
La formule utilisée par Ports de Paris, «habiter le territoire et non l’occuper» (voir La Gazette du Val-d’Oise du 7 octobre), a du mal à passer pour certains. Dans le cadre du projet Port Seine-Métropole Ouest (PSMO), – qui prévoit la construction d’une plateforme multimodale, d’une centaine d’hectares, située sur la rive gauche de la Seine, face au débouché de l’Oise, sur les communes d’Achères, Andrésy et Conflans, et dont le début des travaux est prévu pour 2018 – le maître-d’œuvre, Ports de Paris, martèle aux réunions publiques vouloir agir en accord avec les habitants impactés par les constructions.
Irréductibles Gaulois…
Mais, pour François et Marie-Claire Morlon, ces affirmations ne sont que de belles paroles. «Ports de Paris veut nous exproprier, assurent ceux qui habitent une petite maison située sur l’île du Bac, à Andrésy, depuis onze ans. Nous ne sommes pas les seuls dans ce cas, et nous serons solidaires.» Ainsi, les habitants des sept habitations et des sept péniches de l’île du Bac font de la résistance. «C’est un peu le village d’irréductibles Gaulois qui résiste face à l’envahisseur !, poursuit François, chauffeur routier de 58 ans. On nous propose un peu d’argent pour quitter les lieux, une maison que nous avons rénovée de nos propres mains et dans laquelle nous avons de nombreux souvenirs. Nous ne voulons pas d’argent : ce qu’on veut, c’est garder notre maison en étant intégrés au port… un projet que nous ne contestons pas d’ailleurs ! Mais il faut trouver une solution, et lorsque je les ai rencontrés, ces gens (Ports de Paris) n’étaient pas du tout enclins à discuter.»
Et si la discussion n’est pas entamée, les habitants sont prêts à employer d’autres moyens. «Si nous ne trouvons pas d’accord, cette affaire ira devant le tribunal de l’expropriation», prévient Marie-Claire, 64 ans, qui est même prête à faire «la grève de la faim» pour garder son bien.
«Solution à l’amiable»
De son côté, Ports de Paris affirme avoir conscience de la situation des habitants de l’île du Bac. «Nous savons que notre projet nécessite le déplacement d’habitants, de gens qui sont attachés à leur mode de vie ici, admet Marc Reimbold, directeur du projet PSMO. C’est pourquoi nous tentons de trouver une solution à l’amiable avec eux. Il n’y a pas d’extrême urgence, le début des travaux n’est pas pour tout de suite. Nous avons rencontré presque tous les habitants et les deux entreprises de l’île. Certains font déjà des recherches actives pour trouver un logement et ont accepté l’idée : de toute façon, nous ne pouvons trouver une solution à l’amiable qu’avec des gens qui veulent une solution à l’amiable.»