les grandes lignes du projet
Sécuriser l’alimentation électrique du nord-ouest francilien… sans construire de nouvelle ligne électrique, voici l’objet du réaménagement de la ligne à 225 000 volts entre Cergy et Persan.
Il vise à remplacer les câbles existants par des câbles 400 000 volts pour sécuriser l’alimentation électrique du nord-ouest francilien. Le réseau existant atteint en effet, ses limites de capacité. Le nord-ouest francilien serait ainsi alimenté par trois lignes 400 000 volts au lieu de deux. Les travaux envisagés, qui représentent un investissement de 45 millions d’euros, permettraient de sécuriser l’alimentation électrique d’un territoire s’étendant du plateau du Vexin à la vallée de l’Oise jusqu’à l’agglomération de Cergy-Pontoise.
La ligne Cergy-Persan, longue d’une vingtaine de kilomètres, est tenue par 47 pylônes. Le remplacement des câbles conduira à modifier certains d’entre eux : rehaussement de quelques mètres, renforcement des armatures métalliques…
La moitié des pylônes devrait passer de 40 à 45 mètres de hauteur environ, tandis que l’autre moitié resterait inchangée.