Entre Argenteuil et Bezons, c’est la guerre… cinématographique. Deux projets à 4 km de distance. L’un d’eux pourrait passer à la trappe. Du côté d’Argenteuil, on ne veut plus se contenter du centre culturel, le Figuier Blanc, avec ses cinq écrans, et de la salle Jean-Gabin, dans le parc de la mairie.
Avec six salles seulement pour une ville de 106 000 habitants, il y a, selon le maire, Georges Mothron (Lr), un besoin criant. En 2000, déjà, l’ex-maire, Roger Ouvrard (Pcf), annonçait triomphalement l’arrivée imminente d’un multiplexe Pathé, à la place du stade Henri-Barbusse. Mais l’élu a perdu les élections en 2001 et ce projet n’a jamais abouti.
Un pôle de loisirs
De l’autre côté du pont cette fois, en lieu et place de la salle des fêtes Jean-Vilar, la municipalité veut implanter un « pôle de loisirs » : multiplexe, commerces, restaurants. « Voilà maintenant quelques années, pour ne pas dire décennies, que la Ville étudie cette possibilité, confiait Georges Mothron, il y a peu. Hélas, malgré l’évidence de la nécessité pour la première ville du département de disposer d’un tel équipement, rien n’a jamais vu le jour. » Pour permettre ce projet, le conseil municipal a voté le déclassement de cette partie de l’îlot Héloïse.
Selon Georges Mothron, il n’est « pas normal que notre jeunesse aille dans des cinémas hors d’Argenteuil. » Quant à la salle Jean-Vilar, jugée « obsolète », ses jours seraient comptés si le projet aboutit en 2019 comme c’est prévu. Georges Mothron assure, alors que certains s’inquiètent, que si elle doit être détruite, la capacité d’accueil pour les associations sera maintenue.
Autre projet, à Bezons, ville voisine, celui porté par la société C2L (Cinéma, culture, loisirs) avec l’appui de la mairie. Un cinéma de huit salles et 1 190 fauteuils. Basé dans les Yvelines, C2L, groupe indépendant, gère douze cinémas à Poissy, Saint-Germain, Sartrouville, Rambouillet, Provins, Tourcoing, Roubaix, Armantières, Mulhouse. « Des cinémas de centre-ville, explique Marie-Laure Couderc, dirigeante de cette entreprise créée par ses aïeux au début du XXe siècle. Nous préférons développer des cinémas au coeur de la cité, alors que les multiplexes sont des boîtes avec 10 à 20 salles, en périphérie ».
Ce qui l’a intéressé, c’est l’idée d’implanter un cinéma dans le nouveau coeur de ville bezonnais, prévu pour démarrer en 2018 et s’achever fin 2020 : 700 logements, un hypermarché de 3 500 m2, six moyennes surfaces, 42 boutiques et kiosques, un bowling…
Si le projet de Zac a reçu un feu vert quasi unanime (9 voix pour, une abstention) de la commission départementale d’aménagement commercial (Cdac) du Val-d’Oise, le 23 juin, celle-ci a refusé le projet de cinéma. « La position d’Argenteuil a fait basculter le vote », souligne Marie-Laure Couderc. Georges Mothron a voté contre, il y a eu cinq voix pour et quatre abstentions.
Un fauteuil pour deux…
« On savait qu’Argenteuil voterait contre, dit Marie-Laure Couderc. Il y a de la place pour deux projets moyens, mais pas pour un gros et un moyen. Pourtant, nous avons un bon projet. La Cdac nous a juste demandé d’avoir un partenariat plus fort avec le Tpe (Théâtre Paul-Éluard). Nous nous sommes engagés car il y a un vrai besoin de fauteuils dans le secteur ».
La société devrait donc, logiquement, faire prochainement appel de la décision de la Cdac devant la commission nationale d’aménagement commercial (Cnac).