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Le club de judo Escales, dans la tourmente financière, voit partir ses champions

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Athlètes de haut niveau et dirigeants du club, mardi 13 septembre dans un restaurant d'Argenteuil. De gauche à droire : Alice Fioreti, Clarisse Agbegnenou, Ahcène Goudjil, Sofiane Milous, Lucie Perrot, Morgane Arthuis, Aurelia Issoumaïla et Nordine Goudjil.
Athlètes de haut niveau et dirigeants du club, réunis mardi 13 septembre dans un restaurant d'Argenteuil. De gauche à droite : Alice Fioreti, Clarisse Agbegnenou, Ahcène Goudjil, Sofiane Milous, Lucie Perrot, Morgane Arthuis, Aurelia Issoumaïla et Nordine Goudjil.

« Dans sa vingtième année d’existence, le Judo club Escales d’Argenteuil connaît son apogée… Et la plus grande crise de son histoire », lançait il y a quelques jours le club de judo, sur son compte Facebook.

Créé en 1997, le Jcea, rappelle-t-on « est le premier club de la ville d’Argenteuil à obtenir une médaille olympique dans l’histoire du sport argenteuillais ».

Clarisse Agbegnenou a été la seule et unique médaillée (en argent) de la délégation départementale présente à Rio.

Mais l’étoile argenteuillaise cache une triste réalité.

Le haut niveau au tapis

Le 4 octobre, le club devra réfléchir, lors de son assemblée générale extraordinaire, aux pistes à envisager pour sa survie. Cela passera déjà par l’arrêt, ou presque, de la pratique du haut niveau.

C’est déjà une réalité puisque sur la quinzaine de judokas de niveau international ou national, la plupart ont quitté le Jcea, comme Alice Fioreti, Clarisse Agbegnenou (qui part à Champigny, dans le Val-de-Marne), Aurelia Issoumaïla, partie à Montreuil (93), ou Sofiane Milous, ex-champion d’Europe (et 5e aux Jo de 2012,) qui va au club du Blanc-Mesnil (93). Il ne reste que trois athlètes de haut niveau au Jcea, “niveau première division”, dit Ahcène Goudjil.

Convention triennale

Car le Jcea est au bord de la cessation de paiement. Il a accumulé ces dernières années un déficit de 119 000 euros. « Contrairement à ce qu’a pu dire la mairie, lancent les fondateurs du Jcea, le président, Nordine Goudjil, et son frère Ahcène, directeur sportif, il n’y a pas d’anomalie dans les comptes ou de mauvaise gestion. Notre déficit est la conséquence du non-respect de la convention triennale signée en 2014. Notre objectif alors était d’amener un athlète à Rio et de maintenir le travail de formation des jeunes. Pour cela, on avait droit à 187 500 euros chaque année. »

Si en 2014 une subvention exceptionnelle d’équilibre a été versée portant l’aide au club à 352 500 euros, la subvention n’était plus que de 149 700 euros en 2015 et 140 000 euros en 2016. La mairie invoque ses propres problèmes financiers à régler (lire ci-dessous).

« À ce manque, ajoute Nordine Goudjil, s’est ajouté l’arrêt du versement d’une somme de 23 000 euros que nous avions chaque année au titre de la politique de la ville. Enfin, il y a les salaires des athlètes de haut niveau qui étaient versés par la ville, et que la municipalité n’a pas souhaité poursuivre, et qui devaient être compensés par une subvention (Ndlr, ce que le maire, Georges Mothron, conteste, lire ci-dessous). Cela représentait 65 000 euros par an. Nous n’avons pas reçu de subvention. Le club a compensé, mais pas en totalité. ».

Sofiane Milous, 5e aux Jo de 2012, ex-champion d’Europe, est amer

Cette situation attriste le club. « La ville ne semble pas avoir pris conscience de ce que le club représente », affirme Jean-Yves Mariller, adhérent.

« Clarisse, médaillée d’argent aux Jo, ne fait même pas la une du magazine municipal d’Argenteuil ! Elle est reléguée dans un petit encart, en bas de page 2 », déplore Ahcène Goudjil. « Ce club représente la diversité multiculturelle argenteuillaise et sa réussite, ce vivre ensemble, c’est notre fierté ! », lance Ahcène Goudjil. Sofiane Milous avoue son aigreur. « J’étais en course pour les Jo de Rio, mais cette situation m’a énormément affecté. Je n’étais plus, comme d’autres, dans l’optique de la performance. L’aspect psychologique joue. Ces problèmes ont impacté notre entraînement ou nos stages. »

Un nouveau club ?

Du côté de la mairie, on explique qu’« aucune porte n’est fermée » et on « souhaite que le club puisse perdurer ».

« La ville est prête à accompagner un nouveau projet de club avec une possibilité de partenariat public-privé, entraînant donc la liquidation du club, pour ce nouveau départ. Mais cette création ne pourra se faire que sur des bases saines et donc nécessairement avec l’accompagnement par la ville dans la gestion financière. »

Un engagement auquel le club ne semble plus croire. « On nous avait déjà fait la promesse, en 2015, pour compenser la baisse de subvention, de nous accompagner en travaillant sur un partenariat avec le privé. Mais on n’a rien vu se conclure… », dit-on au club. Un club qui espère rebondir, grâce à un plan de redressement et d’apurement des dettes, sur plusieurs années, notamment avec l’Urssaf.

Le club comptait 408 adhérents l’an dernier.

Le maire d’Argenteuil invoque les difficultés financières de la commune

La version de la municipalité diffère de celle des dirigeants. Dans plusieurs courriers adressés au président du Jcea, le maire, Georges Mothron (Lr), évoque une « gestion administrative approximative » de l’association et parle d’une « situation irrégulière quant à l’utilisation des deniers publics qui vous sont attribués. En aucun cas, la Ville d’Argenteuil ne pourra être tenue pour responsable de votre mauvaise gestion et des difficultés personnelles dont sont victimes certains de vos salariés ».

« Nous avons eu jusqu’à huit salariés. On n’en a plus qu’un », explique Ahcène Goudjil. La Ville reconnaît n’avoir pas respecté les termes de la convention triennale, mais Georges Mothron justifie cela par la situation financière.

« La Ville ne s’est nullement désengagée de son soutien au club, bien qu’elle n’ait pas versé la somme prévue dans la convention triennale. En effet, le contexte financier et les engagements pris auprès des services de l’État pour retrouver un équilibre budgétaire ont obligé à diminuer l’ensemble des subventions versées aux associations ».

Par ailleurs, le maire affirme que la ville « ne s’est jamais engagée à verser une subvention régulière ayant pour objet la prise en charge du salaire d’athlètes de haut niveau ».


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