Le temps passe, mais leur combat demeure intact. Dimanche 2 octobre, le Collectif pour la protection des riverains de l’autoroute A104 (Copra 184) fêtait ses 25 ans d’existence, à la salle des fêtes de Conflans. Un après-midi qui a permis au collectif de rappeler à la centaine de personnes présentes, les différentes actions menées par le collectif depuis un quart de siècle, contre le projet de prolongement de l’A104.
22 km de rab
Le tracé vert, ce projet est dans les petits papiers de l’État depuis plus de cinquante ans. Si ce prolongement de l’A104, long de 22 km, devait voir le jour, dix communes seraient touchées par le projet : Méry-sur-Oise, Pierrelaye, Herblay, Éragny-surOise, Saint-Ouen-l’Aumône, et dans les Yvelines, Conflans, Achères, Carrières-sous-Poissy, Poissy et Orgeval. « Le prolongement de l’autoroute ne serait qu’un aspirateur à voitures. Des poumons verts seraient détruits par ce tracé. C’est tout simplement impensable », s’insurge Victor Blot, avant de préciser « que plus de 300 000 personnes seraient concernées », pour un coût total du projet estimé à 3,2 milliards d’euros.
Un projet « toujours d’actualité »
Durant toutes ces années, les dirigeants du Copra 184 se sont investis corps et âme pour que ce tracé vert ne voit jamais le jour. « Même si nous avons remporté de nombreuses batailles, nous n’avons pas encore gagné la guerre, prévient la présidente du Copra 184, Christiane Paravy. Car, selon elle, si le projet n’est, pour l’instant, pas mené à bien « faute d’argent, il reste toujours d’actualité. Nous ne lâcherons pas le morceau ! » C’est pour cette raison que Christiane Paravy appelle à « la vigilance ». De fait, plusieurs objectifs restent « plus que jamais » prioritaires : refaire un point sur le tracé vert pour les habitants concernés, mais aussi pour « les nouveaux venus, qui découvrent avec stupeur ce projet abracadabrandesque! » ; cibler l’impact du bruit et la pollution atmosphérique sur les personnes ; valoriser « notre patrimoine remarquable. Quand vous regardez tous ces paysages qui nous entourent, on ne peut pas le nier : ce projet est incompatible avec l’existence de ces richesses ! » Et si la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, a répondu aux nombreuses lettres du Copra 184, cette dernière les « enjoint à contacter Alain Vidalis (secrétaire d’État chargé aux Transports). Nous attendons de voir si un rendez-vous est possible avec lui », détaille Christiane Paravy. Toujours selon le collectif, la nouvelle présidente (Lr) de la Région Île-de-France Valérie Pécresse, s’est dite favorable au projet. Une situation préoccupante pour les membres du collectif, même si, de son côté, le « vice-président de la Région, Stéphane Beaudet est également favorable au projet, mais pas avec ce trajet ».
25 ans d’actions
Octobre 1989 : le Premier ministre et maire (Ps) de Conflans-Sainte-Honorine, Michel Rocard, décide de réviser le Schéma directeur de la région parisienne et inscrit en priorité, dans l’ouest parisien, le bouclage de l’A86 et le bouclage de la Francilienne. À la suite de cette décision, naît le projet des hauts fonctionnaires de la « réalisation d’une jonction par voie rapide à 2 fois une voie, entre l’A15 et l’A13 afin de desservir les deux villes nouvelles de Cergy-Pontoise et de Saint-Quentin-en-Yvelines ». Une idée vieille de plus de 30 ans…
1991 : après l’annonce publique du projet d’autoroute A184 reliant Cergy à Orgeval, plusieurs associations de dé- fense de l’environnement s’associent, et donnent ainsi naissance au Collectif pour la Protection des Riverains de l’Autoroute 184 (Copra 184).
Entre 1992 et 1998 : durant cette période, trois Premiers ministres se dressent contre le tracé de l’autoroute, face au fort rejet des populations et des élus locaux : Pierre Bérégovoy en 1993, Édouard Balladur en 1995 et Lionel Jospin en 1997.
1999 : le nouveau président (Ps) de la région Île-de-France, Jean-Paul Huchon, n’inscrit pas le projet au contrat de plan 2000-2006 : le blocage du dossier est amorcé.
Mars à juin 2006 : un débat public sans précédent a lieu, avec pas moins de 27 réunions publiques et près de 12 000 participants. Du jamais vu en France. Février 2007 : à l’appel du Copra 184, plus de 10 000 personnes manifestent contre le projet dans les rues de ConflansSainte-Honorine.
Juin 2008 : le Comité des maires contre l’A104 qui vient de se créer, organise une manifestation à pied avec le Copra 184, entre Poissy et Achères.
Juin 2013 : la commmission mobilité 21, installée en octobre 2012, a placé le projet A104 parmi les projets de « seconde priorité », et non de « première priorité ».